Retour
de Syrie
J’étais
à Damas vendredi soir avec une importante délégation française composée
notamment de cinq députés courageux et de quelques représentants non moins
courageux de la « société civile », tous concernés par la situation
de la Syrie aux avant-postes de la guerre contre « l’état
islamique », quand est tombée la cascade de nouvelles tragiques nous
parvenant de Paris où « Daech » venait de déclencher une suite
d’attentats terroristes sans précédent contre la France et le peuple français.
Cette
attaque terroriste, nous savions tous qu’elle aurait lieu, mais nous n’en
connaissions bien sûr ni l’heure ni le lieu, ni la forme ni l’ampleur qu’elle
prendrait.
Le
lendemain matin, la délégation française qui était arrivée en Syrie le mercredi
précédent afin de s’informer sur le terrain de la situation, notamment celle
des minorités chrétiennes, a été reçue dans un climat de grande franchise par
le président Bachar El Assad en personne.
Avec
gravité et simplicité, celui-ci nous a présenté ses condoléances à l’intention
des familles éprouvées et du peuple français ; il nous a dit aussi que nul
n’était mieux placé que lui pour comprendre le drame que constituaient ces
attaques faisant tant de victimes innocentes, tant la Syrie est en effet
elle-même confrontée depuis cinq ans à des tragédies quotidiennes de cette
nature.
Ce
voyage en Syrie nous aura permis de rencontrer la quasi-totalité des autorités
religieuses, du grand Mufti de Syrie au représentant du Patriarche
syriaque-orthodoxe en passant par le Cheikh Hekmat Al Hajri, chef spirituel des
Druzes de Syrie, mais aussi des autorités politiques du pays, du président du
Conseil du Peuple syrien (l’équivalent de notre Assemblée nationale) au
président de la République arabe syrienne, en passant par un ou deux ministres
ainsi que de nombreux députés, appartenant à toutes les confessions.
Il
nous aura aussi permis de rencontrer de nombreux représentants de la société
civile (dont de nombreux chrétiens), le président et les membres de la Chambre
de commerce syrienne, des dirigeants de sociétés, des médecins et chirurgiens,
le directeur des musées de Syrie…etc.
Enfin,
nous aurons effectué trois visites très particulières :
-
Celle du village martyr de Maaloula, à 60 kilomètres au nord-est de Damas, où
les habitants chrétiens ont été attaqués, violentés, chassés par les hordes
sauvages du groupe islamiste Al Nosra qui en ont pris le contrôle de longs mois
durant, de septembre 2013 à avril 2014, tuant, assassinant, pillant, brûlant,
enlevant même des religieuses, mais aussi des jeunes chrétiens (trois d’entre
eux, s’ils sont toujours en vie, sont toujours aujourd’hui entre leurs mains).
Ce
que j’ai vu à Maaloula, les graves dommages causés aux très anciens monastères
de Saint Serge - Saint Bacchus et de Sainte Thècle, les icônes volées ou bien
dégradées par haine du christianisme, les souffrances infligées aux habitants
par ces nouveaux barbares …m’a rappelé étrangement ce que j’ai moi-même vu au
Kosovo et Métochie en 1999 où l’UCK persécutait les moines et moniales orthodoxes
et brûlaient leurs monastères et leurs églises, tuait, enlevait, torturait les
civils serbes, cherchant obstinément à faire du passé table rase.
Réaliser,
comme nous l’ont rappelé les chrétiens rencontrés sur place, que ce fameux
groupe islamiste Al-Nosra n’est autre que celui que le gouvernement français a
choisi de soutenir en lui fournissant armes et munitions a de quoi susciter
quelques interrogations très fortes !
Comment
avons-nous pu, nous la France, nous fourvoyer de cette sorte ?
Au
nom de quelle cause, au nom de quel principe avons-nous pu ainsi aider ces
barbares, ces terroristes qui s’en prennent aux populations innocentes, de
préférence d’ailleurs quand elles sont chrétiennes ?
Il
faudra bien que des réponses claires soient données un jour.
Pour
la vérité de l’Histoire et l’Honneur de la France.
