De Clovis à Macron : vie et fin d’une nation ?
Nos politiques actuels montrent d’évidentes
ambitions personnelles. Elles sont cependant bien trop étriquées et mensongères
pour qu’elles se développent en une ambition pour la France et soient ainsi
utiles au pays, face aux dangers qui grondent. La réalisation d’une véritable
ambition politique individuelle devrait s’appuyer sur la réussite de la
collectivité qui a élu l’ambitieux. Si elle se trouve seulement satisfaite par
un succès privé, elle n’est qu’égoïsme, forfanterie et malheureusement
tromperie de ceux qui, en tant qu’ensemble solidaire, pour tout ou partie, ont
cru ou supposé ingénument que ce désir de réussite personnelle servirait la
nation. Ces gens, bavards et sans échine, corrupteurs et faux, ne laisseront
pas leur nom dans l’histoire. Au mieux, dans une quelconque note de bas de
page, un historien futur, évoquant la période que nous vivons, les citera comme
les insignifiants personnages d’un marécage politique, prélude boueux à la
grande résilience française. C’est en tout cas la perspective espérée et
motivante qui doit animer les citoyens si nous ne voulons pas qu’un autre
historien, dans une autre dimension, écrive, en anglo-saxon, un ouvrage de 350 pages,
faisant référence à un ancien pays, au titre probable suivant : « De
Clovis à Macron : vie et fin d’une nation. »
Pour diriger une puissance aussi
ancienne et sensuelle que la France, il faut entretenir une relation charnelle
avec elle. Son histoire est un héritage global avec ses bons et mauvais épisodes.
Les uns sont indissociables des autres tant les aspects sombres, par contraste,
donnent de la lumière aux pages glorieuses. Nous ne pouvons faire le tri car
nul ne peut se revêtir du contexte de telle ou telle époque. Ils participent
tous à la France d’aujourd’hui et à sa grandeur. Ils dirigent son avenir et génération
après génération ils nous obligent.
D’aucuns me diront que seul le
peuple est souverain et que ses dirigeants sont ceux qu’il a souhaités. En
sommes-nous sûrs ? Je crois, hélas, que toutes
sortes de manipulations, rendues possibles de nos jours par une technologie
soumise aux financiers méprisants, à une organisation internationale hostile
aux nations, et à une caste qui leur est intimement liée, ont permis l’établissement
d’une démocratie virtuelle, à moins que ce ne soit une dictature masquée. De
plus le politique est un professionnel au long parcours ce qui le contraint à acquérir
une mentalité conforme à des règles lentement établies, une sorte d’endoctrinement
ou de structuration de l’esprit. Quelle que soit son adhésion idéologique, il s’impose,
injustement, comme un indispensable spécialiste. Nous confions donc notre État à
des gens dont la politique est devenue le métier. Je ne nie pas qu’une certaine
expérience puisse être utile et que quelques-uns soient à leur place, mais l’intelligence,
la vision des rapports humains, la réflexion, le sens des autres, la vertu, l’amour
de la France, la culture, se trouvent plus aisément, ailleurs, que dans ce
milieu. Il y a, au demeurant, un détournement, de l’expression populaire d’autant
plus évidente que les partis de militants n’existent plus. Ils recueillaient, à
leur façon, la pensée des citoyens et, de ce fait, offraient à leurs
responsables un mandat légitime pour parler au nom d’une partie du peuple.
Cette organisation militante s’est effondrée. Nous sommes confrontés à un
hiatus entre les positions des politiciens et l’opinion véritable d’un peuple
privé de cette possibilité de faire émerger ses sentiments et de s’enthousiasmer
pour une cause véritable. La politique devrait redevenir l’affaire de tous.
Elle ne peut être la propriété d’un groupe fixant à ses membres des
comportements au travers de longues dérives. Ce clan finit par ne proposer au
peuple que des souhaits sous influence, habillés, selon le bord affiché, de
fausses différences. Ou encore il ne fait que relayer les exigences aberrantes
des minorités agissantes et menaçantes, qu’il fait siennes, car elles lui
paraissent utiles pour faire croire à la prise en compte de volontés
citoyennes. L’absurde et l’ubuesque sont ainsi, exposés en lieu et place de la
vertu et de la raison.
Le constat est d’évidence :
il n’y a plus guère cette indispensable porosité entre le peuple et ses représentants,
soumis obligatoirement au carcan des appareils partisans pervertis. À moins d’un
homme charismatique créateur de sa part d’histoire, les politiques d’aujourd’hui
les plus en vue n’ont pas la dimension leur permettant de répondre aux périls
qui menacent la France. Ils proviennent tous de la routine d’une situation de
paix, menés par des gestionnaires prétentieux aux principes flexibles. Ils ne
sauraient imaginer affronter une guerre de religion, une crise existentielle,
qui pourtant pointe à l’horizon de nos jours. Chez ces professionnels il y a
une large part d’amateurisme !
