Dernier avion pour Paris
Un court séjour à Erevan, sous le signe de Covid-19
Varoujan Sirapian
Erevan, 21 mars 2020
Arrivant à Erevan le samedi 7
mars au soir, nous n’avions pas imaginé que notre séjour, initialement prévu pour 5 semaines, serait ainsi écourté nous obligeant de prendre le dernier vol
d’Air France pour rentrer à Paris, dimanche le 22 mars.
À ce propos nous
remercions l’ambassade de France qui nous a informé très rapidement sur la
situation concernant les connexions entre l’Arménie et la France et qui nous a conseillé de
rentrer au plus vite en France avant que les liaisons soient suspendues.
Notre voyage avait trois buts :
1) travailler sur la version
française d’une nouvelle encyclopédie, « L’Arménie connue et inconnue »
(publication prévue courant 2020),
2) avancer sur le projet du « Prix
de l’espoir francophone » coorganisé par l’Institut Tchobanian et l’UFAR
(Université française d’Arménie), avec le soutien des Éditions Sigest.
3) Rencontres officiels avec les
instances arméniennes.
Heureusement les réunions et les séances
de travail pour les deux premiers projets ont pu être réalisés à temps. Quant aux
rencontres officielles, tous ont été annulées à cause des perturbations liées
au virus Covid-19.
Concernant le virus quelques repères :
le premier cas en Arménie a été constaté le 1er mars. Rapidement isolé, traité, le patient est depuis guéri.
Ensuite jusqu’à 11 mars aucun cas
constaté. À partir du 12 mars les choses se sont accélérées : au total 4 cas
le 12 mars, 6 le 13, 13 le 14 mars, 20 le 15 et 30 le lundi 16 mars. Date à
laquelle le gouvernement a décidé de prendre les mesures nécessaires pour endiguer
la propagation du virus (donc 2 semaines après la première parution d'un cas lié au coronavirus). Une réaction très rapide en comparaison aux atermoiements du gouvernement français, avant de décider déclarer « la
guerre » au virus.
Dès mardi 17 mars, donc du jour
au lendemain de cette décision gouvernementale les boutiques, cafés,
restaurants… d'Erevan ont commencé à baisser leur rideau. Le marché des artisans, le
fameux « Vernissage » était presque vide. Les consignes classiques : lavage fréquent des mains, porter des masques (ici on
croit à l'efficacité de la masque), porter des gants, rester confiné et ne pas sortir
dans la rue sauf nécessité absolue… tous ces consignes de bon sens ont été
adopté par les Yerevantsis (habitants d’Erevan). On a constaté que l’on
trouvait très facilement des masques, alcoogel, gants jetables… de plus à des
prix très raisonnables. Le personnel hospitalier (bien dotés en masque) se
sont dévoués corps et âmes pour prendre en charge les malades. Ce qui a déclenché un mouvement de solidarité
spontané dans certains quartiers d'Erevan avec des applaudissement aux fenêtres tous les
soirs.
Au moment où nous écrivons ces
lignes le nombre de cas ayant contracté le virus est passé à 160, une personne
guérie et zéro décès.
Ici pas de braquage d’hôpital pour
voler des masques pour ensuite les vendre au marché noir (sans jeu de mots)
comme on voit à Paris et région. Ici pas d’échauffourée avec la Police (elle est crainte
et respectée). Ici pas de bravade pour « résister » aux consignes.
Normal, ici il n’y a pas de racaille (les rares hooligans sont envoyés vite
fait derrière les barreaux) ni de BoBo en manque de sensation pour
exprimer leur « liberté ».
La parole du gouvernement arménien est
audible et considérée. Le chef du gouvernement Nikol Pachinian aimé et soutenu par la grande majorité de la population.
Ces quelques jours de libres (semi-confinement) avant de
prendre notre vol nous a permis de circuler au centre d’Erevan habituellement fréquenté
par les touristes en cette période et avec un trafic assez dense à certaines
heures. On voit bien le contraste dans ces images.
17 mars 2020, 14h00, Hrabarag (Place de la République) |
Les "shadirvan" donnant sur la place de la République, complètement vide, 17 mars 2020 |
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Hrabarag, 20 mars 2020, habituellement pleine de monde avec un trafic dense autour. |
Le "Vernissage" le marché des artisans, 20 mars 2020 14h, complètement vide. |
Le personnel de l'hôpital de Nork (Erevan). photo twittée par l'ambassade de France. |