Pourquoi la bataille d’Alep serait-elle décisive pour les terroristes ?
De Amin Hoteit et Ahmed Farhat
C’est sur une surface d’à peine 18500
Km2 que la fine fleur des stratèges de tous bords s’est ruée, bardée de
son équipement au complet et de son enthousiasme guerrier : l’Heure a
sonné et c’est à Alep que tout va se jouer !
C’est à Alep, capitale économique et deuxième grande métropole syrienne que devrait s’infléchir le cours des événements de la campagne quasi universelle menée par les tambours de guerre occidentaux et régionaux contre la Syrie… C’est à Alep que leurs mercenaires devraient reprendre pied avant de se redéployer.
Pourquoi Alep et pour quelles raisons ? Le Docteur Amin Hoteit, expert en stratégie militaire et Général de brigade à la retraite, répond à nos questions lors d’une courte conversation téléphonique.
C’est à Alep, capitale économique et deuxième grande métropole syrienne que devrait s’infléchir le cours des événements de la campagne quasi universelle menée par les tambours de guerre occidentaux et régionaux contre la Syrie… C’est à Alep que leurs mercenaires devraient reprendre pied avant de se redéployer.
Pourquoi Alep et pour quelles raisons ? Le Docteur Amin Hoteit, expert en stratégie militaire et Général de brigade à la retraite, répond à nos questions lors d’une courte conversation téléphonique.
Les
bandes armées qui sévissent en Syrie ont déclaré que la « Bataille
d’Alep » serait décisive. Pourquoi Alep ? Pourquoi pas Damas… la
capitale du pays ?
Depuis plus
de 18 mois que les bandes terroristes sont lâchées sur la Syrie, elles
n’ont pas réussi à prendre le contrôle définitif d’une seule région du
pays en continuité avec les zones frontalières. Par conséquent,
contrôler Alep constituerait un « saut qualitatif » vers la victoire,
sinon le jeu est terminé ! C’est parce qu’elles n’ont pas pu prendre
Damas, Homs et Idlib… qu’elles se sont dirigées vers le Nord pour faire
main basse sur Alep et ainsi aboutir à une sorte de partition
territoriale face aux autorités. Si Alep leur échappe, aucun autre
territoire d’une telle importance, aucune autre ville syrienne ne
pourrait désormais faire leur affaire !
Que veut la Turquie ?
Le
gouvernement de Recep Tayyip Erdogan veut la victoire des bandes armées
à Alep, ce qui lui permettrait de justifier leur accueil sur le
territoire turc et surtout le soutien qu’il n’a cessé de leur prodiguer ;
soutien devenu un lourd fardeau pour Ankara qui, après avoir largement
contribué à allumer un incendie en Syrie, voit les flammes s’approcher
dangereusement pour peut-être la dévorer à son tour. Ce gouvernement
veut la victoire de sa guerre par mercenaires interposés, et seule cette
victoire l’autoriserait à poursuivre sa politique…
D’ailleurs, avant même que les bandes armées n’annoncent leur intention de faire d’Alep leur bataille décisive, Ankara a rejoint Washington pour de multiples réunions de coordination au plus haut niveau des services de renseignement et de l’armée... De plus, c’est de l’issue de cette bataille que dépend l’avenir d’Erdogan qui a un urgent besoin de marquer des points ; d’une part, contre ses adversaires au sein même de son propre parti dont le Congrès est annoncé pour la semaine prochaine;
d’autre part, contre les partis de l’opposition et de nombreuses franges de la société turque dont les critiques contre sa politique étrangère fusent de toutes parts !
Sans oublier qu’en raison de sa situation stratégique et de sa proximité avec l'Anatolie, Alep a beaucoup compté sous domination ottomane. Elle était déjà la deuxième grande métropole de l’Empire après Constantinople [Istanbul], le premier centre de commerce entre l'est et l'ouest, et si les ambassades occidentales étaient basées à Istanbul, Alep a toujours été le siège des missions consulaires.
