Monsieur Macron, je suis un criminel...
"M.
MACRON, votre insulte envers tous ces Hommes dont la devise Sur mer et au-delà des mers, pour la Patrie et l'Humanité,
toujours au service des Hommes a toujours été respectée jusqu’à la
mort pour certain, ne fait pas honneur à un homme qui pense pouvoir être un
jour président. Je vous suis reconnaissant d'au moins une chose : si j'ai pu
avoir quelque hésitation à vous écouter au gré de vos shows politiques, tant
votre charme de beau-fils idéal, de prince charmant des banques d’affaire, de
bonimenteur, discoureur et beau phraseur m’avait interpellé, vous m'avez
définitivement libéré de cette faiblesse".
24 février 2017
Monsieur Macron, je suis un criminel...
Monsieur Macron, médecin colonial, médecin des Troupes de Marine, je suis un
criminel contre l’humanité, je suis un criminel contre l’humain.
Par vocation petit garçon je rêvais d’aller soigner au fin fond de l’Afrique,
de l’Océanie, de l’Asie. Adolescent puis jeune étudiant, de toutes mes forces,
j’ai travaillé, bossé, trimé pour pouvoir soigner à travers le continent et porter
la science pas seulement au pays des Bantous, mais partout dans le monde où la
France était présente. Ma vocation, que j’ai assouvie depuis, était de
rejoindre les ex-Colonies, sur les pas de mes glorieux Anciens à l'âge, comme
le disait le médecin colonial Paul-Louis Simond, où l'esprit est exempt de
préjugés, où les idées préconçues ne viennent pas contrarier la poursuite du
vrai, à l'âge des élans généreux, à l'âge des enthousiasmes pour tout ce qui
est vérité, lumière et progrès.
Mes héros n’étaient pas footballeur, chanteur, acteur, mais médecins coloniaux
exerçant dans les conditions les plus extrêmes, dans ces pays tropicaux, sans
la moindre politique ou infrastructure de santé, où sévissaient des guerres
interethniques, le tribalisme, le féodalisme, l’esclavagisme, la famine,
l’irrationalité, la pensée magique, les mutilations rituelles sexuelles ou
corporelles et l’anthropophagie.
Je n’ai eu de cesse tout au long de ma carrière de médecin de la Coloniale, des
Troupes de Marine, au sortir de l’illustre Institut de Médecine tropicale du
Pharo à Marseille de représenter mes illustres Anciens, de sauver parfois, de
soulager souvent, de servir l’humain toujours. Secourir était mon combat,
sauver, ma victoire quelques soit l’Homme, de Mopti, de Bobo-Dioulasso, de
Grand Bassam, de Bouaké, de Korhogo, de Brazzaville, de Bangui, de Ndjamena, de
Moundou, de Bardai, de Hienghène, de Lifou, de Maripasoula, de Camopi, de
Paramaribo, de Mata-Utu, de Tchibanga, de Brazzaville, et bien d’autres
villages africains, sud-américains et océaniens.
Partout et toujours pour l’Humanité, j’ai soigné, soulagé et prévenu, à pied, à
cheval, par le ciel, par les eaux des mers, rivières et rapides, dans les
déserts, dans les montagnes, dans les forêts, dans les ruines d’un tremblements
de terre, dans les tempêtes, dans le feu, sous le feu, mais jamais autant que
mes Anciens qui ont pour beaucoup donné leur vie et parfois la vie de leurs
proches.
Monsieur Macron, ayez un peu de respect, d’égard pour tous ces Hommes, pour
vous criminels contre l’Humanité, mais en fait les premiers « French Doctors »,
la modestie et l’humilité en plus. Et comme le disait, il y a quelques années,
le premier doyen de la Faculté de médecine de Dakar « Y a-t-il au monde plus
petite équipe d'hommes ayant rendu plus de services à l'humanité souffrante? Y
a-t-il au monde œuvre plus désintéressée, plus obscure, ayant obtenu de si
éclatants résultats et qui soit pourtant ignorée, aussi peu glorifiée, aussi
peu récompensée ? Qui peut prétendre avoir fait mieux, où, quand et comment? »
Un peu d’histoire, Monsieur Macron. Tous ces Médecins coloniaux, mes héros,
sont associés à ces maladies dont certaines ne vous sont pas connues et
d’autres vous évoquerons probablement des souvenirs plus de voyages que
d’Histoire, l’Histoire que vous bradez par clientélisme. Ces maladies sont
parfaitement bien rapportées par Louis-Armand Héraut, historien de la médecine.
La peste, cette maladie tueuse qui élimina au XVe siècle un tiers de l'humanité
et sema encore la terreur à Marseille en 1720. C'est le médecin colonial
Alexandre Yersin qui, découvrit à Hong Kong le bacille qui porte désormais son
nom. Quatre ans plus tard, à Karachi, le médecin colonial Paul-Louis Simond
démontre le rôle vecteur de la puce du rat. Soulignons La mort héroïque en
soignant des milliers de pestiférés du médecin major Gérard Mesny en 1911, lors
de l'épidémie de Mandchourie. On ne peut oublier la mort tout aussi courageuse
du médecin colonial Gaston Bourret en 1917 dans son laboratoire de Nouméa. Enfin
ce sont les médecins militaires coloniaux Girard et Robic qui réussirent à
mettre au point en 1932 à Tananarive un vaccin anti-pesteux efficace.
