mardi 30 juillet 2013

Mali : appel au djihad contre « l’invasion de croisés »

Le MUJAO exhorte les musulmans à rejoindre le djihad contre « l’invasion de croisés » français au Mali et appelle les musulmans à s'écarter de cibles éventuelles


Le site jihadiste Shumoukh Al-Islam a publié un communiqué d´Abu Al-Walid Al-Sahrawi, leader du mouvement Mouvement pour l´unicité et le djihad en Afrique de l´Ouest (MUJAO), [1] le 27 juillet 2013, dans lequel il accuse la France d´envahir Mali pour neutraliser la loi de la charia et exhorte les musulmans à sacrifier leur vie au nom de leur foi.
 

Al-Sahrawi appelle les musulmans collaborant avec les Français à rompre les liens immédiatement et avertit que les moudjahidine réservent un traitement impitoyable à ceux qui persistent. Il ajoute que ces derniers ne devront pas compter sur les Français, les Algériens ou sur le Front de libération de l´Azawad s’ils tombent entre les mains du MUJAO, car l´expérience a montré qu’aucun d’eux n’avait tenté de libérer les prisonniers détenus par son organisation.

Ci-dessous les principaux points du communiqué d´Al-
Sahrawi :

Il affirme que l´intervention française au nord du Mali vise à neutraliser la charia et que du point de vue français, tout doit être mis en œuvre contre la charia.

Il appelle les musulmans du Mali « à sacrifier leur vie et tout ce qu´ils ont de plus cher au nom de leur foi ». Il se réjouit d’annoncer à la nation islamique la bonne nouvelle qui veut que les moudjahidine au Mali soient en bonne forme et que « l´arrogance de l´invasion des croisés » ne fait que renforcer leur engagement et leur sacrifice envers leur religion.

Il appelle les musulmans ayant soutenu l´invasion à se repentir rapidement auprès d’Allah, « avant qu´il ne soit trop tard ». Il prévient que tous ceux qui ne mettront pas fin à l´assistance aux envahisseurs par la force du commandement de la charia, finiront par le faire « par la force de épées des moudjahidine » qui « ne ménageront aucun effort pour les déraciner ».

Il conseille à ceux qui collaborent avec les Français d’apprendre la leçon de l´attitude de leurs chefs envers ceux qui ont été faits otages par les moudjahidine, affirmant que les Français ont menti en prétendant œuvrer à la libération des prisonniers. En réalité, « ils ont renoncé à eux [aux otages] et ont même essayé de les tuer pour se débarrasser d´eux, alors qu´ils savaient que la voie la plus rapide pour les libérer était de répondre aux exigences des moudjahidine. »

Il en est de même, selon lui, des autorités algériennes, qui ont fait beaucoup de bruit avec leurs discours sur les progrès réalisés au cours de négociations [pour libérer leurs prisonniers], alors qu´elles ne feraient aucun véritable effort en ce sens. Evoquant les prisonniers du Mouvement national pour la libération de l´Azawad, Al-Sahrawi déclare que le Mouvement n’a que faire de ses prisonniers et ne cherche pas à les libérer.

En conclusion, Al-
Sahrawi recommande aux musulmans d’Afrique de se tenir à l´écart des installations militaires policières et des sites cruciaux et sensibles dans tous les pays africains, parce qu´ils constituent une cible pour les attaques des moudjahidine. De même, il suggère aux musulmans du Mali de s’éloigner « de ce qu´on appelle les élections », et des centres gouvernementaux maliens, qui représentent également une cible pour les moudjahidine. Al-Sahrawi met en garde : « Nous n’aurons aucune pitié envers ceux qui complotent avec les hérétiques et les soutiennent, de quelque manière que ce soit ».

[1] Il convient de noter que différents titres sont attribués à Abu Al-Walid Al-Sahrawi au sein de l´organisation : il est parfois appelé "chef du Conseil de la Choura" de l´organisation, ou "émir" ou encore "porte-parole" de l´organisation.