Sans oublier non plus que le « Traité de Sèvres », conclu le 10 Août 1920 entre les alliés et l’Empire ottoman, rattachant Alep et sa région à la Syrie, fut refusé par Mustafa Kemal Ataturk qui l’annexa tout comme il annexa l’Anatolie et l'Arménie ; traité finalement remplacé le 24 juillet 1923 par le « Traité de Lausanne » plus avantageux pour la Turquie à plus d’un titre … Alep se retrouvant coupée de son port sur la Méditerranée, amputée d’une grande partie de son territoire, notamment du « Sandjak d’Alexandrette » [correspondant à peu près à l'actuelle province turque du Hatay ; NdT].
D’ailleurs, avant même que les bandes armées n’annoncent leur intention de faire d’Alep leur bataille décisive, Ankara a rejoint Washington pour de multiples réunions de coordination au plus haut niveau des services de renseignement et de l’armée... De plus, c’est de l’issue de cette bataille que dépend l’avenir d’Erdogan qui a un urgent besoin de marquer des points ; d’une part, contre ses adversaires au sein même de son propre parti dont le Congrès est annoncé pour la semaine prochaine;
d’autre part, contre les partis de l’opposition et de nombreuses franges de la société turque dont les critiques contre sa politique étrangère fusent de toutes parts !
Sans oublier qu’en raison de sa situation stratégique et de sa proximité avec l'Anatolie, Alep a beaucoup compté sous domination ottomane. Elle était déjà la deuxième grande métropole de l’Empire après Constantinople [Istanbul], le premier centre de commerce entre l'est et l'ouest, et si les ambassades occidentales étaient basées à Istanbul, Alep a toujours été le siège des missions consulaires.
Sans oublier non plus que le « Traité de Sèvres », conclu le 10 Août 1920 entre les alliés et l’Empire ottoman, rattachant Alep et sa région à la Syrie, fut refusé par Mustafa Kemal Ataturk qui l’annexa tout comme il annexa l’Anatolie et l'Arménie ; traité finalement remplacé le 24 juillet 1923 par le « Traité de Lausanne » plus avantageux pour la Turquie à plus d’un titre … Alep se retrouvant coupée de son port sur la Méditerranée, amputée d’une grande partie de son territoire, notamment du « Sandjak d’Alexandrette » [correspondant à peu près à l'actuelle province turque du Hatay ; NdT].
Que cherchent les mercenaires armés ?
Ils
cherchent à transformer Alep de capitale économique en capitale du
terrorisme, laquelle deviendrait le siège d’un nouveau « Conseil
National de Transition », que les Pays du Golfe s’empresseront de
reconnaître, maintenant que les bandes armées ont obtenu la promesse de
cette reconnaissance par l’administration US et le président français
François Hollande !
Mais ce n’est pas là leur seul but. D’un point de vue sociétal, Alep est en quelque sorte une petite Syrie à elle seule, car très représentative de l’ensemble de sa population et de ses composantes confessionnelles. La contrôler permettrait à la prétendue opposition syrienne de promouvoir sa soi-disant volonté d’établir un « système pluraliste », slogan menteur et hypocrite puisqu’il est désormais très clair que cette opposition obéit au diktat de la couleur unique… et que les chrétiens seront les grands perdants !
Mais ce n’est pas là leur seul but. D’un point de vue sociétal, Alep est en quelque sorte une petite Syrie à elle seule, car très représentative de l’ensemble de sa population et de ses composantes confessionnelles. La contrôler permettrait à la prétendue opposition syrienne de promouvoir sa soi-disant volonté d’établir un « système pluraliste », slogan menteur et hypocrite puisqu’il est désormais très clair que cette opposition obéit au diktat de la couleur unique… et que les chrétiens seront les grands perdants !
Vers où croyez-vous que cette bataille d’Alep se dirige ?
Les
insurgés sont tombés dans un piège et leurs ambitions reposent sur des
sables mouvants. La bataille de Syrie s’est soldée par sa victoire. Aux
terroristes d’accepter leur défaite. Rien à l’horizon ne suggère une
autre conclusion !
Dr Amin Hoteit
29/09/2012
29/09/2012
Article original : Al-manar
http://www.almanar.com.lb/ adetails.php?eid=317191&cid= 21&fromval=1
http://www.almanar.com.lb/
Article traduit de l’arabe par Mouna Alno-Nakhal