-
Et puis, nous avons visité l’hôpital militaire de Tichrine à Damas. Le plus
grand hôpital militaire du pays. Nous y avons vu de nombreux blessés, rescapés
des rudes combats que mène l’armée syrienne contre les bandes islamistes,
qu’elles se revendiquent d’Al-Nosra ou de Daech, peu importe d’ailleurs, car
comment en effet faire la différence « entre bonnet vert et vert
bonnet » ?
Nous
y avons vu ces jeunes conscrits syriens dont certains sont dans leur cinquième
année de service, marqués dans leur chair, devenus infirmes pour certains, mais
tous frappés dans leurs âmes et dans leurs esprits par les horreurs auxquelles
ils ont été confrontés.
Nous
y avons vu aussi les bien tristes résultats de l’embargo pratiqué sur les
médicaments et autres matériels médicaux indispensables au diagnostic et
traitement des blessés de guerre…
-
Enfin nous nous sommes rendus à l’hôpital français de Damas, l’hôpital Saint
Louis, dirigé par une jeune religieuse libanaise à la Foi rayonnante, soeur
Lamia, et servi par une équipe exceptionnelle de médecins, de religieuses,
d’infirmières et de personnel de soutien.
Cet
hôpital est situé à quelques centaines de mètres du réduit islamiste du
quartier de Jobar. Il en reçoit régulièrement son quota d’obus.
Mais
surtout, dans une ambiance de tension extrême, d’où la conscience du danger
n’est jamais absente, il fait un travail extraordinaire, avec de quasi
bénévoles, dans un état de grand dénuement en médicaments et produits de première
nécessité… Il sauve, traite, soigne, en particulier des enfants, de toutes
confessions.
Mais
il faut reconnaître que les enfants chrétiens sont particulièrement nombreux
parmi eux. Il faut dire qu’Al-Nosra les vise tout particulièrement, comme ce jeudi
dernier 12 novembre où une attaque à la bombe est déclenchée contre un bus
scolaire transportant des écoliers quittant leur école. Bilan : 27 enfants
morts ou blessés, estropiés à vie, ayant qui perdu deux jambes, qui perdu un
oeil, du fait des attaques terroristes de ces barbares… mais qui donc cela
intéresse-t-il ailleurs qu’en Syrie ?
En
remettant en perspective cette visite de quelques jours en Syrie, confrontés à
la réalité de sa situation, mais aussi de la nôtre aujourd’hui en France, il
ressort clairement quelques enseignements élémentaires :
D’abord
que notre politique étrangère, anti-syrienne et anti-russe, totalement inféodée
aux États-Unis et à l’Union Européenne son fidèle vassal, est totalement à
revoir.
C’est
dans le nord de la Syrie et de l’Irak que se situe aujourd’hui « l’empire
du Mal ». C’est donc là que nous devons frapper : à la source.
Mais
jusqu’à présent notre obstination à vouloir frapper Daech (d’ailleurs assez
timidement lorsqu’on compte le nombre d’interventions sur un an de notre
aviation de chasse : moins de 260, pas même une par jour !) tout en soutenant
activement Al-Nosra afin de faire chuter à tout prix le régime syrien, a
surtout souligné notre grande incohérence !
Les
Russes depuis le début de leur intervention récente, parce qu’ils sont
déterminés et qu’ils y mettent les moyens (40 sorties/ jour en moyenne), mais
aussi parce que leur aviation agit en coordination avec les troupes au sol,
celles de l’armée syrienne et celles de ses alliés iraniens et du Hezbollah,
ont une efficacité de très loin supérieure.
Les
faits sont là :
En
un an d’intervention alliée en Syrie et en Irak, Daech a continué à progresser
et à s’étendre inexorablement.
Seule
l’intervention russe, en trente jours, a enfin fait reculer pour la première fois
les barbares.
Il
serait donc temps d’en tirer les leçons et de se décider à rejoindre les Russes
et d’apporter sans états d’âme un soutien franc et entier à l’État syrien dans
sa lutte contre le cancer islamiste.
Certes
cela nécessitera un certain courage : celui de modifier sensiblement nos
alliances en commençant par mettre de la distance entre les monarchies
pétrolières du Golfe, Qatar et Arabie Saoudite, fermes soutiens des terroristes
et nous.
Et
en osant dénoncer le double jeu de la Turquie d’Erdogan auquel Daech doit tant.
Il
serait temps de constituer une seule et même coalition sincère et unie contre
l’islamisme, cette forme moderne des grandes invasions barbares.