All Armenians Demand Return of Lands from Turkey


US Intelligence Report: All Armenians
Demand Return of Lands from Turkey
By Harut Sassounian
Publisher, The California Courier
The recently announced demand for lands from Turkey by the Prosecutor General of Armenia attracted much attention from Armenians worldwide and harsh criticism from the Turkish government. While this was the first time that an Armenian official had raised this issue since the country’s independence in 1991, the demand itself is not new. Armenians have been seeking the return of their historic territories from Turkey for decades.
A confidential 1943 document, declassified by the Central Intelligence Agency, reveals that the US government was well aware of the Armenian demands for recognition of the “atrocities” and return of Turkish occupied “provinces.”
The document dated December 13, 1943, authored by the Office of Strategic Services (OSS), the predecessor of the CIA, stated: “All the Armenian press in the United States is active in keeping the Turkish Armenian massacres fresh in the minds of its readers. Fearful that the Axis atrocities of the present war [World War II] will eclipse the atrocities of the last when the final reckoning comes, they are anxious to keep alive the Armenian case against Turkey. Armenians have present as well as past grievances against Turkey, whose capital levy tax ‘Varlik’ falls harder on Armenians than on any other minority group in Turkey. Even more unforgivable in the eyes of Armenians is the fact that Turkey holds provinces which, they are firmly convinced, belong rightfully to Armenia. Restitution of these provinces to Armenia is the goal of all Armenians.” Elsewhere in the document, OSS accurately reported that “Armenians, almost without exception, entertain feelings of deepest suspicion, hostility, and fear” toward Turkey.
A second declassified confidential document dated July 31, 1944, carries a surprising title: “Tashnags Turn to Soviet Russia.” The OSS indicated that “the once uncompromisingly anti-Soviet Armenian Revolutionary Federation (Tashnags) officially changed its spots, and the swing toward support of the Soviet Union, which has been growing gradually more perceptible during the last few months, has culminated in the adoption of a pro-Soviet policy at the Federation’s annual convention held in Boston the first week of July." This OSS report was prepared as the Soviet Union had announced its intention to claim the Eastern provinces of Turkey (Kars, Ardahan, and Surmalou) in a post-World War II settlement. The Soviet claim was backed by the Armenian Church, the Soviet Armenian government and the Diaspora, including the anti-Soviet Armenian Revolutionary Federation (ARF).
The OSS astutely reported: “The Tashnags have never actually renounced their dream of a free and independent Armenia, including the Turkish irredenta, which has kept them at loggerheads with the USSR, ever since Armenia was established as a Soviet [illegible] in 1920. … With the vision of independence fading, the now Soviet-friendly Tashnags are turning their attention to the acquisition of the Turkish provinces of Armenia by the Soviet Armenian Republic.”
In explaining ARF’s post-war expectations, OSS stated: “If, as the Tashnags believe and hope, Turkey remains neutral [in World War II], she will be in a highly vulnerable position, and one item of payment for her neutrality, according to Mr. [James] Mandalian [editor of the Boston-based ARF newspaper Hairenik], would be the cession of Turkish Armenia to Soviet Armenia.”
The 1943 OSS document also contained a lengthy report on the Armenian-American press, focusing its attention on six of the 17 Armenian newspapers in the United States: “Hairenik and Asbarez (Tashnag)” classified as “rightist-nationalist;” “Baikar, Nor Or (Ramgavar)” and “Eritassard Hayastan (Hunchag)” classified as “liberal;” and Lraper (Armenian Progressive League of America)” classified as “leftist-Communist.” The last two newspapers are no longer in publication.
According to OSS, Hairenik and Asbarez are “strongly nationalist, anti-Soviet, and anti-Communist,” while Baikar is “resolutely opposed to the Tashnags and their principles. The Ramgavars have accepted the incorporation of Armenia into the Soviet Union as the most satisfactory way out of Armenian problems, and many articles are printed in Baikar extolling the Soviet regime in Armenia, particularly in its relations to the Armenian Apostolic Church.”
 OSS estimated that the 95,000 Armenians in the United States in 1943, mostly settled in Massachusetts, New York, and California, “retain a keen interest in the affairs of their homeland [Soviet Armenia], though few, if any, would go back there.”

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vendredi 26 juillet 2013

La CIA commence à fermer des bases en Afghanistan

La CIA commence à fermer des bases en Afghanistan



24-07-2013 17:09:02
Pays : USA
AEAE

FRS2352 0385 /AFP-YM53

WASHINGTON, 24 juil 2013 (AFP) - La CIA, chargée notamment des frappes de drones au Pakistan, a commencé à fermer certaines implantations en Afghanistan dans le cadre du retrait graduel des forces américaines d'ici la fin 2014, rapporte le Washington Post mercredi.

Parallèlement à la fermeture de nombreuses bases de l'armée américaine, la CIA compte faire passer le nombre de ses bases secrètes de douze à six en Afghanistan, selon le Post, citant des responsables américains s'exprimant sous le couvert de l'anonymat.

"La présence prévue concerne six bases et quelques implantations satellites", selon un ancien officier de la CIA cité par le quotidien. La majorité des agents postés dans ces bases vouées à la fermeture seront basculés sur les bases de Kaboul, de Bagram, de Kandahar (sud), de Mazar-e Sharif (nord), de Jalalabad (est) et d'Herat (ouest).

C'est de Jalalabad que la CIA opère ses drones au-dessus des zones tribales pakistanaises contre les éléments d'al-Qaïda. Le nombre de frappes s'est considérablement réduit, avec 16 frappes cette année contre 122 frappes en 2010, selon un décompte de la New America Foundation.

Les forces américaines en Afghanistan doivent passer de 66.000 à 32.000 d'ici février et mettre fin à leur mission de combat dans le pays à la fin 2014. Les Etats-Unis comptent maintenir environ 10.000 hommes pour des missions de formation de l'armée afghane et pour conduire des opérations antiterroristes mais les négociations avec le gouvernement d'Hamid Karzaï sont bloquées depuis plus d'un mois, faisant craindre à certains responsables américains la perspective d'un retrait total fin 2014.

La réduction de voilure de la CIA s'inscrit dans ce cadre, mais aussi parce que son activité en Afghanistan est maintenant perçue "comme disproportionnée avec la menace posée par la direction diminuée d'al-Qaïda qui se trouve au Pakistan", affirme le Washington Post.

Elle répond également à la volonté de son directeur John Brennan de recentrer l'agence sur ses missions traditionnelles de recueil du renseignement après une décennie de guerre contre le terrorisme, en Irak et en Afghanistan au cours de laquelle sa dimension paramilitaire a occulté le reste.

Les responsables américains cités par le Post n'ont pas précisé si les fermetures de bases de la CIA incluaient ou non celle de Khost (est) où sept de ses agents, chargés de la traque d'Oussama ben Laden, ont été tués en 2007 dans un attentat suicide.

mra-ddl/gde

AFP 241709 JUL 13

mercredi 24 juillet 2013

Lettre ouverte du général Michel AOUN à l’UE

Lettre ouverte du général Michel AOUN à l’Union européenne

24-07-2013
tayyar.org

Je m’adresse à vous au nom de cette culture européenne dont je me sens si proche et dont je partage les valeurs et les principes.


J’ai été choqué par la décision de l’Union européenne d’inscrire l’aile militaire du Hezbollah sur la liste des organisations terroristes. En effet cette décision est en contradiction notoire avec la Charte des Nations-Unies qui reconnaît le droit naturel de légitime défense, individuelle ou collective, dans le cas où un Membre des Nations Unies est l'objet d'une agression armée.

Cette aile militaire aujourd’hui accusée de terrorisme, est celle-là même qui força Israël à se retirer du Liban sans conditions en mai 2000. C’est elle qui assura la mise à exécution de la résolution 425 adoptée le 19 mars 1978 par le Conseil de sécurité 22 ans après l’occupation par Israël du sud-Liban.