Ils sont inadaptés au dangereux
futur immédiat. Alors que faire ? Des élections présidentielles
approchent qui seront beaucoup plus déterminantes pour l’avenir du pays que les
précédentes. Cependant aucun des candidats potentiels ne semble répondre aux
puissantes obligations qui seront celles du futur chef de l’État. Si rien n’est
fait pour modifier cette absurde conséquence d’un système dévoyé, la France
courra à la catastrophe. Il faudrait donc inverser le processus actuel faisant
que les partis choisissent de soutenir un des leurs sans que ce candidat désigné
ait eu la moindre onction populaire préalable. Les citoyens sont totalement étrangers
à ces choix. Il leur est simplement demandé d’adhérer à une personnalité choisie
dans ce microcosme de l’entre-soi. Or nous constatons que les Français sont,
dans une immense majorité, d’accord sur les aspects fondamentaux d’une
politique nationale reposant principalement sur la sécurité et la souveraineté qu’aucune
des personnalités sélectionnées aujourd’hui n’affirme vouloir véritablement défendre,
bec et ongles ou contre vents et marées, selon la formule qui vous plaira.
J’écrivais, dans un ouvrage paru
en mars 2017[1], Il est nécessaire d’inverser
les règles de fonctionnement de la vie politique pour une plus grande démocratie
et une meilleure adhésion du peuple. Il faut aller du peuple vers une structure
souple et associative, à la suite d’un homme ou de quelques-uns, porteurs d’une
philosophie politique et non plus laisser ces entreprises politiques
existantes, établir une dictature sur la pensée et le choix des responsables… Des
mouvements sont nés récemment autour d’une idée ou d’une éthique. La « manif pour tous »,
« les veilleurs »… et quelques autres. Ils témoignent de cette
volonté populaire de s’exprimer en s’affranchissant des partis traditionnels. Ce système a fonctionné, dans
le lointain passé, avec la rédaction des cahiers de doléances. Aujourd’hui, j’ajouterais
le mouvement des « Gilets jaunes »,
mais aussi la « lettre – dite – des généraux ».
Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées, sans organisation préexistante,
dans un but déterminé. Il est certain que les réseaux sociaux, remplaçant les cafés
du commerce, ont seuls permis de tels rassemblements. La démocratie
revivifiée pourrait partir de ce nouveau média.
Quelques-uns pourraient ainsi
lancer sur ces réseaux la base d’une ligne directrice pour la France, susciter
le rassemblement de personnes dans plusieurs lieux du territoire qui éliraient
des délégués acceptant de rencontrer d’autres délégués et ainsi de suite jusqu’à
une réunion ultime désignant leur candidat. Ce procédé valable pour une élection
présidentielle pourrait se décliner pour quelques autres élections selon un
mode adapté. En développant cette idée, je me suis rendu compte que les
soviets, en Russie, avaient procédé d’un principe voisin. Je ne suis pourtant
pas communiste (à moins que face au totalitarisme financier et ultra
capitaliste, le patriote, plutôt bonapartiste, admirateur de Foch de Lyautey et
de Clemenceau, et parfois gaulliste, que je suis, ne le devienne…) Le principe
n’est donc pas utopique, quand bien même nos esprits, structurés à la fois par
des décennies d’un système électoral banal laissant quelques ambitieux proposer
leur candidature, et par une prétention à ne voir la démocratie ne fonctionner
que par cette unique méthode. Je rappelle le dernier alinéa de l’article 2
de la constitution sur lequel je vais revenir : « Le
principe (de la République) est le gouvernement du peuple, par le peuple et
pour le peuple ». Je constate que ce beau
principe est biaisé. L’article 1 n’est pas mieux appliqué spécifiant, dans
un second et récent alinéa que : « La loi favorise l’égal accès des
femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu’aux
responsabilités professionnelles et sociales. »
Je ne me fais cependant aucune
illusion. Une telle modification si elle venait à être envisagée se heurterait à
de multiples obstacles dont le principal serait une opposition d’un système
ancien se sentant menacé.