Ensuite,
et tous nos interlocuteurs nous l’ont demandé instamment, il s’agit de mettre
un terme, par tous les moyens, aux flux migratoires, qui en submergeant
l’Europe, vident la Syrie et l’Irak. Pour cela, il faut bien évidemment
éradiquer
Daech,
afin de ramener la paix et la concorde dans les régions que le califat a
dévastées ces dernières années. Mais il faut aussi simultanément fermer nos
frontières, refuser le principe même des immigrés clandestins et cesser de
vouloir à tout prix en faire des « réfugiés politiques ». Cela nous a
été demandé avec insistance par ces responsables conscients des grands troubles
que ne manqueront pas de créer le laxisme et les atermoiements actuels.
Enfin,
il faut parallèlement mettre un terme à l’islamisation de la France. Et ce
n’est pas la soi-disant « laïcité républicaine » qui sera à même de
le faire.
Celle-ci
a en effet d’ores et déjà échoué. Elle a en effet montré combien elle n’est pas
neutre, mais systématiquement déséquilibrée, en faveur bien entendu de l’islam,
sans doute au nom d’une certaine volonté d’accueil, généreuse, mais follement
utopique, et dangereuse.
Il
n’y a pas de laïcité qui fonctionne sans référence claire à une identité. Or
celle de la France est chrétienne, n’en déplaise à certains hiérarques au
pouvoir.
La
France doit donc retrouver et assumer sans complexe son identité et sa culture
chrétienne, son héritage judéo-chrétien, ses racines gréco-romaines. La défense
de notre civilisation est à ce prix. Elle doit être réaffirmée pour être mieux
défendue. La nature a horreur du vide ; du vide spirituel et culturel comme du
reste.
Ce
sont nos interlocuteurs syriens, les chefs religieux en particulier, qui nous
ont recommandé le retour à notre identité comme meilleure garantie face à la
décomposition de l’État, de la Nation et de la Patrie.
Alors
halte au prosélytisme islamiste financé par nos pseudo « alliés »
saoudiens, qataris ou turcs, halte aux minarets et aux écoles coraniques. Halte
à la colonisation de notre pays. Accueillons en nombre raisonnable avec
humanité ceux qui souhaitent s’intégrer sans faux semblant et arrière-pensées.
Mais raccompagnons sans faiblesse dans leurs pays d’origine ceux qui ne veulent
ni ne peuvent s’intégrer. C’est parmi eux que se trouve l’avant-garde du
terrorisme islamiste dans notre pays, qui sera bientôt rejointe si nous n’y
mettons bon ordre, par les djihadistes infiltrés parmi les flots d’immigrés.
En
Syrie comme en France, le combat est même : il s’agit du combat sans merci que
livrent les nouveaux barbares au monde civilisé pour le détruire et imposer
leur loi infâme.
La
Syrie de Bachar El Assad n’est certainement pas parfaite. Mais la France de
François Hollande l’est-elle seulement ?
L’ennemi
est commun, il est un et un seul. Son nom peut changer, mais il s’agit du
fondamentalisme wahhabite, que j’ai déjà personnellement vu à l’oeuvre sur le
sol européen au Kosovo il y a quinze ans et qui continue d’y prospérer sous
l’oeil bienveillant des États-Unis et de l’Union Européenne.
Il
est temps d’ouvrir les yeux, de prendre conscience des graves dangers qui
menacent les générations à venir. Celles de nos enfants et de nos
petits-enfants.
Un
sursaut est encore possible.
Comme
l’a écrit récemment Philippe de Villiers, « il n’y a plus ni précaution à
prendre ni personne à ménager. Il faut que les Français sachent ».
Je
souhaite que le sacrifice de tous ces morts et blessés innocents, de Beyrouth,
de Damas ou de Paris, ne soit pas vain. Je souhaite qu’il permette une prise de
conscience amenant nos dirigeants à un sursaut salutaire, pour la défense de
notre civilisation, de nos libertés, sans laquelle la vie ne vaut rien.
Colonel Jacques Hogard
Paris
le 16 novembre 2015
source : https://arretsurinfo.ch/retour-de-syrie-par-le-colonel-jacques-hogard/
source : https://arretsurinfo.ch/retour-de-syrie-par-le-colonel-jacques-hogard/