La résolution 425 stipule en effet que le Conseil de sécurité de l’ONU exige d’Israël de cesser immédiatement son action militaire contre l'intégrité territoriale du Liban et de retirer sans délai ses forces de tout le territoire libanais ; elle est restée sans effet durant 22 longues années ; car c’est ainsi qu’Israël interpréta alors le terme « sans délai ». Le Liban ne dut la libération de ses territoires qu’à la volonté sans faille de sa Résistance, dont est également témoin l’issue de la guerre que mena Israël contre le Liban durant l’été 2006.


Car le Liban continue à faire face à trois agressions israéliennes avérées :

1) L’occupation des fermes de Chebaa et des collines de Kfarchouba et du village El-Ghajar
2) Le problème des réfugiés Palestiniens au Liban
3) Les violations répétées de son intégrité territoriale, aérienne, et maritime


A ceci, il faudra ajouter les visées israéliennes injustifiées sur les eaux territoriales libanaises et son refus obstiné de respecter les frontières maritimes tracées selon les conventions internationales en vigueur.


On aurait souhaité que plutôt d’accuser de terrorisme la Résistance libanaise, les États-membres de l’Union européenne soutiennent le droit du Liban à préserver son intégrité territoriale, ainsi que le droit du peuple Palestinien à retourner sur ses terres. Certains des motifs invoqués dans le passé pour étayer cette accusation avaient été rejetés tant par l’Argentine pour les attentats de Buenos Aires que par la Bulgarie dont le ministre des Affaires étrangères avait déclaré il y a quelques jours, que rien ne justifiait une décision européenne à l’encontre du Hezbollah qui serait basée sur son implication non prouvée dans l’attentat de Burgas.


Quand l’Europe réunie renie le droit d’une nation à se défendre, un droit consacré par la Charte des Nations Unies. Et quand elle tourne le dos à ces nations qui luttent pour préserver leur liberté et leur souveraineté, cette Europe renie alors ses propres valeurs et ses principes ; elle tourne le dos aux leçons de son Histoire ; car chacun des peuples qui la constituent a versé un jour son sang pour résister au joug de l’occupation. 


J’exhorte ainsi l’Union européenne à rester fidèle à ses principes, à ses idéaux, et à son Histoire qui vit tant de sacrifices consentis sur l’autel sacré de la Liberté. Il faudra surtout qu’elle prenne conscience de la gravité de ses responsabilités et qu’elle les assume pleinement concernant son rôle dans la guerre qui ensanglante la Syrie et sur ses graves répercussions sur la situation au Liban; une guerre que certains de ses États membres continuent d’alimenter ouvertement en hommes et en matériel.

Pression sur les médias / Pressure on the Media

Turquie : Pression sur les médias / Pressure on the Media
 
24 July Anti-Censorship Day: 64 journalists under arrest in Turkey

http://www.info-turk.be/419.htm#64

There are 64 journalists under arrest and another 123 are facing trial on charges of terrorism, the Republican People’s Party (CHP) has announced, with the party’s leader underlining that Turkey ranks 154th out of 179 countries in media freedom.
CHP leader Kemal Kılıçdaroğlu released the outcome of the party’s research into all journalists that have been facing prosecution, presenting the “Report on Imprisoned Journalists” today at a press conference at the party’s headquarters.


Kılıçdaroğlu also referred to the Turkey Journalists’ Labor Union’s (TGS) July 22 assessment that 59 journalists had been removed from post for their news reports on the Gezi Park unrest.


“We are experiencing a process in which the government and the police audits together, [in which] the media bosses are under the rule of political authority and publish the news that the political authority accepts,” he said, adding that those in power, as well as media bosses, were also instituting censorship or driving journalists to engage in self-censorship. “We have gone 105 years back in time.”


Even during the aftermath of the Sept. 12, 1980, coup, only 31 journalists were arrested, Kılıçdaroğlu said, calling the government’s current attitude on the matter a “police state mentality.”


“Mr. Prime Minister [Recep Tayyip Erdoğan] has turned the country into a half-open penitentiary and made it impossible to live for journalists,” Kılıçdaroğlu said, while noting the approach of Journalism Day, which is marked on July 24 in Turkey.


“Journalism is a public duty. Only in a country in which a journalist can work freely can we talk about democracy,” he said. “I call out to media bosses: Leave the kitchen of the newspaper alone, when you apply censorship on them, when you lay them off from work, someday we will bring you to account,” Kılıçdaroğlu said.


The CHP took up the matter following a joint press conference between Erdoğan and visiting German Chancellor Angela Merkel in February in which the former responded to a German correspondent’s question about arrested journalists by saying: “The number of arrested journalists is not more than the number of fingers on one’s hand. Those journalists were not arrested for their journalism.”


CHP deputies Veli Ağbaba, Özgür Özel and Nurettin Demir, who conducted the survey, also attended today’s press conference. (hurriyetdailynews.com, July 23, 2013)

“At Least 27 Authors, Poets, Translators, Publishers in Prison”

Turkish Publishers Association released its report “Freedom to Publish Turkey” including right violations between June 2012 and 2013. “At least 27 authors, poets, translators, publishers are imprisoned in Turkey,” the report cited. 

The report included the following chapters: “Lawsuits and Investigations against Books, Books Pulled Off the Shelf”, “Other Court Cases Against Writers”, “Lawsuits Against Comics”, “Censorship, Bans and Investigations Regarding Publications”, “Books as Crime Evidence”,  “Pressures on Press”, “Pressures on Internet Publishing”,  “Amendments to Law”,  “European Court of Human Rights Rulings" and “Reports of International Organizations”. 

The report listed some of the limitations on freedom to publish in Turkey as follows:

* 3 cartoonists faced prosecutions

* 15 books were banned by prosecutors

* At least 2 translators 11 publishers and 17 authors were ordered to stand trial

* Court verdicts on 17 books were postponed due to Turkey’s 3rd Judicial Package reforms.

* 1 defendant was acquitted concerning book trial.

* 1 prosecutor abandoned charges on a book trial.

