Jamet le dimanche !
J’EXCUSE …
J’EXCUSE …
Dominique Jamet, vice-président de Debout la France depuis 2012 mais également journaliste depuis... toujours tient chaque semaine sur le site de Debout la France une chronique où il commente très librement l'actualité politique.
« J’accuse »…
C’est le titre, devenu légendaire, de l’article retentissant qui marqua
l’entrée d’Emile Zola dans l’affaire Dreyfus.
« J’excuse »…
C’est le refrain que certains ne craignent pas d’entonner ou de
reprendre en sourdine, sur fond de fusillades et d’explosions, alors
même que le sang des victimes n’a pas encore séché sur les trottoirs de
nos villes.
Pitié
dangereuse, pour reprendre le titre d’un roman de Stefan Zweig,
idéologie de la culpabilité et de la repentance occidentales, complicité
honteuse, compréhension poussée jusqu’à la soumission et à la
capitulation, c’est le plus souvent dans les couches supérieures de la
population, en clair chez des intellectuels déconnectés de la réalité,
chez des professionnels de la morale à la conscience pure et aux mains
blanches, voire chez des politiques en mal de clientèle que l’on voit
s’esquisser timidement les thèmes habituels de cette culture de l’excuse
qui est le masque avenant de l’abandon et de la désertion.
Nulle
voix, ou à peu près, ne s’était élevée en novembre dernier lorsque les
tueurs en action, la kalachnikov entre les mains et son canon encore
fumant, avaient été abattus par les forces de l’ordre alors même qu’il
apparaissait à tout observateur lucide que la peine capitale, abolie et
rayée des registres de la justice depuis 1981, était rétablie pour les
terroristes pris en flagrant délit. L’évidence et l’horreur du crime
faisaient taire toutes les objections.
Or,
voici que de beaux esprits, que de belles âmes, voici que des
porte-parole officiels de la majorité s’offusquent et s’effraient à
l’idée qu’une peine incompressible de détention et de sûreté, allant
éventuellement jusqu’à la réclusion perpétuelle, pourrait s’appliquer
aux coupables et aux complices des attentats déjà commis ou à venir.
Ce serait, disent-ils, une peine de mort lente pire que la peine de
mort classique. Et de plaider, alors même que la vague du terrorisme
déferle sur nous, pour une répression modérée de criminels qui ne le
sont pas.
Eh
bien non ! L’histoire ne retiendra pas de circonstances atténuantes
pour ceux qui par la doctrine qu’ils professent et les actes qu’ils
perpètrent, ne sont pas seulement en contravention avec la loi, voire en
rupture avec la communauté nationale, mais s’excluent de l’humanité.
Pourquoi la justice des hommes serait-elle plus clémente que la
postérité ?
Ni
la frustration, ni l’échec scolaire, ni l’échec social, ni les bavures
du passé colonial ni les ou de la discrimination, ni les frappes
aériennes sur le soi-disant Etat islamique au Levant, ni le ressentiment
ni la foi en un Dieu créateur de l’univers … aucune religion, aucune
philosophie, aucune morale, aucune culture, aucune civilisation ne
préconisent, n’admettent ni n’absolvent le massacre prémédité, délibéré
et concerté des innocents.
Lorsque
des assassins agissant en bande organisée commettent des crimes
particulièrement odieux et que, loin de se repentir, ils se déclarent
prêts à récidiver, lorsqu’ils sont effectivement coupables et restent
potentiellement dangereux, la justice sort-elle du droit en les
retranchant de la société ?
Imaginons
qu’au terme d’un procès en bonne et due forme, entouré de toutes les
précautions et de toutes les garanties que prévoit la loi, Salah
Abdeslam, reconnu coupable, soit condamné à la perpétuité telle qu’elle
fonctionne en France, c’est-à-dire non perpétuelle, en fait à trente ans
au maximum, compte tenu des cent trente victimes du 13 novembre, cela
reviendrait en somme à environ trois mois de prison par tête. Est-ce là
le juste prix d’une vie humaine ?
Dominique Jamet
27 mars 2016
27 mars 2016