jeudi 24 janvier 2013

Israël/ La XIXe Knesset

Israël/ La XIXe Knesset

La droite reste en tête. Le centre se métamorphose. Et on trouve désormais des rabbins dans les partis laïques.


PAR MICHEL GURFINKIEL.

Consolidation à droite, petite poussée à gauche, recomposition au centre : c’est le bilan des élections israéliennes du 22 janvier.

Consolidation à droite : le Likoud (Rassemblement conservateur) de Benjamin Nethanyahu disposait de 27 sièges dans la XVIIIe Knesset, élue en 2009. Il en obtient 31 dans la XIXe, après avoir absorbé le parti de centre-droit Israël Beitenu (Notre Maison Israël) d’Avigdor Liebermann. Les partis religieux passent de 24 à 28 sièges. Au total, la droite passe de 51 sièges à 59 sièges.

Petite poussée à gauche. Les travaillistes passent de 13 à 15 sièges. Le Meretz (extrême-gauche), ressuscite : de 3 à 7 sièges. Au total, la gauche passe de 16 à 21 sièges.

Recomposition au centre. En 2009, deux partis centristes s’étaient imposés. Kadima, le parti lancé par Ariel Sharon en 2005, peu de temps avant l’accident cardiovasculaire qui devait l’éliminer de la scène politique, restait le premier parti à la Knesset, avec 28 sièges : mais au prix d’un glissement à gauche voulu par son nouveau leader, Tsipi Livni. Israël Beitenu, qui avait fait figure jusque là de porte-parole des immigrants de l’ancienne URSS, devenait un parti majeur de centre-droit, nationaliste en politique étrangère mais réformateur et laïque en politique intérieure, avec 15 sièges.

Tsipi Livni, pressentie en premier lieu pour former un cabinet, n’était parvenue ni à conclure une entente avec Liebermann, ni à mettre sur pied une coalition plus large. Liebermann avait préféré s’allier avec la droite. Quatre ans plus tard, ces deux formations se sont désintégrées. Liebermann, mis en examen pour diverses affaires, a du se résoudre à faire liste commune avec Nethanyahu. Kadima est tombé à 2 sièges. Livni, qui l’a deserté, n’a obtenu que 6 sièges.

Mais un nouveau parti centriste a fait irruption : Yesh Atid (Avenir) de Yaïr Lapid. Cette formation, plus proche du centre-droit que du centre-gauche, a absorbé l’aile droite de l’ancien Kadima et l’aile gauche d’Israel Beitenu. Elle obtient 19 sièges, et devient le deuxième parti du pays, derrière le Likoud. Nationaliste laïque, comme Israel Beitenu, elle compte cependant parmi ses élus deux rabbins orthodoxes…

Les formations se réclamant du nationalisme arabe, de l’islam et de l’irrédentisme palestinien sont passées de 11 à 12 voix. Elles restent nettement en deçà du potentiel électoral de la minorité arabe, évalué à 15 % au moins des voix et une vingtaine de sièges à la Knesset. Les abstentionnistes arabes voudraient voter pour des partis démocratiques israéliens mais n’osent le faire dans des localités contrôlées par les ultras de leur communauté.

Conclusions : l’alliance électorale Likoud-Israël Beitenu n’a ni renforcé le Likoud ni sauvé Israël Beitenu. Nethanyahu devrait se succéder à lui-même, en s’entendant à la fois avec Lapid et avec les divers partis religieux. Ce qui serait moins difficile qu’on le croit.

Quant à la gauche israélienne, en se déclarant prête à une éventuelle alliance parlementaire avec les partis arabes extrémistes, elle se met hors jeu aux yeux du centre-droit.

Mais l’avenir, en Israël plus que nulle part ailleurs, est à Dieu, et Lui seul…

© Michel Gurfinkiel, 2013