lundi 22 septembre 2014

Continuum Génocidaire

Continuum Génocidaire
 

Nikos Lygeros
Le génocide n'est pas seulement un acte de barbarie. En tant que crime contre l'humanité, le génocide est une mesure inhumaine. Il permet de jauger la société dans laquelle il intervient. Il donne en somme le sens de l'absurde. Aussi lutter pour la reconnaissance du génocide, c'est lutter contre l'absurde. 

Il faut prouver l'évidence à la manière d'une démonstration par l'absurde. Il faut montrer que les victimes sont des victimes, en d'autres termes identifier leur mémoire. Il faut montrer que les bourreaux sont les bourreaux, en d'autres termes tracer leur crime. C'est le signe du temps. Et tout cela en restant juste. Car le juste doit être exemplaire. Évidemment toutes ces contraintes rendent extrêmement difficile cette tâche et nous ne devons pas nous étonner quant au découragement de certains. L'important, c'est de saisir que le temps est avec nous et qu'il travaille pour nous. Car le crime est imprescriptible. Aussi la conservation des données permet de mieux asseoir la cause. Certes, nous ne pouvons pas nous contenter de cela et nous devons envisager le problème de la reconnaissance du génocide de manière globale. 

Le grand économiste John Kenneth Galbraith avait une opinion singulière sur la première guerre mondiale. En effet, il considère qu'il est plus judicieux de la nommer la Grande Guerre sans diminuer son importance en fonction de la seconde comme nous le faisons habituellement. Car selon lui, il est plus juste de considérer la seconde guerre mondiale comme la dernière bataille de la Grande Guerre. Dans ce nouveau cadre, certainement perturbant pour les personnes conventionnelles, la notion de génocide acquiert un nouveau sens. Comme il n'est plus possible de séparer les génocides ainsi que les bourreaux, nous assistons à une unification du sens. Ainsi le régime nazi et le régime des jeunes turcs apparaissent comme une seule et même entité qui élimine systématiquement les Juifs et les Arméniens qui sont eux-mêmes unifiés en tant que victimes.

Dans ce nouveau champ, une vision globale est nécessaire pour comprendre l'importance de la notion de génocide. La comparaison n'a plus de sens. L'idée est ailleurs. Nous avons un continuum génocidaire qui englobe les associations et les analogies. Les bourreaux ne sont que la succession d'autres bourreaux. Aussi où se trouve donc la différence ? En réalité, il n'y en a qu'une mais elle est de taille. Une partie de ces bourreaux a été reconnus comme telle tandis que l'autre ne l'est toujours pas. Nous avons donc une incomplétude fondamentale en termes des droits de l'homme. Si nous voulons vraiment que les générations futures s'appuient sur le travail accompli, celui-ci doit englober l'ensemble de ce continuum génocidaire. 

Aussi la reconnaissance du génocide doit être effectuée à partir du point initial. C'est en ce sens que la cause est fondamentale. C'est en ce sens qu'il faut mettre en évidence la divergence qui consiste en un génocide de la mémoire. Aussi l'ampleur de la tâche ne doit pas nous décourager mais au contraire grandir notre humanité.

vendredi 19 septembre 2014

Dogan Özgüden sur la diaspora kurde en Belgique

L'intervention de Dogan Özgüden sur la diaspora kurde en Belgique


La première conférence dans le cadre de la semaine culturelle kurde s'est tenue le jeudi 18 septembre 2014 au Sénat belge à Bruxelles sur le thème  “Les Kurdes, Kurdistan et la diaspora”.  Lors de la conférence, le rédacteur en chef 
d'Info-Türk Dogan Özgüden a fait l'intervention suivante sur la présence de la diaspora kurde à en Belgique:

 
Chers amis,

Aujourd'hui je suis très heureux de vous adresser sur le thème la diaspora kurde avec qui je partage le même combat et le même destin depuis plus de quarante ans dans la capitale européenne. J'ai un plaisir particulier de faire partie de cette tribune avec mon ami Derwich Ferho qui, déjà à l'âge de 17 ans, a lancé avec ses camarades kurdes la première initiative de faire connaître les revendications du peuple kurde. Tekoser, qui est actuellement l'Institut kurde de Bruxelles.