* 2 publishers received penalties

* 5 institutions or publications were censured. Education Ministry issued censorship on 7 poems. Investigations were launched on educators who were using the following publications as textbooks: Of Mice and Men (John Steinbeck) , My Sweet Orange Tree (Jose Mauro de Vasconcelos), Zıkkımın Kökü (Muzaffer İzgü), Ömer'in Çocukluğu and Çılgın Babam (Muallim Naci), Çatalhöyük Öyküleri-1 and Dünyamızın İlk Şafağı (Bilgin Adalı), Semerkand (Amin Maalof) and Communist Manifesto (Karl Marx). 

According to the report, books have been used as crime evidence in various prosecutions in Turkey.  It also included the cases of journalists who faced prosecution due to their journalism activities, concluding that several journalists were left unemployed during the process. 

The report also referred to Google’s Transparency Report which cited that Turkey made 87 applications to block 8,751 content material on the web. Turkish officials and police authorities , on the other hand, submitted 70 applications for the removal of 1,287 content material on the web. 

The report also reminded that some sentence were made available for probation within Turkey’s 3rd Judicial Package reforms, suspending all ban and seize orders on published materials dating until 5 January 2013. However, the report continued, some of publication bans on certain books returned in the meanwhile. (BIA, July 23, 2013)

mardi 23 juillet 2013

Bientôt, plus d’obstacle au nouveau Sykes-Picot



« SOUS NOS YEUX »

Bientôt, plus d’obstacle au nouveau Sykes-Picot

par Thierry Meyssan




Vous avez sûrement observé le changement de ton de la presse atlantiste sur la question syrienne. Les « rebelles », ces « héros de la Liberté », se sont soudain mués en terroristes fanatiques qui s’entre-déchirent. Pour Thierry Meyssan, il n’y a rien de nouveau sous le soleil : Washington a simplement abandonné l’idée de renverser Bachar el-Assad et se dirige vers la tenue de la conférence de Genève II. Prochaine étape : la perte d’influence française dans la région.


RÉSEAU VOLTAIRE | 22 JUILLET 2013 
http://www.voltairenet.org/article179494.html#nh1 

 
Le secrétaire d’État, John Kerry, abandonne ses alliés. Il n’y aura pas de livraison d’armes décisives aux « rebelles » en Syrie. Bachar el-Assad ne sera pas renversé. Les promesses des États-Unis n’engageaient que ceux qui y ont cru. @ Département d’État 

Le 13 juin dernier, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale des États-Unis annonçait que la ligne rouge avait été franchie : ainsi que le montraient les preuves accumulées par les Français et les Britanniques, la Syrie de Bachar el-Assad avait utilisé des armes chimiques contre son propre peuple. On allait voir ce que l’on allait voir… Sans attendre, le nouveau commandement joint des Forces terrestres de l’Otan était activé à Izmir (Turquie). La guerre était imminente.


Un mois plus tard, la détermination occidentale a disparue. La presse atlantiste découvre avec effroi que l’opposition armée en Syrie est composée de fanatiques haïs par la grande majorité des Syriens, ce que nous ne cessons de dire depuis deux ans. Tandis que, sur place, l’Armée syrienne libre et le Front Al-Nosra, au lieu de combattre contre les troupes de Damas, se livrent l’un à l’autre une guerre sans merci.


Que s’est-il donc passé qui a pu transformer la guerre de « libération » de la Syrie en ce vaste désordre ? En réalité, aucun des enjeux n’a changé en un mois : l’Armée arabe syrienne n’a jamais utilisé d’armes chimiques contre les « rebelles » ; et ceux-ci ne se sont pas « radicalisés ». Par contre, le plan US que j’exposais, le premier, en novembre dernier, se met lentement en place. L’étape du jour, c’est le lâchage de l’opposition armée.


Tout ceci nous confirme l’essoufflement de l’impérialisme anglo-saxon. L’application sur le terrain des décisions prises à Washington s’effectue avec une extrême lenteur. Ce processus met en évidence l’aveuglement des médias occidentaux qui ignorent ces décisions prises jusqu’à ce qu’elles se traduisent en actes. Incapables d’analyser le monde tel qu’il est, ils persistent à relayer et à crédibiliser la « communication politique ».


Ainsi, ce que j’écrivais [1 <http://www.voltairenet.org/article179494.html#nb1
> ], et qui était qualifié de « théorie du complot » par la presse dominante, devient une évidence pour elle, dix mois plus tard. Eric Schmitt écrit pudiquement dans le New York Times que « les plans de l’administration US sont bien plus limités qu’elle ne le déclarait en public et en privé » [2 <http://www.voltairenet.org/article179494.html#nb2
> ]. Tandis que David Ignatius titre crument dans leWashington Post : « Les rebelles syriens ont été plaqués par Washington » [3 <http://www.voltairenet.org/article179494.html#nb3
> ]. Ils attendaient des armes anti-char et ils reçurent des mortiers de 120 millimètres. On leur avait promis des avions, et ils reçurent des kalachnikovs. Des armes arrivent en nombre, mais pas pour renverser Bachar el-Assad, pour qu’ils se tuent entre eux et qu’il n’en reste aucun.


Et pour qu’il n’y ait pas de doute : le directeur de la CIA, John Brennan, et le vice-président, Joe Biden, ont convaincu à huis clos le Congrès qu’il ne fallait pas envoyer d’armes décisives en Syrie. Tandis qu’à Londres, la Chambre des Communes s’est engouffrée dans la brèche. Et qu’à Paris, Alain Marsaud et Jacques Myard —pour d’autres raisons— tentent d’embarquer l’Assemblée nationale dans le même refus occidental de continuer à soutenir les « rebelles ».


Sans aucun état d’âme, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius qui déplorait en décembre l’inscription par les États-Unis du Front Al-Nosra sur leur liste des organisations terroristes « parce qu’ils font du bon boulot sur le terrain » (sic), a lui-même demandé à l’ONU de l’inscrire sur la liste internationale des organisations terroristes. Et Manuel Valls, le ministre français de l’Intérieur, a déclaré sur France2 que les Français qui combattent en Syrie aux côtés de ses anciens alliés islamistes seraient arrêtés et jugés à leur retour en France.


