mardi 23 juin 2020

Liban : le rêve secret d'Erdogan




La présence turque fleurit au Liban 
où les cèdres se fanent

Une colonie turque de plus en plus imposante, dont la composante est diverse, s'implante au Liban :

- Environ 10 000 Ottomans qui sont restés au Liban après son  retrait de leur Empire (ottoman, ndlr) en 1918.
- Les descendants des mariages turco-libanais sunnites.
- Au nord du pays, dans le gouvernorat d'Akkar les villages ont une population d'origine turkmène. Lors d'une visite officielle au Liban, Recep Tayyip Erdogan, alors premier ministre, a visité la région et a convié la population à changer leur identité turkmène en "pure" turque.
- Entre 120 000 et 150 000 turco-syriens sunnites ont emigré au Liban dans les années 1990 pour y travailler ou fixer domicile permanent. Ils sont installés au nord et à l'est du pays ainsi qu'en banlieue nord de Beyrouth (capitale culturelle de la diaspora arménienne du Liban) à Bourdj Hammoud qui compte  encore une dense population arménienne.
- Environ 5000 extrémistes syriens sunnites auxquels la nationalité turque a été attribuée, ont été, par les services secrets turcs, déployés autour du village arménien d'Andjar à l'est du pays.

Ces dernières années des milliers de drapeaux turcs sont accrochés sur les balcons des différents quartiers de la ville de Tripoli dont la tour de l'horloge de la place All-Tall, construite à l'occasion du 30e anniversaire du règne du Sultan "rouge" (1906) a été rénovée avec les fonds de l'État turc. Et après restauration la municipalité  l'a nommée "Tour du sultan Hamid II".

La Turquie a ouvert des centres médicaux et des écoles ou le turc est enseigné par des agents secrets dissimulés en enseignants et les bourses sont octroyées aux jeunes Libanais pour des études dans les universités turques.

Sur le plan militaire, 170 soldats turcs sont placés le long de la frontière israélienne, sous l'égide de l'ONU.

Des 250 000 Arméniens au Liban pendant la guerre civile (1975-1990), il n'en reste actuellement qu'entre 30 et 35 000 et ils font face à trois défis de taille. La pandémie, une crise financière sans précédent et indépendante de celle sanitaire (la livre libanaise a perdu 70% de sa valeur depuis trois mois) et enfin la présence d'une colonie turque empoisonnée par une passion anti-arménienne, soutenue par Ankara qui, rêvant d'un passe "glorieux" de l'Empire ottoman,  y déploie tous ses moyens diplomatiques et militaires subversifs.

Zaven Gudsuz
22.06.2020

sources : 
K. Yazedjian, Erevan
Keghart, Toronto