Je n'oublie jamais comment ces enfants du peuple kurde se sont engagés dans une lutte acharnée pour conscientiser et organiser les travailleurs immigrés d'origine kurde et pour sensibiliser l'opinion belge sur l'oppression non seulement des Kurdes mais également de tous les opprimés de Turquie.

Ironie de sort, la semaine culturelle kurde coïncide avec la célébration officielle du 50e anniversaire de l’immigration turque en Belgique. Les médias et les dirigeants belges, à cette occasion, ne parlent que de l'immigration turque, mais ne prononce aucun mot sur les immigrés d'origine kurde, arménienne, assyro-chaldéenne, grecque et ézidie.

En plus, on passe toujours sous silence le fait que l'immigration en provenance d'Anatolie n'a pas commencé en 1964, mais déjà en 1915, presque 100 ans avant avec le génocide et la déportation des Arméniens et Assyro-chaldéens, ensuite avec les vagues d'exils politiques des milliers d'opposants des régimes répressifs d'Ankara, notamment après les coup d'état militaires de 1971 et 1980.

Quant à l'immigration économique dont le 50e anniversaire est célébré en Belgique, il s'agissait d'une opération honteuse de la part des dirigeant de Turquie. Oui, c’était un bon débarras dans un pays qui souffrait d’un chômage grave. En plus, ces travailleurs immigrés étaient considérés comme une poule aux œufs d’or pour l’économie turque souffrant de manque de devise.

Avant mon exil, en tant que journaliste et syndicaliste, j’étais souvent au bureau de recrutement des travailleurs immigrés par le patronat allemand dans un local dans le quartier Tophane d’Istanbul. Je me souviens, comment ces enfants anatoliens, turcs ou kurdes, étaient soumis nus à un contrôle médical jusqu'à leur sexe afin de vérifier s’ils étaient aptes à travailler dans les mines ou dans l’industrie lourde.

Depuis lors, tant dans les médias turcs que dans les médias européens on ne parle que de « l’immigration turque » sans tenir compte du fait qu’une partie importante de ces travailleurs était d’origine kurde.

Ce qui est malheureux, ces travailleurs kurdes, eux-mêmes, cachaient soigneusement leur origine ethnique ou linguistique, en raison de la répression nationale en Turquie qui visait également ses ressortissants dans leur pays d’accueil.

Comme je disais au début de mon intervention, après 1978, grâce au travail exemplaire de l'organisation kurde Tekoser, se sont déclenchées la conscientisation et l'organisation des immigrés d'origine kurde en Belgique.

A cette époque-là, toutes les associations progressistes luttaient d'une part contre le régime répressif en Turquie, et d'autre part, pour inciter les travailleurs immigrés à s’intégrer dans la vie politico-sociale belge sans tomber dans les manœuvres nationalistes ou fondamentalistes de l’Etat turc et des associations faisant partie du lobby du régime d’Ankara.

Toutefois, je me souviens toujours avec une grande amertume comment certaines associations et institutions qui se réclament progressistes et internationalistes prenaient une position nationaliste, même raciste, quand il s'agit de reconnaître l'identité nationale du peuple kurde.

Lors des travaux préparatifs en vue de réunir toutes les associations immigrées dans la Communauté flamande, la participation de l'association kurde Tekoser à cette initiative était fort contestée par les représentants du parti communiste de Turquie sous prétext que leur parti serait le seul représentants de tous les travailleurs, turcs ou kurdes...

D'ailleurs, les autorités belges, sous la pression du régime d'Ankara ont gardé une grande distance vis-à-vis des revendications de nos amis kurdes.

L’appel commun des associations progressistes immigrées, toutes nationalités confondues, Objectif 82 était le point culminant de notre lutte démocratique. Cette initiative revendiquait également que les partis politiques fassent leur maximum pour éduquer et responsabiliser ces nouveaux citoyens d’origine étrangère.

Malheureusement, les partis politiques belges n’ont pas répondu correctement à cet appel.

Deux coups mortels, l’un après l’autre, à l’intégration socio-politique des travailleurs immigrés venus de Turquie…

Tout d’abord, la junte militaire de 1980 a ordonné la perte de nationalité pour les opposants de son régime à l’étranger avec la confiscation de leurs biens en Turquie.

