Déclaration de Poutine
Moscou, Kremlin, 24 février 2022 – 06:00 (heure de
Moscou)
V. Poutine
Chers citoyens de Russie ! Chers amis !
Aujourd'hui,
je pense qu'il est à nouveau nécessaire de revenir sur les événements tragiques
qui se déroulent dans le Donbass et sur les questions essentielles pour assurer
la sécurité de la Russie même.
Je
commencerai par ce que j'ai dit dans mon discours du 21 février de cette année.
Je parle de quelque chose qui nous préoccupe particulièrement, des menaces
fondamentales qui, d’années en années, étape par étape, sont créées de manière
flagrante et sans cérémonie, année après année, par des politiciens
irresponsables de l'Ouest contre notre pays. Je fais référence à l'expansion du
bloc de l'OTAN vers l'Est, qui rapproche son infrastructure militaire des
frontières de la Russie.
Il est
bien connu que, depuis 30 ans, nous essayons avec constance et patience de
parvenir à un accord avec les principaux pays de l'OTAN sur les principes d'une
sécurité égale et indivisible en Europe. En réponse à nos propositions, nous
nous sommes constamment heurtés soit à des tromperies et à des mensonges
cyniques, soit à des tentatives de pression et de chantage, alors que dans le
même, l'Alliance de l'Atlantique Nord, malgré toutes nos protestations et nos
préoccupations, ne cesse de s'étendre. La machine de guerre est en marche et,
je le répète, s'approche au plus près de nos frontières.
Pourquoi
tout cela arrive-t-il ? Pourquoi cette façon insolente de [nous] parler depuis
une position d'exclusivité, d'infaillibilité et de permissivité ? D'où vient
cette attitude indifférente et dédaigneuse à l'égard de nos intérêts et de nos
demandes parfaitement légitimes ?
La
réponse est claire, [pour nous] tout est clair et évident. L'Union soviétique s'est
affaiblie à la fin des années 1980 avant de s'effondrer complètement. Toute la
suite des événements qui se sont alors déroulés est aujourd’hui une bonne leçon
pour nous ; elle a montré de manière convaincante que la paralysie du pouvoir
et de la volonté est le premier pas vers une dégradation total et une
disparition complète. Il a suffi que nous perdions un temps notre confiance, et
voilà le résultat, , l'équilibre des forces dans le monde a été rompu.
Cela a
conduit au fait que les traités et les accords précédents, ne sont plus dans
les faits appliqués. Les tentatives de persuasion et les demandes ne servent à
rien. Tout ce qui ne convient pas aux Puissants, à ceux qui ont le pouvoir, est
déclaré archaïque, obsolète et inutile. Et vice versa : tout ce qui leur
semble avantageux est présenté comme la vérité ultime, à faire passer à tout
prix, sans ménagement, par tous les moyens. Les contradicteurs sont brisés.
Ce dont
je parle maintenant ne concerne pas seulement la Russie, et ces préoccupations
ne sont pas seulement les nôtres. Cela concerne l'ensemble du système des
relations internationales, et parfois même les alliés des États-Unis eux-mêmes.
Après l'effondrement de l'URSS, une redistribution du monde a effectivement
commencé, et les normes établies du droit international - et les principales,
fondamentales - adoptées à la fin de la Seconde Guerre mondiale et ont
largement consolidé ses résultats - ont commencé à gêner ceux qui se sont
déclarés vainqueurs de la guerre froide.
Bien
sûr, dans la vie pratique, dans les relations internationales et dans les
règles qui les régissent, il faut tenir compte des changements de la situation
mondiale et de l'équilibre des forces. Toutefois, cela devait être fait de
manière professionnelle, sans heurts, avec patience, en tenant compte et en
respectant les intérêts de tous les pays et en comprenant sa propre
responsabilité.
Mais non
- un état d'euphorie né de leur supériorité absolue, une sorte d'absolutisme
moderne, qui plus est, sur fond de faible niveau de culture générale et
d'arrogance de ceux qui ont préparé, adopté et fait passer les décisions qui
n'étaient profitables que pour eux-mêmes. La situation a commencé à évoluer
d'une manière différente.