La conférence de Genève II, dont on parle depuis un an, se précise. Les principaux obstacles venaient de la Coalition nationale qui, soutenue par le Qatar, exigeait la capitulation préalable de Bachar el-Assad, et des Franco-Britanniques qui refusaient de voir l’Arabie saoudite et l’Iran à la table des négociations.


L’ayatollah Khamenei a retiré du jeu le président Ahmadinejad et son directeur de cabinet Meshaie, hommes de foi et anti-cléricaux forcenés, pour les remplacer par le cheikh Rouhani, un religieux très pragmatique. Dès son installation comme nouveau président iranien, fin août, ce dernier devrait accepter de participer à la négociation. De leur côté, les Anglo-Saxons ont retiré du jeu le Qatar, ce micro-État gazier qui leur servait à camoufler l’alliance entre l’OTAN et les Frères musulmans. Ils ont confié la gestion des « rebelles » en Syrie à la seule Arabie saoudite, tout en discréditant ces « rebelles » internationaux dans leur presse. Avec ou sans le roi Abdallah, Riyad devrait également accepter la négociation.


Fausse surprise : à la demande pressante du secrétaire d’État John Kerry, l’Autorité palestinienne a accepté de reprendre les négociations avec Israël, même si celui-ci poursuit la colonisation des Territoires.


Sauf revirements inattendus en Égypte ou en Tunisie, il ne devrait donc plus y avoir, d’ici deux à trois mois, d’obstacles majeurs à la tenue de Genève II, le « nouveau Sykes-Picot » élargi ; du nom des accords secrets par lesquels la France et le Royaume-Uni se partagèrent le Proche-Orient durant la Première Guerre mondiale. Au cours de cette conférence, les États-Unis et la Russie se répartiront l’Afrique du Nord et le Levant, au détriment de la France, en divisant la région en zones sous-traitées par les Saoudiens (sunnites) ou les Iraniens (chiites).


Après avoir contraint l’émir du Qatar à abdiquer et avoir abandonné les « rebelles » en Syrie, Washington va donc retirer son influence régionale à sa fidèle alliée, la France, qui aura sali ses mains durant deux ans pour rien. C’est la loi cynique de l’impérialisme.




[1 <http://www.voltairenet.org/article179494.html#nh1] « Obama II : la purge et le pacte <http://www.voltairenet.org/article176644.html> », Réseau Voltaire, 27 novembre 2012. 
« L’ASL continue de briller comme une étoile morte <http://www.voltairenet.org/article176985.html», 
Réseau Voltaire, 26 décembre 2012. 
« Obama et Poutine vont-ils se partager le Proche-Orient ? <http://www.voltairenet.org/article177546.html», Odnako (Fédération de Russie), 26 janvier 2013.

[2 <http://www.voltairenet.org/article179494.html#nh2
> ] “No Quick Impact in U.S. Arms Plan for Syria Rebels <http://www.nytimes.com/2013/07/15/world/middleeast/no-quick-impact-in-us-arms-plan-for-syria-rebels.html
> ”, par Mark Mazzetti, Eric Schmitt et Erin Banco, The New York Times, 14 juillet 2013

[3 <http://www.voltairenet.org/article179494.html#nh3
> ] “Syrian rebels get ‘the jilt’ from Washington <http://www.washingtonpost.com/opinions/david-ignatius-syrian-rebels-get-the-jilt-from-washington/2013/07/17/e6a2d2f2-ee74-11e2-bed3-b9b6fe264871_story.html
> ”, par David Ignatius, The Washington Post, 18 juillet 2013.

Erdogan Succeeds in Antagonizing Both Arabs and Jews

Erdogan Succeeds in Antagonizing Both Arabs and Jews 
By Harut Sassounian 
Publisher, The California Courier 