Plusieurs travailleurs immigrés avaient acheté une maison ou un  terrain en Turque avec leurs économies après avoir travaillé péniblement dans les charbonnages belges… Sous la menace de la perte de nationalité et la confiscation de leurs biens en Turquie, ils se sont éloignés des milieux progressistes et soumis au diktat de l’Ambassade de Turquie pour assurer leur avenir.

En plus, la même junte militaire a pris une série de mesures pour mettre les associations immigrées sous contrôle de l’Etat turc par le biais de la Fondation des affaires religieuses à Bruxelles.

Malheureusement les partis politiques belges, au lieu de former les citoyens d’origine étrangère pour une intégration saine dans la vie politique belge, ont recouru à toutes sortes de marchandage avec les associations au service du lobby turc, ultra-nationalistes et fondamentalistes compris, pour obtenir quelques votes de plus dans les communes à forte densité de ressortissants turcs.

La conséquence inévitable de cette politique de l'autruche: Soumission totale au négationnisme du régime turc.

Je reviens au début.

En plus de la présence kurde dans le contexte de l'immigration économique des années 60, la population belge comprend également des masses d'exilés politiques arméniens, kurdes, assyro-chaldéens depuis le génocide de 1915 et après les coups d'état militaires de 1971 et 1980.

A cause de la soumission des autorités belges au régime d'Ankara, s'est déclenchée une série d'agressions contre les communautés non-turques.

Déjà il y a 20 ans, en 1994, une agression des Loups gris à Saint-Josse contre cent cinquante Kurdes participant à une marche pacifique.

Cinq ans plus tard, le 17 novembre 1998, l'Institut Kurde de Bruxelles, le Centre Culturel Kurde et un local assyrien ont été attaqués et incendiés par les Loups Gris devant la police.

Le 10 décembre 2005, un engin incendiaire a été lancé dans les locaux du bureau du parti pro-kurde DEP, détruisant la porte d’entrée.

Dans la nuit du dimanche 1er avril 2007, les locaux d'une association kurde à Saint-Josse ont été ravagés par un incendie criminel.

La communauté arménienne était toujours un des cibles privilégiées de l'agression des fascistes turcs.

Déjà lors des élections de 1999, les candidats d'origine turque sur les listes électorales des partis politiques belges ont commencé leur campagne avec les déclarations négationnistes promettant même la démolition du monument de génocide arménien à Ixelles.

Depuis lors, la reconnaissance du génocide arménien a été exclue de l'ordre du jour Parlement belge par l'ensemble des partis principaux, francophones ou flamands.

En plus, les 21 et 24 octobre 2007, un commerce arménien à Saint- Josse a été saccagé deux fois par les Loups gris.

Le crime encore plus grave contre les communautés non-turques de Turquie a été le harcèlement continuel contre les institutions kurdes installées en Belgique.

La mise sur pied d'abord du Parlement kurde en exil, ensuite le Congrès national du Kurdistan par les députés kurdes exilés en Belgique était un tournant historique dans la lutte de la reconnaissance de l'identité kurde dans le monde. Cette initiative a été suivie par la fondation de la première télévision kurde en Belgique.

Je me souviens toujours avec amertume comment les dirigeants et les travailleurs de ces deux institutions légitimes et exemplaires du peuple ont été harcelés depuis une vingtaine d'années par les autorités européennes sous la pression d'Ankara et de Washington.

Aujourd’hui alors qu'on célèbre la semaine culturelle kurde dans la capitale européenne, nos regards tournent vers l'année 2015.

Toutes les diasporas anatoliennes doivent se mobiliser pour la réussite de trois objectifs en 2015:

1. La réussite du parti démocratique des peuples (HDP) aux prochaines législatives en Turquie.
2. La victoire des forces kurdes qui combattent au Moyen-Orient contre les réactionnaires islamistes.
3. La reconnaissance du génocide des Arméniens et assyro-chaldéens à son 100e anniversaire.
3. La lutte contre les manipulations du lobby turc visant à transformer le Festival Europalia-Turquie en une campagne de propagande du négationnisme d'Ankara.

