L'aéroport de Stepanakert prêt à prendre son envol...
L'aéroport
civil de Stepanakert, dont la construction s'est achevée en 2011, est
maintenant opérationnel et prêt à accueillir des vols commerciaux. Il a
en effet obtenu sa certification en bonne et due forme début octobre. La
mise en activité de cet aéroport contribuera à compléter le
désenclavement du Haut Karabagh, et l'on mettra moins d'une heure pour
se rendre de Stepanakert à Erevan par la voie des airs. Même
l'Azerbaïdjan, qui avait pourtant menacé de s'en prendre aux avions,
même civils, semble s'être résigné à voir fonctionner cet aéroport.
Vingt ans après la fermeture de l'aéroport de Stepanakert, pour cause
de guerre avec l'Azerbaïdjan, les avions de ligne pourraient très
prochainement assurer de nouveau la liaison entre la capitale du Haut
Karabagh et Erevan. Situé à une dizaine de km de Stepanakert, un
aéroport civil flambant neuf, qui a effacé tous les stigmates de la
guerre, est désormais prêt à accueillir les passagers des vols
commerciaux devant desservir la seule capitale de l'Arménie, dans un
premier temps. La construction de cet édifice polychrome dont la
structure, associant le béton et le verre fumé, n'est pas sans évoquer
les ailes déployées d'un oiseau, ou plutôt d'un avion, est achevée
depuis quelques mois, mais les avions étaient encore cloués au sol en
raison d'obstacles techniques et aussi politiques.
Si l'Arménie a fortement encouragé la renaissance de cet aéroport
civil, comme en témoignait la visite inaugurale du président arménien
Serge Sarkissian en septembre 2011, l'Azerbaïdjan s'y est montré
résolument hostile, allant jusqu'à menacer d'abattre tout avion, même
civil, qui utiliserait un aéroport qu'il considère comme illégal, au
même titre d'ailleurs que les autorités du Karabagh sur lequel Bakou
revendique toujours la souveraineté. La communauté internationale, tout
en dénonçant les menaces azéries, se montrait réservée quant à la mise
en œuvre d'un projet qui semblait avoir peu de chances d'aboutir. Mais
cet aéroport de taille modeste, s'il ressemble à un jeu de lego, n'a
rien d'un jouet satisfaisant quelque caprice ou envie de prestige des
autorités du Karabagh, mais répond à une exigence bien réelle de
désenclavement du territoire ; il a vocation a accueillir des avions et
des passagers bien réels, sur ses pistes et son terminal obéissant aux
normes les plus modernes, et rien ne s'y oppose plus apparemment depuis
le 1er octobre. Il a passé en effet avec succès le 28 septembre la
procédure de certification, et est prêt à accueillir des vols
commerciaux, a annoncé le chef du Département général de l'aviation
civile de la République du Haut Karabagh (RHK DGAC), Dimitri (Valery)
Adbachian, en précisant qu' « une commission du Département de
l'aviation civile d'Arménie a effectué une série de contrôles pour
décider de la conformité de l'aéroport de Stepanakert avec les critères
fixés par l'Organisation internationale de l'aviation civile (OIAC) ».
La menace de tirs azéris semble s'être éloignée du ciel du Karabagh
depuis que les médiateurs du Groupe de Minsk de l'OSCE, dans le cadre de
leur tournée du 10 au 13 juin dans la zone du conflit, ont obtenu des
autorités de Bakou que les avions civils utilisant cet aéroport ne
seraient pas la cible de l'armée azérie. Mais toute menace n'est pas
écartée, l'Azerbaïdjan estimant que de tels vols constitueraient autant
de violations de son espace aérien, auxquelles il serait en droit de
riposter, par des moyens technologiques si ce n'est par les armes, en
brouillant par exemple les systèmes de guidage. Les responsables de
l'aviation civile du Haut Karabagh ne s'en inquiètent guère, et
affirment que l'aéroport de Stepanakert est prêt à parer aux menaces
bien réelles de brouillage des systèmes d'aiguillage électroniques.
Concernant ces menaces, ouvertement évoquées par les media de Bakou, M.
Adbachian veut bien croire que l'Azerbaïdjan, pays membre de l'OIAC, ne
se livrera pas à de tels agissements, qui sont considérés comme des «
ingérences illégales dans le fonctionnement de l'aviation civile » par
le traité international dont il est signataire. Il a par ailleurs
précisé que les codes par lesquels se signalent les avions commerciaux
ne permettent aucune confusion et mettent ces avions de ligne à l'abri
de tirs éventuels visant des objectifs militaires. M. Adbachian n'a
toutefois pas indiqué quand serait lancé le vol inaugural assuré par la
compagnie nationale Artsakh Air, créée le 26 janvier 2011, mettant en
avant les quelques questions logistiques qu'il fallait régler d'ici là.
Seule certitude : l'aéroport de Stepanakert, et les 35 personnes qui y
travaillent, sont prêts à prendre leur envol et à accueillir les
passagers, au rythme de 200 par heure en vitesse de croisière. Il y a
quelques années, la réfection de la route entre Stepanakert et Erevan
avait déjà considérablement réduit la durée du trajet, que l'on peut
effectuer désormais en 5 heures ; avec l'ouverture de l'aéroport, la
capitale du Haut Karabagh sera à moins d'une heure de Erevan...
source : http://www.haut-karabagh.com/newsletter/2012-10-11/251/