After brutally quelling massive domestic protests against his increasingly despotic rule, Prime Minister Recep Tayyip Erdogan is now facing another serious problem: His unexpected ‘success’ in uniting Arabs and Jews against him! 
The Turkish Prime Minister had already antagonized Israel and Syria with his hostile actions and statements. In recent days, he also managed to offend millions of Egyptians by rejecting their new government after Pres. Morsy was deposed by the military. Despite Erdogan’s professed objection to the overthrow of Egypt’s ‘democratically elected President,’ it is evident that he is far more concerned about saving his own neck, fearing a similar takeover by the historically coup-prone Turkish military. 
Last week, Aleppo University stripped Erdogan of his honorary doctorate in international relations, awarded to him in 2009, when Syria and Turkey were enjoying a short-lived love feast. Khodr Orfaly, President of the University, accused Erdogan of instigating “plots against the Syrian people" and using "arbitrary" violence against protesters in Turkey. 
After losing an Arab award, the Turkish Prime Minister may next be deprived of the “Profiles in Courage” prize given to him by the American Jewish Congress (AJC) in 2004 for “promoting peace between cultures.” In an article published last month in the Jewish “Commentary” magazine, Michael Rubin urged the AJC to revoke its award, describing Erdogan as “Hamas’s leading cheerleader, a promoter of terrorism, and a force for instability in the region. Rubin further asserted that “Erdogan already had a history of embracing rabid anti-Semitism and harboring conspiracy theories during his tenure as Istanbul’s mayor.” 
Rubin also criticized Pres. Obama for “toasting Erdogan” and the 135 members of the Congressional Turkey Caucus for running “interference for Turkey’s worst excesses,” including “arbitrary arrests, police violence, launching tear gas into hotels and consulates, attacking the free press, launching anti-Semitic diatribes, and ordering the arrest of medical personnel.” Rubin questioned the motives of these House members and wondered whether they “enjoy the wining and dining Turkish authorities arrange on trips to Istanbul or Ankara as a reward for membership” in the Turkey Caucus. He urged the members of Congress to “suspend if not resign their membership.” 
Rubin strongly advised the American Jewish Congress and other Jewish organizations to “base awards on lifetime achievement, not only wishful thinking. The risk of bestowing legitimacy on platforms that run contrary to the AJCongress’ mission is otherwise too great. The AJCongress’ award to Erdogan not only did not stop Erdogan’s anti-Semitism, but rather it for too long provided cover for it. Perhaps the organization can now mitigate the damage it has caused -- and also deflate Erdogan’s buffoonery -- by publicly revoking its award.” 
Regrettably, Rubin is nine years too late in criticizing AJC’s honoring of Erdogan. Back in 2004, within days of the award ceremony, I wrote a column critical of AJC and its President Jack Rosen who had absurdly announced that his organization was honoring Erdogan as leader of “a model Moslem country.” 
Now that the whole world has seen Erdogan’s true colors under the façade of leading “a model Moslem country,” many others need to reconsider the awards they had lavishly heaped on this undeserving leader. 
For example, the Anti-Defamation League (ADL) should revoke its prestigious “Courage to Care Award” presented to Erdogan in 2005. On that ‘happy’ occasion, the Prime Minister pointed out to Abraham Foxman, ADL’s National Director, Turkey’s “close relationship with Israel,” and pledged “zero tolerance” for “anti-Semitic diatribes.” 
Here are some other honors given to Erdogan that should be rescinded: 
State Medals: 
-- Russian state medal from Pres. Vladimir Putin (June 1, 2006) 
-- Crystal Hermes Award from German Chancellor Angela Merkel (April 15, 2007) 
-- Nishan-e-Pakistan, the highest civilian award of Pakistan (Oct. 26, 2009)  -- King Faisal International Prize for "Service to Islam" (Jan. 12, 2010)  
-- Georgia's Order of Golden Fleece (May 17, 2010) 
-- Libyan President Muammar Qaddafi’s International Prize for Human Rights (Nov. 29, 2010)
-- Kuwait’s "Outstanding Personality in the Islamic World Award" (Jan. 11, 2011) 
Honorary Doctorates: 
-- St. John's University, New York (Jan. 26, 2004)
-- European University of Madrid (May 18, 2010)
-- Moscow State University (March 16, 2011) 
-- Shanghai International Studies University (Apr. 11, 2012)
-- University of Algiers (July 5, 2013) 
Honorary Citizenship:
-- South Korea (February 2004)
-- Iran (February 2009)
-- Kosovo (November 2010) 
All those who have honored Erdogan have simply dishonored themselves. The sooner they revoke their accolades, the sooner they will redeem themselves from their disgraceful acts.

dimanche 21 juillet 2013

L'Union européenne, courroie de transmission de la répression turque ?

L'Union européenne, courroie de transmission de la répression turque ?


Laurent Leylekian
18.07.2013



Si les évènements de Turquie semblent loin d'être terminés, ils ont d’ores et déjà eu le mérite de révéler à ceux qui ne voulaient pas la voir la réalité de ce pays : celle d’un Etat bien loin de la fable irénique de seule-démocratie-laïque-du-monde-musulman que les faiseurs de rêves voulaient nous conter. 


La répression s’y avère féroce et étendue : on recense au moins cinq morts, des cas de torture ont été rapportés, des avocats ont été arrêtés dans l’enceinte du tribunal, sur ordre du Ministère de la santé, des médecins y ont été écroués pour avoir soigné des blessés, le « lobby juif » a été incriminé par le pouvoir et les réseaux sociaux ont été qualifiés de « pire menace pour la société » par le Premier ministre en personne. Dans le même temps, un quotidien pro-gouvernemental a porté plainte contre une journaliste de CNN pour « diffusion de fausses informations » et une journaliste turque de The Economist a été qualifiée de « pute » et de « sale arménienne » tandis que la BBC s’inquiétait très sérieusement du sort de ses correspondants locaux

L’autoritarisme islamique turc ne fait plus politiquement recette 

Certes et comme prévu, le régime, assis sur une large représentativité populaire, a repris la main et Erdogan peut faire mine de pavoiser. Il n’empêche que, sur tous les fronts, le régime a sérieusement pâti de sa propre brutalité. Selon un sondage récent conduit en Turquie, l’AKP au pouvoir s’est aliéné à peu près la moitié de la population tandis que 37% des sondés attribuent à Erdogan lui-même la responsabilité de la crise. De manière tout à fait significative, 46% des personnes interrogés ont désormais « peur de donner leur opinion » sur la question. 
En termes de politique extérieure, le « modèle turc » tant vanté ne fait plus recette : le fait que le roi du Maroc n’ait pas reçu le Premier ministre turc lors de sa visite écourtée de début juin en dit long sur un échec plus large. A l’instar de ses velléités caucasiennes ou balkaniques, les ambitions arabes de la Turquie semblent désormais surdimensionnées au regard de son influence réelle dans la région. Les derniers trépignements de Davutoglu, le Ministre des affaires étrangères, mis devant le fait accompli du coup d’Etat égyptien ne constituent rien d’autre qu’un aveu d’impuissance, si ce n’est l’exsudation d’une peur un peu irrationnelle de la survenue d’un scénario similaire en Turquie. Mais c’est bien sûr la dernière rebuffade de l’Union européenne qui a constitué la sanction la plus patente de la répression akpiste. Certes, le Conseil européen a finalement décidé de ne pas bloquer ouvertement le processus. Mais, sous l’influence de Berlin et de La Haye, l’ouverture hypothétique du chapitre de l’Acquis communautaire sur la coopération régionale à été repoussée à la rentrée, et encore après un rapport à venir de la Commission sur les réformes et les droits de l’Homme en Turquie. D’ici là, l’eau peut d’autant plus couler sous les ponts que de plus en plus d’eurodéputés élèvent leur voix pour mettre un terme à cette mascarade.

