jeudi 10 janvier 2013

Turquie, un triste record pour la presse

Turquie, un triste record pour la presse

 

par Patrick Kamenka, mercredi 9 janvier 2013
Ils sont soixante-dix. Soixante-dix journalistes turcs et kurdes derrière les barreaux, détenus sans jugement, en vertu de lois antiterroristes édictées depuis des décennies et que le gouvernement du premier ministre Recep Tayyip Erdogan n’a pas abolies. C’est un record dont devraient rougir les dirigeants, qui veulent donner de la Turquie une image d’autant plus positive qu’ils aspirent à ce qu’elle rejoigne l’Union européenne.

Comment expliquer que certains de nos confrères soient embastillés depuis de longs mois, voire depuis plusieurs années ? La réponse est claire : le Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir et les dirigeants turcs ne tolèrent pas que des journalistes puissent contester le régime, ni mettre en cause la politique d’Ankara sur la question kurde, ni faire la lumière sur les affaires de corruption. Il leur faut ainsi briser, réduire au silence, les sites et les journaux d’opposition.

Pour ce faire, le pouvoir n’hésite pas à utiliser tout l’arsenal de la répression : arrestations, saisies de matériels et de disques durs, accusations de connivence avec des organisations terroristes, tel que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Les journalistes sont alors enfermés dans des conditions moyenâgeuses.

Face à ces dénis de justice et cette mise en cause de la liberté d’expression, la solidarité internationale des journalistes, de leurs organisations syndicales telles que la Fédération internationale des journalistes et sa branche européenne, ainsi que d’autres organisations non gouvernementales ont réussi à largement mobiliser.

Certains journalistes ont pu dès lors être libérés. C’est notamment le cas de Soner Yalçin, qui se trouvait en détention préventive à la maison d’arrêt d’Istanbul-Silivri depuis vingt-deux mois. Il a recouvré la liberté le 27 décembre 2012. Il est néanmoins interdit de sortie du territoire et doit pointer chaque semaine auprès des autorités.

Yalçin pourra désormais reprendre son métier : celui d’informer. Mais il reste toujours soixante-dix journalistes kurdes et turcs embastillés.