282 morts,
manifestations et appel à la grève
De nouveaux cadavres ont été
retirés dans la nuit d'une mine de l'ouest de la Turquie où un accident est
survenu mardi, portant à 282 le nombre de morts, a annoncé ce matin le ministre
de l'Énergie.
"À 08H00 (locales) nous
avons 282 morts", a déclaré Taner Yildiz à la presse.
Le précédent bilan de cette
catastrophe dans la mine de charbon de Soma, située dans la province de Manisa,
était de 274 morts.
De l'avis des autorités, il y
aurait encore près de 90 mineurs coincés sous la terre, mais leurs chances de
survie sont presque nulles.
"Nous n'avons pas retiré
de mineurs vivants (du puits) ces 12 dernières heures", a d'ailleurs
souligné le ministre, ajoutant que deux galeries étaient encore inaccessibles
aux équipes de secours.
La confédération des
syndicats de la fonction publique (KESK) en Turquie a annoncé mercredi soir
qu'elle déclencherait un mouvement de "grève" jeudi pour protester
contre la catastrophe minière de Soma qui a fait 274 morts selon un dernier
bilan officiel, mais provisoire.
"Ceux qui dans le cadre
de la politique de privatisation mettent en danger la vie des travailleurs au
nom de la réduction des coûts sont coupables du massacre de Soma et doivent en
répondre", déclare dans un communiqué mis en ligne sur son site la
confédération syndicale.
Le Premier ministre turc
Recep Tayyip Erdogan a été vivement pris à partie mercredi par des manifestants
qui lui reprochent de négliger la sécurité dans le secteur minier.
En dépit des efforts de secouristes,
les espoirs s'amenuisaient pour retrouver vivants une centaine de mineurs
encore bloqués sous terre dans la mine de charbon située à Soma (province de
Manisa), dans l'ouest du pays.
Mercredi à Istanbul, des
milliers de manifestants se sont heurtés à la police anti-émeute turque après
l'accident, a constaté un photographe de l'AFP.
Les manifestants, pour la
plupart membres de syndicats de gauche, ont scandé des slogans
antigouvernementaux, la police répondant par des tirs de gaz lacrymogènes et de
balles en caoutchouc.
Dans la soirée, la
confédération des syndicats de la fonction publique (KESK) a annoncé sur son
site qu'elle déclencherait un mouvement de "grève" dès jeudi pour
protester contre ce qu'elle a appelé le "massacre de Soma".
M. Erdogan, qui s'est rendu
sur place à la mi-journée, a fait état d'une "enquête approfondie"
sur les causes de l'accident.
Il a promis de faire toute la
lumière sur cette tragédie en rejetant toute responsabilité de son
gouvernement, accusé de négligence dans ce drame, affirmant "que les
accidents au travail arrivent partout dans le monde".
Sur place les secouristes
s'activaient désespérément à ressortir un mineur vivant du puits, mais les
brancards ne transportaient que des cadavres.
Un mineur d'une autre entreprise,
Mustafa Yildiz, venu aider ses collègues n'a néanmoins pas perdu espoir.
"Là on va retourner au
fond (...) pour essayer de sauver des gens, nos amis sont là, notre âme est
avec eux, à l'intérieur, ce sont nos frères, ce sont nos pères, ce sont les
nôtres (...), ce qui leur est arrivé aurait pu nous arriver à nous"
Un peu plus loin, un autre
mineur qui vient juste de sortir de la mine, Murat Kurkoglu, affiche, lui, son
pessimisme: "on va essayer de sortir ceux qui sont encore bloqués, un par
un (...) Mais vous savez très bien qu'il n'y a plus d'espoir, c'est fini pour
eux".
Le médecin responsable des
secours pour l'association SAR (Search and Rescue), Erdem Bakin, a souligné les
risques encourus par les sauveteurs.
"On ne va pas au-delà de
100 m au fond de la mine, personne ne peut aller jusqu'au bout, c'est impossible,
car il y a de très grands risques d'asphyxie à cause du gaz", dit le
spécialiste, tout en voulant garder un peu d'espoir.
Trois jours de deuil national
ont été décrétés.
787 employés se trouvaient
dans les galeries souterraines au moment de l'explosion mardi après-midi. Selon
les autorités 363 mineurs ont été sauvés et, selon la compagnie qui gère la
mine, "près de 450" .
- Le gouvernement critiqué -
La responsabilité du
gouvernement est pointée du doigt.