Je vous salue de tout mon cœur dans l'espoir de célébrer ensemble dans les années qui viennent les victoires des diasporas anatoliennes contre toutes les forces obscurantistes et ténébreuses.


mercredi 17 septembre 2014

RIGHTEOUS TURKS

RIGHTEOUS TURKS: WHO ARE THEY AND WHY ARE THEY SO IMPORTANT?

by Hayk Demoyan


Within the last five years numerous talks could be heard about the Turks who rescued the Armenians during the years of genocide. The expression “the Turks who rescued the Armenians” sounds a bit strange, if not wrathful to an Armenian hearing. But is it true? An affirmative answer is recorded – yes, it is true. There are myriad examples and stories from handwritten and published memoires of the genocide survivors, as well as from oral stories stating about the mercifulness of ordinary Muslims – Turks, Kurds, Arabs and others, who helped Armenian individuals and whole families to survive, even if temporarily.

Yet, at least two challenges should be considered, referring to this topic. The first one is the classification of such cases. In general, human behavior reacts differently to wars, mass atrocities and natural disasters. Speaking about the Armenian genocide, the first and the most important statement is that the crime constituted a state organized and orchestrated genocide. Moreover, in case of the genocide against the Armenians there was an overwhelming consensus among the majority of the Turkish population of the Ottoman Empire. The latter regarded the state-initiated crime as beneficial for the state and for the security of the Ottoman Empire. It was also regarded as a great chance from the Heaven to make a profit while looting and expropriating Armenian property, as well as the chance for the most fanatical part of the Ottoman Muslims to kill the “infidels” and get permission for entering Paradise. Mass participation in the crimes against the Ottoman Christians, including also Turkish and Kurdish women and children, was also associated with the war time propaganda activities of the ‘Committee of Union and Progress’ government, especially with regard to the announcement of Jihad by late November 1914 shortly after the empire went into the war. This became a fatal point for the mobilization of the Ottoman Muslims to back the state planned crime of the genocide against the Armenians and other Christians.

Armenian Genocide Museum-Institute

In this regard the question of the mass participation of Turkish population in the crimes against the Armenians is vividly presented in a telegram sent to Paris Peace conference by Admiral Richard Webb, High Commissionaire in Istanbul:

“To punish all persons guilty of Armenian atrocities would necessitate wholesale execution of the Turks, and I therefore suggest retribution both on a national scale by dismembering the late Turkish empire, as well as individually by the trial of high officials, such as those on my list, whose fate will serve as an example.”(A telegram sent to Paris Peace conference by High Commissionaire in Istanbul Admiral Richard Webb at April 13, 1919.)

This means that at the end of the war Allies had already realized the impossibility of full punishment of the Ottoman Turks who were involved in the crimes en mass. 

The second challenge is the growing interest towards the topic of Righteous Turks and the need of the classification of rescue cases. Today we observe two hot topics being widely circulated in Turkey and beyond its borders at the threshold of the Armenian genocide centennial. One is about the “Turks who saved Armenians” and the second is about so called “hidden Armenians” still living in Turkey. Plenty of findings are available for research and data collection, as well as several international conferences also dedicated to this topic.


Tsitsernakaberd memorial complex
RA, Armenia Yerevan 0028

mercredi 3 septembre 2014

Il faut en finir avec le régime d’Ilham Aliev en Azerbaïdjan

JOURNAL LE MONDE
Il faut en finir avec le régime d’Ilham Aliev en Azerbaïdjan
Ilham Aliev et son épouse

Le Monde.fr
paru le 02.09.2014

Par Arlette Grosskost (Député UMP), François Pupponi (Député PS) et François Rochebloine (Député UDI)


La décapitation par l’Etat islamique du journaliste américain James Foley a déclenché à juste titre une réprobation internationale. La plupart des grands médias ainsi que les principaux réseaux sociaux ont immédiatement indiqué qu’ils censureraient les images de l’exécution, au nom de la dignité du journaliste assassiné et afin de ne pas faire de « publicité » à l’organisation criminelle qu’est l’Etat islamique. Quelques jours auparavant, une exécution somme toute similaire s’est déroulée. Elle a également été dûment filmée par les nervis du régime au nom duquel elle a été perpétrée. Elle est visible sur les réseaux sociaux. La victime était également un civil et ses bourreaux n’avaient même pas l’excuse de pouvoir le considérer comme un propagandiste ennemi. Il est vrai que - avant de le mettre à mort - ils ont pris soin d’affubler leur prisonnier - capturé en jean et en baskets - d’un treillis militaire afin de le présenter comme un agent des forces spéciales adverses.

