samedi 20 octobre 2012

L'aéroport de Stepanakert

L'aéroport de Stepanakert prêt à prendre son envol...

AeroportL'aéroport civil de Stepanakert, dont la construction s'est achevée en 2011, est maintenant opérationnel et prêt à accueillir des vols commerciaux. Il a en effet obtenu sa certification en bonne et due forme début octobre. La mise en activité de cet aéroport contribuera à compléter le désenclavement du Haut Karabagh, et l'on mettra moins d'une heure pour se rendre de Stepanakert à Erevan par la voie des airs. Même l'Azerbaïdjan, qui avait pourtant menacé de s'en prendre aux avions, même civils, semble s'être résigné à voir fonctionner cet aéroport. 

Vingt ans après la fermeture de l'aéroport de Stepanakert, pour cause de guerre avec l'Azerbaïdjan, les avions de ligne pourraient très prochainement assurer de nouveau la liaison entre la capitale du Haut Karabagh et Erevan. Situé à une dizaine de km de Stepanakert, un aéroport civil flambant neuf, qui a effacé tous les stigmates de la guerre, est désormais prêt à accueillir les passagers des vols commerciaux devant desservir la seule capitale de l'Arménie, dans un premier temps. La construction de cet édifice polychrome dont la structure, associant le béton et le verre fumé, n'est pas sans évoquer les ailes déployées d'un oiseau, ou plutôt d'un avion, est achevée depuis quelques mois, mais les avions étaient encore cloués au sol en raison d'obstacles techniques et aussi politiques.

Si l'Arménie a fortement encouragé la renaissance de cet aéroport civil, comme en témoignait la visite inaugurale du président arménien Serge Sarkissian en septembre 2011, l'Azerbaïdjan s'y est montré résolument hostile, allant jusqu'à menacer d'abattre tout avion, même civil, qui utiliserait un aéroport qu'il considère comme illégal, au même titre d'ailleurs que les autorités du Karabagh sur lequel Bakou revendique toujours la souveraineté. La communauté internationale, tout en dénonçant les menaces azéries, se montrait réservée quant à la mise en œuvre d'un projet qui semblait avoir peu de chances d'aboutir. Mais cet aéroport de taille modeste, s'il ressemble à un jeu de lego, n'a rien d'un jouet satisfaisant quelque caprice ou envie de prestige des autorités du Karabagh, mais répond à une exigence bien réelle de désenclavement du territoire ; il a vocation a accueillir des avions et des passagers bien réels, sur ses pistes et son terminal obéissant aux normes les plus modernes, et rien ne s'y oppose plus apparemment depuis le 1er octobre. Il a passé en effet avec succès le 28 septembre la procédure de certification, et est prêt à accueillir des vols commerciaux, a annoncé le chef du Département général de l'aviation civile de la République du Haut Karabagh (RHK DGAC), Dimitri (Valery) Adbachian, en précisant qu' « une commission du Département de l'aviation civile d'Arménie a effectué une série de contrôles pour décider de la conformité de l'aéroport de Stepanakert avec les critères fixés par l'Organisation internationale de l'aviation civile (OIAC) ».

La menace de tirs azéris semble s'être éloignée du ciel du Karabagh depuis que les médiateurs du Groupe de Minsk de l'OSCE, dans le cadre de leur tournée du 10 au 13 juin dans la zone du conflit, ont obtenu des autorités de Bakou que les avions civils utilisant cet aéroport ne seraient pas la cible de l'armée azérie. Mais toute menace n'est pas écartée, l'Azerbaïdjan estimant que de tels vols constitueraient autant de violations de son espace aérien, auxquelles il serait en droit de riposter, par des moyens technologiques si ce n'est par les armes, en brouillant par exemple les systèmes de guidage. Les responsables de l'aviation civile du Haut Karabagh ne s'en inquiètent guère, et affirment que l'aéroport de Stepanakert est prêt à parer aux menaces bien réelles de brouillage des systèmes d'aiguillage électroniques. Concernant ces menaces, ouvertement évoquées par les media de Bakou, M. Adbachian veut bien croire que l'Azerbaïdjan, pays membre de l'OIAC, ne se livrera pas à de tels agissements, qui sont considérés comme des « ingérences illégales dans le fonctionnement de l'aviation civile » par le traité international dont il est signataire. Il a par ailleurs précisé que les codes par lesquels se signalent les avions commerciaux ne permettent aucune confusion et mettent ces avions de ligne à l'abri de tirs éventuels visant des objectifs militaires. M. Adbachian n'a toutefois pas indiqué quand serait lancé le vol inaugural assuré par la compagnie nationale Artsakh Air, créée le 26 janvier 2011, mettant en avant les quelques questions logistiques qu'il fallait régler d'ici là. Seule certitude : l'aéroport de Stepanakert, et les 35 personnes qui y travaillent, sont prêts à prendre leur envol et à accueillir les passagers, au rythme de 200 par heure en vitesse de croisière. Il y a quelques années, la réfection de la route entre Stepanakert et Erevan avait déjà considérablement réduit la durée du trajet, que l'on peut effectuer désormais en 5 heures ; avec l'ouverture de l'aéroport, la capitale du Haut Karabagh sera à moins d'une heure de Erevan...


source : http://www.haut-karabagh.com/newsletter/2012-10-11/251/