La variole fit l'objet d'une lutte constante dès les premiers temps de la
colonisation aussi bien en Afrique qu'en Asie. L'action sans défaillance du
Service de santé des troupes coloniales a contribué de façon décisive à
l'éradication de cette maladie effroyable qui, faisait en France 10 000
victimes par an à la fin du 18e siècle. La vaccination, qui se faisait au début
de bras à bras fut grandement améliorée quand on put inoculer le virus à partir
de jeunes buffles, créer des centres vaccinogènes et transporter, grâce à
Calmette, lui aussi médecin colonial, la lymphe vaccinale en tubes scellés.
La fièvre jaune, affection virale redoutée, endémique en Afrique et Amérique,
fit des incursions dans les ports européens au XIXe siècle (20 000 morts à
Barcelone). Elle fit de très nombreuses victimes dans le corps de santé
colonial, comme en témoignent les monuments de Dakar et de Saint-Louis du
Sénégal. Il faut attendre 1927 pour que le médecin colonial Laigret puisse
obtenir un vaccin grâce au virus recueilli à Dakar sur un malade. Par la suite
la vaccination par le vaccin de Dakar et le vaccin américain Rockefeller permit
d'obtenir rapidement un contrôle quasi-complet de cette affection souvent
mortelle.
Le paludisme, dont le parasite responsable, l’'hématozoaire, fut découvert par
le médecin militaire Alphonse Laveran à Constantine en 1880. Le paludisme reste
la principale cause de mortalité infantile sous les tropiques. Il faisait et
fait partie du quotidien du médecin tropicaliste. Les premiers médecins qui
s'acharnèrent à le combattre à travers son vecteur, le moustique, furent
surnommés par les autochtones les "capitaines moustiques ». Le médecin
colonial Victor Le Moal s'illustra particulièrement dans cette lutte anti-
moustique à Conakry.
La maladie du sommeil ou trypanosomose, parasitose particulièrement redoutable,
atteint le système nerveux central en provoquant une apathie, des troubles du
comportement et un état de délabrement organique cachectique extrême qui
aboutit à la mort. Nombreux sont les médecins qui furent contaminés en la
combattant, et parfois en sont morts. Cette affection dépeuplait en Afrique noire
des régions entières. Elle fit très tôt l'objet d'études qui vont permettre au
médecin colonial Jamot, grand nom de la médecine tropicale de développer son
action
La lèpre, une autre vieille connaissance, quasi disparue d'Europe, atteint la
personne dans son apparence physique ainsi que dans sa dimension sociale.
Marchoux va organiser la lutte contre cette maladie mutilante, lutte qui sera
poursuivie et développée par le médecin général Richet en collaboration avec
Daniel Follereau. De nombreux médecins coloniaux se consacreront à cette lutte
difficile, dont Léon Stevenel qui isola le principe actif de l'huile de
Chaulmoogra, seul médicament d'une certaine efficacité avant qu'apparaissent
les sulfones.
La méningite cérébro-spinale à méningocoque, endémo-épidémique en Afrique tuant
encore et toujours des milliers d’enfants, dont certains dans mes bras, au
Burkina-Faso à Bobo-Dioulasso, au Mali à Djenne, dans une zone que l’on nomme
encore la ceinture de Lapeyssonie du nom d’un illustre médecin colonial qui a
tant dispensé aux pays sahéliens et qui a transmis son savoir à des légions de
médecins tropicalistes et à moi-même dans les années 80.
Médecin colonial, je suis, médecin colonial, je reste, car chemin faisant je
termine ma carrière dans un quartier multiculturel et je soigne hommes et
femmes de 49 nationalités différentes dont de nombreux « colonisés ». Nous
devons croire que le « criminel » que je suis, ne fait plus peur à toutes ces
victimes de la colonisation tant ma patientèle est grande. Les « souffrances
endurées », par la faute du « bourreau-tortionnaire » que je suis, ont été vite
oubliées et pardonnées tant l’attachement de mes patients est profonde.
Mr MACRON, votre insulte envers tous ces Hommes dont la devise «Sur mer et
au-delà des mers, pour la Patrie et l'Humanité, toujours au service des Hommes
» a toujours été respectée jusqu’à la mort pour certain, ne fait pas honneur à
un homme qui pense pouvoir être un jour président. Je vous suis reconnaissant
d'au moins une chose : si j'ai pu avoir quelque hésitation à vous écouter au
gré de vos shows politiques, tant votre charme de beau-fils idéal, de prince
charmant des banques d’affaire, de bonimenteur, discoureur et beau phraseur
m’avait interpellé, vous m'avez définitivement libéré de cette faiblesse. Je
vous laisse à vos fans, cadres urbains diplômés en communication ou en
sociologie, geek asociaux et bobos aux vélos électriques, vous qui n’avez
jamais été confronté par vos mandats inexistants ou par vos activités
professionnelles à la misère et la pauvreté, à la souffrance, à la violence et
la guerre, au communautarisme, à l’islamisme radical. Restez dans votre bulle
et qu’elle n’éclate pas.
Monsieur Macron, bradeur d’histoire, j’ai la mémoire qui saigne.
Le Doc