Israël/ La XIXe Knesset
La
droite reste en tête. Le centre se métamorphose. Et on trouve désormais des
rabbins dans les partis laïques.
PAR MICHEL GURFINKIEL.
Consolidation
à droite, petite poussée à gauche, recomposition au centre : c’est le
bilan des élections israéliennes du 22 janvier.
Consolidation
à droite : le Likoud (Rassemblement conservateur) de Benjamin Nethanyahu
disposait de 27 sièges dans la XVIIIe Knesset, élue en 2009. Il en obtient 31
dans la XIXe, après avoir absorbé le parti de centre-droit Israël Beitenu
(Notre Maison Israël) d’Avigdor Liebermann. Les partis religieux passent de 24 à
28 sièges. Au total, la droite passe de 51 sièges à 59 sièges.
Petite
poussée à gauche. Les travaillistes passent de 13 à 15 sièges. Le Meretz (extrême-gauche),
ressuscite : de 3 à 7 sièges. Au total, la gauche passe de 16 à 21 sièges.
Recomposition
au centre. En 2009, deux partis centristes s’étaient imposés. Kadima, le parti
lancé par Ariel Sharon en 2005, peu de temps avant l’accident cardiovasculaire
qui devait l’éliminer de la scène politique, restait le premier parti à la
Knesset, avec 28 sièges : mais au prix d’un glissement à gauche voulu par
son nouveau leader, Tsipi Livni. Israël Beitenu, qui avait fait figure jusque là
de porte-parole des immigrants de l’ancienne URSS, devenait un parti majeur de
centre-droit, nationaliste en politique étrangère mais réformateur et laïque en
politique intérieure, avec 15 sièges.
Tsipi
Livni, pressentie en premier lieu pour former un cabinet, n’était parvenue ni à
conclure une entente avec Liebermann, ni à mettre sur pied une coalition plus
large. Liebermann avait préféré s’allier avec la droite. Quatre ans plus tard,
ces deux formations se sont désintégrées. Liebermann, mis en examen pour
diverses affaires, a du se résoudre à faire liste commune avec Nethanyahu.
Kadima est tombé à 2 sièges. Livni, qui l’a deserté, n’a obtenu que 6 sièges.
Mais
un nouveau parti centriste a fait irruption : Yesh Atid (Avenir) de Yaïr
Lapid. Cette formation, plus proche du centre-droit que du centre-gauche, a
absorbé l’aile droite de l’ancien Kadima et l’aile gauche d’Israel Beitenu.
Elle obtient 19 sièges, et devient le deuxième parti du pays, derrière le
Likoud. Nationaliste laïque, comme Israel Beitenu, elle compte cependant parmi
ses élus deux rabbins orthodoxes…
Les
formations se réclamant du nationalisme arabe, de l’islam et de l’irrédentisme
palestinien sont passées de 11 à 12 voix. Elles restent nettement en deçà du
potentiel électoral de la minorité arabe, évalué à 15 % au moins des voix et
une vingtaine de sièges à la Knesset. Les abstentionnistes arabes voudraient
voter pour des partis démocratiques israéliens mais n’osent le faire dans des
localités contrôlées par les ultras de leur communauté.
Conclusions :
l’alliance électorale Likoud-Israël Beitenu n’a ni renforcé le Likoud ni sauvé
Israël Beitenu. Nethanyahu devrait se succéder à lui-même, en s’entendant à la
fois avec Lapid et avec les divers partis religieux. Ce qui serait moins
difficile qu’on le croit.
Quant
à la gauche israélienne, en se déclarant prête à une éventuelle alliance
parlementaire avec les partis arabes extrémistes, elle se met hors jeu aux yeux
du centre-droit.
Mais
l’avenir, en Israël plus que nulle part ailleurs, est à Dieu, et Lui seul…
© Michel Gurfinkiel, 2013