vendredi 2 mai 2014

Un journaliste et une militante azéris persécutés à Bakou

Un journaliste et une militante des droits de l'homme azéris persécutés à Bakou


L’Azerbaïdjan n’a pas bonne presse auprès des organisations internationales de défense des professionnels de la presse comme des défenseurs des droits de l’homme. Les menaces que fait peser le régime de Bakou sur le journaliste et analyste politique azerbaïdjanais reconnu, Rauf Mirkadyarov, comme sur la militante des droits de l’homme Leyla Yunus ne sont pas de nature à rehausser son crédit. L’Azerbaïdjan figure dans le peloton de tête des pays à risques pour les journalistes, derrière toutefois sa plus proche alliée, la Turquie, et il ne faut donc pas s’étonner que celle-ci ait expulsé le 19 avril le journaliste azéri vers l’Azerbaïdjan où il a été aussitôt arrêté sous l’accusation de haute trahison que lui valent apparemment les nombreux voyages qu’il a effectués en Arménie. Le journaliste encourt une peine d’au moins 10 ans d’emprisonnement. Le sort de R. Mirkadyarov inquiète les organisations de défense des droits de l’homme, dont Human Rights Watch, qui se mobilisent pour que les gouvernements fassent pression sur l’Azerbaïdjan.

A Bakou, seul l’Institut pour la Paix et la Démocratie (IPD) a osé dénoncer l’arrestation du journaliste, victime expiatoire de l’interdit du régime azéri frappant tout contact entre citoyens de l’Azerbaïdjan et de l’Arménie. La directrice de l’IPD, Leyla Yunus, qui avait elle aussi fait part de sa consternation, en déplorant l’impossibilité d’un dialogue entre ONG azéries et arméniennes, du moins sur le sol de l’Azerbaïdjan, depuis une décennie de présidence d’Ilham Aliev, a payé le prix fort pour son engagement en faveur d’un dialogue arméno-azéri. La célèbre militante azérie des droits de l’homme, et son mari Arif, analyste politique de renom lui aussi, ont en effet été arrêtés à l’aéroport de Bakou le 29 avril, alors qu’ils s’apprêtaient à s’envoler pour Doha, d’où ils devaient se rendre à Paris puis à Bruxelles. Leyla Yunus, qui connaît bien la France, où elle s’est vue décerner la légion d’honneur, récompensant son courage et sa sincérité politique qui lui ont valu également le prix international Theodor Haecher, remis en Allemagne, devait rencontrer des responsables et militants européens, notamment à Bruxelles, où elle devait participer à un événement organisé par la Commission européenne. Mais l’arrestation consécutive de R. Mirkadyarov et de L. Yunus, sont sans doute plus dommageables au crédit du régime que les rencontres de la plus célèbre des militants des droits de l’homme de l'Azerbaïdjan prévues dans la capitale européenne, même si le président Aliev entend noyer la répression et les critiques qu’elle suscite dans le monde, dans un océan de pétrole.