Dominique
Jamet
« Un
président ne devrait jamais dire ça… » La publication, cette semaine,
du livre de Gérard Davet et Fabrice Lhomme, fruit de dizaines de
rencontres, d’entretiens et de dîners entre
les deux auteurs et le chef de l’Etat actuellement en fonction,
complète le portrait de l’homme néfaste dont le quinquennat s’achève
heureusement - je précise : heureusement pour nous.
De
François Hollande, nous ne connaissions que trop l’incapacité,
amplement démontrée par la succession de ses échecs dans la lutte contre
le chômage, les déficits, la dette, le terrorisme
et par l’affaiblissement de notre pays à l’intérieur comme à
l’international. Pour nous borner à l’actualité la plus récente, cette
incapacité a été illustrée une fois de plus par la solution baroque et
loufoque trouvée aux difficultés d’Alstom, ou par la
réplique de Poutine aux aboiements de roquet venus de l’Elysée. Le gros
livre de Lhomme et Davet, dont le contenu est directement puisé à la
meilleure source, en éclairant d’un jour cru la médiocrité, le cynisme,
la duplicité du personnage, dessillera les
yeux jusqu’ici les plus obstinément fermés.
Quelle
idée aussi, et quelle imprudence, d’aller se confier à deux
journalistes, dont le métier, après tout, est de recueillir et de
diffuser l’information ! Qu’un homme dont l’absence
de principes et de repères, de convictions et de projet, fait, si haut
placé qu’il soit, un ludion ballotté à la surface des événements, confie
ses hésitations, ses doutes, ses fluctuations à son journal intime,
que, s’il souffre, comme c’est visiblement
le cas, d’incontinence verbale, il prenne pour confident un prêtre ou
un psychanalyste, également tenus au secret, confessionnel ou
professionnel, passe encore… Mais des journalistes, qu’il laisse libres
d’utiliser le matériau qu’il leur a fourni , cela passe
l’entendement.
Et
c’est ainsi que nous découvrons, fixé par le flash de ses intervieweurs
comme un lapin immobilisé dans le faisceau des phares d’une automobile,
un tortueux Machiavel de sous-préfecture
qui s’emmêle dans les toiles qu’il ourdit, un manipulateur pris la main
dans le sac d’embrouilles, en flagrant délit de manœuvres, de
mensonges, de mépris, mépris des hommes, mépris de la vérité.
Fessenheim, qui ne fermera pas avant de longue années,
Notre-Dame-des-Landes
« qui ne se fera jamais », le Parti socialiste, qui est mort, Jean-Marc
Ayrault, fidèle entre les fidèles, qu’il nomme Premier ministre puis
aux Affaires qui lui sont étrangères tout en l’accablant de son dédain,
la proposition de déchéance nationale à laquelle
il ne croit pas plus que ça, sur chaque sujet, sur chaque personne, il y
a le discours public, pour les gogos, et le discours privé, pour les
intimes. Dernier exemple en date, encore tout frais et tout brûlant : la
double faute, professionnelle et morale,
commise contre la magistrature, qu’il croit compenser à l’oral de
rattrapage en disant à Nice tout le bien qu’il n’en pense pas après
avoir dit à l’abri des regards tout le mal qu’il en pensait… Mais que
vaut désormais la parole du président ? Il l’a dévaluée
comme il a abaissé sa fonction, comme il s’avilit lui-même dans le
livre de Lhomme et Davet. Lui, normal ? Certainement pas. La normalité,
Dieu merci, c’est autre chose. Il y a des hommes de fer, il y a des
hommes de marbre, comme dans le film d’Andrejz Wajda,
celui-ci est un homme de papier, de papier-bavard.
Un président ne devrait jamais dire ça tombe comme un pavé opportun dans la mare juste au moment où l’interview-fleuve accordée par le chef de l’Etat à l’Observateur
devait sonner en fanfare le début de sa campagne. « Je suis prêt », y
claironnait François Hollande. Prêt à remettre ça, à rempiler pour cinq
ans. Il risque fort, désormais, d’être le seul à y croire.
Ce
n’est pas seulement parce qu’il n’a aucune chance d’être réélu, pas
seulement parce qu’il n’a aucune chance d’accéder au second tour, pas
seulement parce qu’il n’a plus aucune chance
de franchir l’écueil d’une primaire de la gauche, pas seulement parce
qu’il est politiquement disqualifié, que François Hollande ne sera pas
le candidat du Parti socialiste, mais plus simplement parce qu’il est
moralement indigne, déchu de toute légitimité.
Manuel Valls, Ségolène Royal et quelques autres piaffent d’impatience
dans les starting blocks. Pour la gauche, pour son propre camp, François
Hollande est devenu ce que les services de la voirie appellent un
encombrant. A dégager.
Dominique
Jamet, vice-président de Debout la France depuis 2012 mais également
journaliste depuis... toujours tient chaque semaine sur le site de
Debout la France une chronique où il commente
très librement l'actualité politique.