Regard de juriste sur le conflit du Haut-Karabakh
Peut-être la
problématique réduite à ces deux termes est-elle mal posée : elle est en
tout cas aujourd’hui dépassée. Un dirigeant qui revendique comme sien un
territoire endosse automatiquement comme sienne la population qui y vit. C’est
donc, si l’on s’en tient à sa rhétorique, contre une partie de sa propre
population qu’il utilise les armes les plus sophistiquées – pour certaines,
telles les bombes à sous-munitions, interdites par le droit international –
pour tuer et détruire vies, infrastructures, habitat. De ce point de vue,
chaque frappe en terre karabakhtsie mine la position de son auteur,
transformant la guerre en nettoyage ethnique. Quand, de surcroît, on confie à
une puissance extérieure – dont à ce jour une trentaine de parlements
nationaux dans le monde ont reconnu que l’histoire avait été entachée par un
génocide – la direction des opérations et qui fait appel elle-même à des
jihadistes professionnels du crime, on voit s’avancer le spectre d’une
répétition de l’histoire : Archag Tchobanian avait déjà, en son temps,
dénoncé le silence coupable des grandes puissances…
Les arguties juridiques
ne sont plus de mise aujourd’hui. Depuis
le début des années 90, les Nations Unies ont reconnu l’existence du devoir d’assistance humanitaire.
Le Conseil de Sécurité, où siègent les trois pays coprésidents du Groupe de
Minsk et auquel il revient de constater
l’existence d’une menace contre la paix, d’une rupture de la paix ou d’un acte
d’agression, doit décider, sans plus tarder, des mesures nécessaires pour maintenir la paix et la sécurité
internationales.
Les problèmes géopolitiques
posés par ce conflit dépassent de loin l’étendue des terres montagneuses du
Haut-Karabakh, pareille à celle d’un département français. Ils impactent, outre
ses acteurs, nombre de pays environnants mais aussi, quoique de façon dérobée, le
vivre ensemble pacifique entre chrétiens et musulmans qui tient tant à cœur à
notre pays.