Cette autre victime de la barbarie se nommait Karen Petrosyan, C’était un paysan arménien et il a été assassiné en direct et sans formalité par des soldats de l’armée azerbaïdjanaise. Les circonstances de son rapt ne sont pas claires et il est fort possible qu’il ait même été enlevé en territoire arménien. Cet épisode a constitué le point culminant de nombreuses escarmouches entre les forces armées arméniennes, azerbaïdjanaises et karabaghiotes sur la ligne de front séparant l’Arménie et le Haut-Karabagh de l’Azerbaïdjan. Ces manœuvres délibérément provoquées par le régime de Bakou avaient pour objectif manifeste de mettre sous pression la partie adverse à la veille d’un énième round de négociations entre les présidents Aliev et Sarkissian à Sotchi à propos de la République autodéterminé du Haut-Karabagh. Elles ont fait une trentaine de victimes de part et d’autre de la ligne de front.

Réagissant au meurtre de James Foley, le président Barack Obama a déclaré que l’Etat islamique était un « cancer » qui « n’a aucune place au XXIe siècle ». Il ne viendrait semble-t-il à personne l’idée de demander aux Irakiens ou au Syriens - qu’ils soient Musulmans, Chrétiens ou Yézidis - d’accepter la férule sanguinaire de l’Etat islamique. A l’inverse, certains diplomates impavides semblent considérer que la République du Haut-Karabagh, peuplée d’Arméniens, devraient retourner sous le joug de l’Azerbaïdjan, un joug duquel elle s’est libérée voici 20 ans aux termes d’une guerre de décolonisation. Cela ne peut en aucun cas être l’objet des négociations en cours. Que cela soit clair pour tous : on ne peut demander aux citoyens d’un Etat démocratique comme le Karabagh de réintégrer le giron d’une dictature comme l’Azerbaïdjan, surtout quand le président de celle-ci déclare que les Arméniens - où qu’ils résident dans le monde - sont les ennemis de son pays.

Le régime d’Ilham Aliev est en effet l’un des plus répressifs de la planète. Régulièrement classé au ban de la communauté internationale par des organisations telles qu’Amnesty International, Human Rights Watch ou Reporters sans Frontières, le régime azerbaïdjanais constitue une menace pour ses propres citoyens, même ethniquement azéris, comme l’attestent encore les récentes arrestations arbitraires de Leyla et Arif Yunus ou de Rasuf Jafarov. Dans ces conditions, on imagine sans peine le sort qui attendrait les Arméniens du Haut-Karabagh, sort qu’ils ont déjà éprouvé dans les années 1990 où les pogroms organisés par le régime azerbaïdjanais les ont conduits à ériger leur propre Etat indépendant.

Ce qui est clair également - et nous le déplorons - c’est que les négociations actuelles entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan sont probablement vouées à l’échec. D’une part parce que ces négociations se déroulent en l’absence de ceux qu’elles concernent au premier chef, les citoyens du Haut-Karabagh et leurs représentants démocratiquement élus. D’autre part, en raison de l’attitude inflexible du régime d’Ilham Aliev qui entend revenir aux frontières coloniales instaurées par le pouvoir stalinien, en dépit de la guerre déclenchée et perdue par son pays et de son attitude inacceptable dont témoigne encore l’assassinat de Karen Petrosyan ; Un assassinat qui constitue un crime de guerre et qui justifierait à lui seul de la poursuite d’Ilham Aliev devant une juridiction internationale.

Arlette Grosskost (Député UMP)
François Pupponi (Député PS)
François Rochebloine (Député UDI)

Création d’un Cercle d’amitié France-Karabakh
Les trois députés signataires de cette tribune sont membres du Cercle d’amitié France-Karabagh, créé le 19 mars 2013 à Paris. Il regroupe aujourd’hui une trentaine de responsables politiques (députés, sénateurs, maires et autres élus) représentant les grands partis politiques français. Le Cercle a pour objectif de soutenir l’action du Groupe de Minsk de l’OSCE, de sécuriser les peuples de la région, de rompre l’isolement international du peuple du Haut-Karabagh et de favoriser un espace de dialogue et d’échanges entre les peuples du Caucase du Sud.