Mais supposons pour la beauté du
rêve que les Français réussissent à élire un président selon leurs vœux
profonds et une assemblée nationale conforme, enfin, aux souhaits réels des
citoyens. Le nouveau chef de l’État devrait dès son intronisation, agir par le
symbole. Le symbole révèle les ressorts les plus cachés de l’action en
anticipant le temps futur ; bien davantage que le langage,
il exprime le fond d’une pensée et la volonté de mise en œuvre d’une action. Il
s’adresse à l’inconscient et provoque des résonances en reliant l’individuel au
collectif. Il engage, il ne ment pas…
Je verrais donc, dans le premier
trimestre suivant l’élection du président de la grande résilience nationale, le
nouveau chef de l’État prendre quelques mesures éclairantes sur l’avenir. Après
le symbole initial du dépôt d’une gerbe sous l’Arc de Triomphe, au pied du
soldat inconnu et sous le regard attentif des gloires militaires de la France,
suivraient des décisions manifestant ses intentions.
Il ferait ainsi ôter la bannière
européenne sur tous les bâtiments officiels où elle fait une ombre dérangeante
au drapeau français, en contradiction avec l’article 2 de la constitution
stipulant que « L’emblème national est le drapeau tricolore, bleu, blanc,
rouge. »
Pour la même raison, et au nom du droit des Français à la compréhension,
il interdirait l’utilisation de toute autre langue que la nôtre sur notre sol,
dans nos productions écrites et matérielles et par nos représentants civils et
militaires à l’étranger et imposerait aux produits importés d’être présentés
exclusivement dans notre langue. Cet article 2, décidément, le prévoit
aussi : « La langue de la République est le
français. »
Il réaffirmerait notre indépendance
et rappellerait les officiers en poste au sein de l’OTAN et reviendrait à la
supériorité du droit français sur toute autre norme. Dans une même continuité, il
mettrait fin à la participation française aux organismes judiciaires européens
risquant de soumettre des Français, voire l’action de la France, à des juges étrangers.
Il rappellerait l’intégrité de l’ensemble du territoire national et demanderait
la mise en œuvre d’une étude pour l’intégration définitive des territoires d’outre-mer
– Nouvelle-Calédonie et Polynésie – à l’ensemble français.
Il ferait son tout premier voyage
officiel, en Russie, puis visiterait les pays africains francophones.
Il ferait revoir nettement à la
hausse le budget de la Défense et exigerait des mesures pour rétablir la souveraineté
totale de notre production d’armement.
Il déclarerait solennellement que
la France est fière de son histoire et n’a pas à la fractionner ni à se
repentir de ce qui déplait à certains Français marginaux et étrangers. Il
ferait supprimer l’appellation « Loi mémorielle »
et la remplacerait par l’expression « affirmation solennelle »
sans vraie valeur juridique, car l’histoire, science des faits passés, ne se décrète
pas. Il ajouterait que la France reconnait la supériorité du droit des nations sur
celui des individus.
Il engagerait une réforme de l’Éducation
nationale reposant sur la recherche d’une connaissance de base pour tous et sur
la sélection des élèves, en donnant comme axe éducatif l’enseignement du Français,
des sciences, de l’histoire et de la géographie. Il éloignerait les parents des
établissements d’enseignement.
Il lancerait la création d’un
organisme pour l’exploitation des richesses recelées par les 11 millions
de km2 du domaine maritime national, à l’image du CEA en son temps, et
engagerait un développement nouveau de la filière nucléaire.
Et surtout, en matière de sécurité,
il établirait un contrôle aux frontières. Il donnerait l’ordre de revoir les
conditions d’ouverture du feu pour les forces de l’ordre en les rendant plus
simples. Demanderait l’organisation d’un referendum sur le rétablissement de la
peine de mort dans certains cas et ferait mettre en œuvre une politique de
rapatriement des émigrés dans leur pays d’origine et ferait réétudier toutes
les aides sociales qui leur sont destinées. Il engagerait une réforme en
profondeur du système judiciaire. Il exigerait des binationaux un choix. Il
affirmerait que l’islam n’est pas une religion compatible avec la laïcité ni
avec la civilisation française et inviterait les musulmans à en tirer les conséquences.
Il ferait aussi abolir, par le nouveau parlement, toute la législation portant
atteinte à la dignité et à la normalité de la famille…
Cette liste n’est évidemment pas
exhaustive. Il est certain que toutes ces mesures essentiellement symboliques
engageraient l’avenir et obligeraient à une politique fondamentalement
nouvelle. Elles apparaitraient comme les prémices d’une renaissance de la
France. Nul doute qu’un tel chef de l’État, entamant son mandat avec de telles
indications symboliques, maintiendrait l’adhésion sans faille du peuple qui l’aurait
élu car, avide d’espoir, il serait dès lors assuré d’un avenir pour la France
conforme à la trajectoire de son histoire.
Henri ROURE