Selon les médias locaux,
trois semaines auparavant, le parlement a refusé de former une commission pour
faire un état des lieux sur la sécurité des mines en Turquie. Les trois partis
d'opposition ont soumis des propositions qui ont toutes été refusées par l'AKP,
le parti majoritaire de la justice et du développement.
Lors de son intervention à la
mairie de Soma, M. Erdogan a balayé les critiques, donnant des exemples
d'accidents survenus dans plusieurs pays occidentaux.
À sa sortie, plusieurs
dizaines d'habitants en colère ont hué le Premier ministre, certains scandant
"gouvernement démission" malgré un nombre important de policiers qui
se sont immédiatement interposés.
Les manifestants ont donné
des coups de pieds au véhicule dans lequel se trouvait le dirigeant turc.
Le ministère du Travail a,
quant à lui, publié un communiqué dans lequel il affirme que la mine de Soma a
été contrôlée en mars et qu'aucune atteinte aux réglementations en vigueur n'a
été relevée
Le bureau du procureur
régional a lancé mercredi une enquête judiciaire sur cet accident. (AFP, 14 mai
2014)
Plusieurs dizaines
d'habitants en colère de la ville de Soma (ouest de la Turquie), frappée par une
catastrophe minière, ont manifesté contre le Premier ministre Recep Tayyip
Erdogan qui s'est rendu sur les lieux, l'appelant à démissionner, a rapporté
l'agence de presse Dogan.
Des manifestants s'en sont
pris à son véhicule officiel malgré un dispositif policier, lui donnant des
coups de pied, selon l'agence.
M. Erdogan qui est sorti de
la voiture sous les huées des protestataires est rentré dans un commerce avant
d'en ressortir quelques minutes après, selon les images diffusées par cette
agence.
Peu avant, le chef du
gouvernement turc s'était adressé à la presse dans cette ville, annonçant un
nouveau bilan provisoire de 238 mineurs tués à la suite de cette catastrophe
industrielle, l'une des pires qu'ait connue la Turquie.
Il a aussi rejeté les critiques
concernant une éventuelle négligence de son gouvernement islamo-conservateur,
affirmant que les accidents miniers "se produisent partout dans le
monde", en citant par ailleurs des accidents survenus aux XIXe et XXe
siècles en Grande-Bretagne et en France notamment.
Selon les médias locaux, il y
a trois semaines le Parlement avait refusé de former une commission pour faire
un état des lieux sur la sécurité des mines en Turquie. Les trois partis
d'opposition avaient soumis des propositions qui ont toutes été refusées par
l'AKP, le parti majoritaire de la Justice et du développement dirigé par M.
Erdogan.
Autres manifestations
L'accident a provoqué une
nouvelle poussée de fièvre antigouvernementale dans le pays.
La police turque a tiré des
gaz lacrymogènes mercredi à Ankara contre des centaines d'étudiants qui
manifestaient contre le régime islamo-conservateur qu'ils tiennent pour
responsable de l'accident qui a tué 205 mineurs dans l'ouest de la Turquie.
Les 700 à 800 manifestants
voulaient marcher d'un campus d'Ankara au ministère de l'Énergie situé dans le
même district, conspuant le gouvernement du Premier ministre Recep Tayyip
Erdogan.
Les manifestants ont riposté
à l'intervention de la police antiémeute, qui a aussi fait usage de canons à
eau, par des jets de pierre.
Le drame, l'une des pires
catastrophes industrielles de Turquie, a provoqué une forte réaction sur les
réseaux sociaux notamment envers le gouvernement, accusé de négligence et
d'indifférence contre le sort des travailleurs et des plus démunis en général,
et des appels à manifester ont été lancés.
Des manifestations
sporadiques ont eu lieu à Ankara et Istanbul, selon les médias.
Dans cette dernière ville,
une quinzaine de personnes se sont couchées pendant dix minutes sur le sol du
métro de Taksim, place emblématique de la mégapole, pour rendre symboliquement
hommage aux victimes de la catastrophe.
Le régime turc a été la cible
d'une fronde inédite l'été dernier, qui était précisément parti d'un projet
d'urbanisation à Taksim, pendant laquelle des millions de personnes sont
descendues dans les rues à travers le pays pour dénoncer son
"autoritarisme" et sa "dérive islamiste". (AFP, 14 mai 2014)
INFO-TURK