Mais l’Union européenne offre ses citoyens à la police turque

On pourrait donc penser que les réticences politiques de l’Union européenne face à l’Etat répressif turc s’accompagnent d’égales réticences en termes de coopération judiciaire et policière. Or il semble que les récriminations de façade des autorités européennes ne se soient accompagné d’aucune mesure concrète limitant la coopération pénale avec Ankara.
Bien au contraire, celle-ci se porte comme un charme : c’est avec un sens peu commun de l’à-propos que, ce 17 mai, Europol – la structure assurant la coopération policière des Etats-membres de l’Union – a publié sur son site le texte d’un « accord sur la coopération entre le bureau de police européen et la République de Turquie ». Ce document, faisant apparemment suite à un antique accord entre le Conseil de l’Union européenne et la Turquie (néanmoins relancé par le Conseil en Juin 2012), poursuit officiellement le noble objectif de lutter contre des « formes sérieuses de criminalité internationale ». Il prévoit notamment des « échanges d’informations techniques et stratégiques d’intérêt mutuel », et toute sorte de séminaires et d’entraînements communs qui permettront assurément aux policiers turcs d’assurer l’actuelle répression avec plus de savoir et de savoir-faire. Mieux encore, dans son chapitre traitant de « l’exécution des requêtes », l’accord prévoit que « la partie requérante prendra toutes les mesures nécessaires pour assurer une exécution rapide et complète de la requête » et qu’elle « notifiera immédiatement toute circonstance qui empêcherait ou retarderait considérablement son exécution ». 
On peut donc légitimement craindre qu’un tel accord transforme rapidement Europol en force supplétive de la police turque en Europe et permette à Ankara d’y faire régner sa loi. Certes, l’accord en question prend bien soin de stipuler qu’il « n’autorise pas la transmission de données relatives à des individus identifiées ou identifiables ». On remarquera cependant que cette réserve n’est absolument pas due à quelque scrupule éthique lié à la nature de l’Etat turc mais simplement au fait que celui-ci ne s’est pas encore doté d’une loi formelle sur la protection des données. Et on mesurera toute la fragilité de cette réserve lorsqu’on lit dans sa dernière résolution, qu’avec empressement, le Parlement européen – censé représenter et défendre le citoyen de l’Union – « demande à la Turquie d'adopter une loi sur la protection des données, de sorte qu'un accord de coopération puisse être conclu avec Europol et que la coopération judiciaire avec Eurojust ainsi qu'avec les États membres de l'Union européenne puisse se poursuivre » et « estime que le détachement d'un agent de police de liaison auprès d'Europol contribuerait à améliorer la coopération bilatérale ». Il paraît qu’autrefois La Boétie a écrit un discours mémorable sur la servitude volontaire….

Les Etats européens suivent les consignes de Bruxelles qui obéit à Ankara

Au même paragraphe 55 de cette résolution, le Parlement européen « demande aux États membres, en étroite coordination avec […] Europol, de renforcer la coopération avec la Turquie dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée ». Car il est vrai qu’en matière de droit pénal, et plus largement en matière de « liberté, de sécurité et de justice », Bruxelles partage sa compétence avec celle des Etats-membres à travers ce que l’on appelait avant le Traité de Lisbonne (2007) le Troisième Pilier. Pour parler clairement, les décisions y sont adoptées selon une procédure de codécision du Parlement européen et du Conseil votant à la majorité qualifiée. Les Etats ont donc leur mot à dire et, en matière de coopération policière avec la Turquie, ce mot est souvent un grand « oui, encore ».
Ainsi, en janvier dernier, la Belgique a fièrement annoncé le renforcement de sa coopération judiciaire et policière avec la Turquie. Signe de l’importance accordée par le Royaume à cet évènement, la signature de l’accord s’est tenu au Palais d’Egmont en présence de Didier Reynders, ministre des Affaires étrangères, Annemie Turtelboom, Ministre de la Justice et Joëlle Milquet, Ministre de l’Intérieur et de leurs homologues turcs. Un accord qui semble avoir eu des conséquences immédiates comme l’atteste la dernière mésaventure vécue par un citoyen belge, Bahar Kimyongür.

Aujourd’hui Bahar Kimyongür ; demain Pierre Dupont ?

Bahar Kimyongür est directeur bruxellois de l'Institut international pour la paix, la justice et les droits de l'homme. Mais il présente plusieurs caractéristiques qui – mises bout à bout – font de lui un terroriste aux seuls yeux de l’Etat turc. C’est en effet un activiste de gauche et, quand bien même il est né en Belgique et a toujours été citoyen belge, sa famille est originaire de Turquie. 
Ayant par le passé tracté pour le DHKP-C, une formation marxiste-léniniste, et manifesté contre la venue d’un ministre turc au Parlement européen, il fut littéralement piégé en 2006. Alors parti assisté à une conférence aux Pays-Bas, il fut arrêté par la police néerlandaise et menacé d’extradition en Turquie. A l’époque déjà, les mouvements gauchistes avaient soupçonné les autorités belges – qui ne peuvent légalement pas extrader un de leurs propres ressortissants – d’avoir monté un coup pour sous-traiter l’affaire à leurs homologues néerlandais. La presse avait rapporté les propos cyniques et désinvoltes du ministre de la Justice de l’époque, Laurette Onkelinx, qui avait déclaré que M. Kimyongür, « a choisi de se rendre en Hollande, permettez-moi de noter que personne ne l’a obligé ». On aurait pu espérer que les charges fantaisistes imaginées par la Turquie et relayées par l’exécutif belge contre M. Kimyongür aient depuis lors été levées puisque l’affaire se termina, en 2010, par un lamentable fiasco judiciaire après que la Turquie seule se soit acharnée à porter l’affaire en troisième cassation.
Eh bien non ! Parti paisiblement en famille visiter la mosquée de Cordoue ce 17 juin, M. Kimyongür s’est vu brutalement arrêté par la police espagnole dont se demande comment elle a pu repérer un si dangereux activiste sans indications tierces. Et c’est à nouveau d’extradition vers la Turquie que fut menacé ce citoyen européen. Ce qu’il ne savait pas, c’est qu’Ankara – qui était pourtant fort occupé à réprimer ses propres citoyens – avait néanmoins secrètement et très opportunément relancé auprès d’Interpol le mandat d’arrêt international le concernant. M. Kimyongür n’a finalement pu être libéré sous caution qu’après une très forte mobilisation de ses sympathisants et après qu’ils aient notamment révélé et les rencontres de Mme Milquet – celle-là même qui a signé le renforcement de la coopération policière avec la Turquie en janvier – avec un responsable du renseignement turc, et ses propos laudateurs sur le « démocrate » Erdogan, en pleine répression du parc Gezi. On peut rester dubitatif quant aux dénégations de l’intéressée, confrontée aux accusations de M. Kimyongür, lorsqu’on sait qu’elle fréquentait volontiers voici dix ans des représentants d’organisations belgo-turques d’extrême-droite qui, eux, ne risquent apparemment pas d’être extradés.

