Trois militantes kurdes abattues à Paris
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http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/01/10/01016-20130110ARTFIG00423-trois-militantes-kurdes-abattues-a-paris.php
Leurs corps ont été découverts dans la nuit au Centre d'information du Kurdistan, dans le Xe arrondissement. Les meurtres qui suggèrent des exécutions seraient intervenus mercredi après-midi.
La scène du crime suggère une exécution. Trois militantes kurdes
d'origine turque ont été abattues dans la nuit de mercredi à jeudi au
Centre d'information du Kurdistan, situé dans le dixième arrondissement
de la capitale. Les corps ont été découverts peu avant 2 heures du matin
au premier étage d'un immeuble du 147, rue La Fayette. Deux des femmes
auraient été tuées d'une balle dans la nuque, la troisième aurait été
touchée au ventre et au front.
Aucune plaque ne signale la
présence de ce centre, dont l'accès est protégé par un digicode. Les
enquêteurs pensent que les militantes, qui étaient seules dans les
locaux, ont ouvert elles-mêmes à leur(s) assaillant(s). L'alerte a été
donnée par les proches des victimes qui n'arrivaient pas à les joindre
depuis mercredi après-midi. Le petit ami de l'une d'elles a tenté de se
rendre sur place mais n'avait pas les clés et n'a pu rentrer
immédiatement.
Une détonation entendue à 18 heures
Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Soylemez. Capture d'écran Firatnews.
Les policiers ont été appelés à 1h45 pour intervenir. Ils ont dû forcer la porte, révèle Europe 1,
et ont alors découvert une scène de crime ensanglantée. On ignore
encore l'heure à laquelle ont été tuées ces femmes mais un voisin a
confié à la radio avoir entendu une détonation vers 18 heures.
L'identité
des victimes a été confirmée par le responsable du centre Leon Edart,
responsable de la fédération des associations kurdes. Il s'agit de
Sakine Cansiz, l'une des fondatrices du Parti des travailleurs du
Kurdistan (PKK), Fidan Dogan, 32 ans, représentante du Congrès national
du Kurdistan (KNK), basé à Bruxelles, et Leyla Soylemez, une jeune
activiste, responsable des associations de jeunesse kurdes.
Selon
plusieurs manifestants rencontrés sur place, la cible principale de
l'attentat était Sakine Cansiz, une figure du mouvement kurde, qui a été
emprisonnée en Turquie. Ces membres de la communauté kurde à Paris
voient la main des services secrets turcs derrière l'attentat.
Sakine
Cansiz, une femme d'une cinquantaine d'années, avait, selon ces
témoignages, le statut de réfugié politique en France et voyageait
beaucoup en Europe, notamment en Allemagne et en Belgique.
«Responsable
de l'organisation des femmes kurdes, elle participait à de nombreuses
réunions. Il y a plus de deux cents associations kurdes en Europe, dont
une vingtaine en France», raconte une journaliste kurde au milieu de la
foule des manifestants. Selon cette journaliste qui a rencontré Sakine
Cansiz au début de la semaine au Centre culturel kurde, celle-ci venait
d'arriver à Paris, où elle était aussi suivie pour «des problèmes
santé». La militante ne lui avait alors pas paru «particulièrement
inquiète ou menacée».
Toujours selon cette journaliste kurde, les
bureaux du Centre d'information du Kurdistan se composent de deux
pièces auxquelles s'ajoutent une cuisine et une salle de bains, au 1er
étage du 147, rue La Fayette et ne sont pas spécialement sécurisés.
Dénonçant
des meurtres «insupportables», le ministre de l'Intérieur, Manuel
Valls, s'est déplacé sur place en début de matinée. «Soyez assurés de la
détermination des autorités françaises» pour résoudre cette affaire,
affirme-t-il. À la vue du ministre, les manifestants ont scandé des
slogans tels que «Solution politique pour le Kurdistan» ou «Nous sommes
tous du PKK».
Peu de détails ont filtré sur les circonstances du drame. Mais les enquêteurs ont précisé au Figaro
que les Kurdes de cet institut auraient eu des différends avec la
communauté turque de la Seine-Saint-Denis, notamment les responsables
d'un journal turc.
Dès
l'annonce de ces assassinats, des centaines de Kurdes se sont
rassemblés devant l'immeuble, scandant «Elles ne sont pas mortes», «Nous
sommes tous PKK!», «Turquie assassin, Hollande complice!». La
Fédération des associations kurdes de France appelle les Kurdes d'Europe
«à se rassembler à Paris pour dénoncer cette attaque».
La section
antiterroriste du parquet de Paris a été saisie. Elle a confié
l'enquête à la sous-direction antiterroriste (Sdat) et à la section
antiterroriste (SAT) de la brigade criminelle de la police judiciaire.