Moi président, ça sera comme avant ?

La France est-elle à l’abri de tels cas de figure ? Rien n’est moins sûr. Le 7 octobre 2011, un accord de coopération policière, signé par Claude Guéant à Ankara, prévoit dans le droit fil des lignes directrices européennes « de renforcer la coopération policière technique et opérationnelle entre la France et la Turquie, en particulier dans les domaines de la lutte contre le terrorisme, l'immigration irrégulière et le trafic de stupéfiants ». Bien que datant de la précédente législature, cet accord a été repris à son compte par l’actuel gouvernement puisque, le 1er août 2012, Laurent Fabius a déposé à la Commission des Affaires Etrangères de l’Assemblée nationale Un projet de loi portant sur la « coopération avec la Turquie dans le domaine de la sécurité intérieure ».
Le Législateur hésitera peut-être à ratifier un tel accord aux vues des derniers exploits de la police turque sur la place Taksim. Au demeurant, l’étude d’impact du ministère des Affaires étrangères prend bien soin de noter que « l’article 2 contient par ailleurs une clause de sauvegarde permettant à chacune des parties de rejeter une demande de coopération si elle l’estime susceptible de porter atteinte aux droits fondamentaux de la personne, à la souveraineté, à la sécurité ou à l’ordre public de son Etat », que « la Turquie n’étant pas membre de l’Union européenne, elle ne peut se voir transférer des données à caractère personnel que si elle assure un niveau de protection suffisant de la vie privée et des libertés et droits fondamentaux des personnes […] » et que « la CNIL estime que la Turquie ne dispose pas d’une législation adéquate en matière de protection des données à caractère personne ».
Mais on peut craindre que ces finasseries soient finalement bien peu gênantes et que, loi adoptée ou pas, les pratiques de coopération policière demeurent et s’amplifient puisque l’étude révèle que ledit accord a « pour principal objectif d’officialiser des échanges déjà réguliers entre les différents services de police. L’échange portera sur des méthodes de travail, des stratégies de lutte contre la criminalité, des analyses des phénomènes criminels, des échanges de bonnes pratiques. ».

Intelligence-led policing

En vérité, les principales victimes de ces différents accords entre l’Union européenne, ses Etats-membres et la Turquie sont actuellement les militants kurdes, du PKK ou considérés comme tels par Ankara. L’arrestation en octobre 2012 par le SDAT d’un responsable du Congrès National du Kurdistan à Paris, alors qu’il était pourtant en liaison avec d’autres services français témoigne selon les Kurdes d’un alignement progressif de Paris sur les desiderata d’Ankara et notamment sur sa politique d’amalgame ethnique. Désormais, En Europe comme en Turquie, il suffirait d’être Kurde pour être coupable ; ou pour être exécuté comme l’atteste l’assassinat en plein Paris de trois militantes – dont une responsable historique – du PKK, largement relaté par la presse
Outre que la limitation de cette politique aux Kurdes n’excuse rien, elle est aussi bien arbitraire et bien fragile comme le montre belge de M. Kimyongür qui n’est ni turc, ni kurde. Qui nous dit que demain elle ne sera pas employée contre des citoyens turcs ayant fui en Europe la répression qu’ils subissent actuellement dans leur pays ? Et qui nous dit qu’elle ne sera pas aussi employée contre n’importe quel individu ayant simplement une opinion hostile ou même simplement critique envers l’Etat turc ? Dans un article d’une grande lucidité, le chercheur Etienne Copeaux a souligné toute l’illégitimité – sinon l’illégalité – de ces pratiques relevant de l’intelligence-led policing où « l'absence d'infraction ou de délit n'empêche pas la surveillance et l'arrestation, ni même éventuellement la condamnation, puisque les comportements induisent, aux yeux des juges, la possibilité virtuelle de commettre une infraction ». 
Evoquant le sort de militants du DHKP-C arrêtés à Paris, Etienne Copeaux note que « leur procès s'est déroulé comme il se serait déroulé en Turquie : l'absence d'infraction n'ayant aucune importance, il suffisait pour le tribunal de pouvoir établir un soupçon d'appartenance induisant une ‘intention’ de nuire à un Etat étranger. Ainsi le danger est là, chez nous. Il ne concerne d'ailleurs pas seulement les exilés et réfugiés : des Français sympathisants auraient pu être inculpés également. Ce qui est arrivé à des journalistes ou chercheurs turcs pourrait très bien menacer également la liberté de la recherche en France » pour conclure que « l'extrême-droite turque, qui a beaucoup plus de sang sur les mains que l'extrême-gauche, n'est pas considérée comme un mouvement terroriste ; cela nous indique le sens dans lequel vont les choses, en Europe aussi bien qu'en Turquie. »
En clair, en l’absence d’une vigoureuse réaction citoyenne, l’Union européenne et ses Etats-membres s’apprêtent « en toute beauté et en toute jeunesse », à soumettre leurs propres citoyens à la volonté politique, généralement autoritaire et ultranationaliste, d’un Etat étranger.


http://eurotopie.leylekian.eu/2013/07/lunion-europeenne-courroie-de.html