Il n'est
pas nécessaire d'aller bien loin pour trouver des exemples. Premièrement, sans
aucune autorisation du Conseil de sécurité des Nations unies, ils ont mené une
opération militaire sanglante contre Belgrade, en utilisant des avions et des
missiles en plein cœur de l'Europe. Plusieurs semaines de bombardements
continus ont été effectués sur des villes et des infrastructures indispensables
à la vie. Nous devons rappeler ces faits, car certains collègues occidentaux
n'aiment pas se souvenir de ces événements, et lorsque nous en parlons, ils
préfèrent pointer du doigt non pas les normes du droit international, mais des
circonstances, qu'ils interprètent comme bon leur semble.
Puis
vint le tour de l'Irak, de la Libye et de la Syrie. Le recours illégitime à la
force militaire contre la Libye et la perversion de toutes les décisions du
Conseil de sécurité des Nations unies sur la question libyenne ont conduit à la
destruction totale de l'État [libyen], à la création d'un immense foyer de
terrorisme international et à la plongée du pays dans un désastre humanitaire
et dans l'abîme d'une longue guerre civile qui se poursuit encore. La tragédie
qui a condamné des centaines de milliers, des millions de personnes non
seulement en Libye, mais dans toute la région, a créé une migration massive de
l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient vers l'Europe.
Un sort
similaire était réservé à la Syrie. L'action militaire de la coalition
occidentale dans ce pays, sans le consentement du gouvernement syrien et sans
l'autorisation du Conseil de sécurité des Nations unies, n'est rien d'autre
qu'une agression, une intervention.
Mais
l'invasion de l'Irak occupe également une place de choix dans cette liste, bien
entendu sans aucune base juridique. Le prétexte était que les États-Unis
disposaient prétendument d'informations fiables sur la présence d'armes de
destruction massive en Irak. Pour le prouver publiquement, devant le monde
entier, le Secrétaire d'État américain a secoué un genre de tube contenant une
poudre blanche, assurant à tout le monde qu'il s'agissait d’une arme chimique développée
en Irak. Et puis il s'est avéré que c'était une manipulation, du bluff : il n'y
avait pas d'armes chimiques en Irak. Incroyable, étonnant, mais les faits
restent les faits. Des mensonges ont été proférés au plus haut niveau de l'État
et du haut de la tribune de l'ONU. Le résultat a été d'énormes pertes humaines,
des destructions et une incroyable poussée de terrorisme.
D'une
manière générale, il semble que presque partout, dans de nombreuses régions du
monde, là où l'Occident vient établir son ordre, il y laisse des blessures
sanglantes, non cicatrisantes, les plaies du terrorisme international et de
l'extrémisme. Tous les exemples ci-dessus sont les plus flagrants, mais loin
d'être les seuls exemples de mépris du droit international.
Cela
inclut la promesse faite à notre pays de ne pas étendre l'OTAN d'un pouce vers
l'Est. Une fois encore, ils nous ont trompé ou, dans le langage populaire, tout
simplement arnaqué. Oui, on entend souvent dire que la politique est un sale
métier. Peut-être, mais pas aussi sale que cela, pas à ce point quand même.
Après tout, un tel comportement de pipeur de dés est non seulement contraire
aux principes des relations internationales, mais surtout aux normes de
moralité et d'éthique généralement acceptées. Où sont la justice et la vérité
ici ? Rien que des mensonges et de l'hypocrisie.
D'ailleurs,
les politiciens, les analystes politiques et les journalistes américains
eux-mêmes écrivent et disent que ces dernières années qu'un véritable
"Empire du mensonge" a été créé aux des États-Unis. Il est difficile
de ne pas être d'accord avec cela - c'est vrai. Mais, disons-le : les
États-Unis restent quand même un grand pays, une puissance à la base d’un
système.
Tous ses
satellites ne se contentent pas de l'approuver docilement, d’acquiescer, de
reprendre en cœur [ses positions] à chaque occasion, mais aussi de copier son
comportement et acceptent avec enthousiasme les règles qu'ils leur proposent.
Avec raison, on peut dire avec certitude que l'ensemble du soi-disant bloc
occidental, formé par les États-Unis à son image et à sa ressemblance, est ce
même "Empire du mensonge".
Quant à
notre pays, après l'effondrement de l'URSS, malgré l'ouverture sans précédent
de la nouvelle Russie moderne et sa volonté de travailler honnêtement avec les
États-Unis et d'autres partenaires occidentaux, dans des conditions de
désarmement réellement unilatéral, ils [l’Ouest] ont immédiatement essayé de
nous enfoncer, de nous achever et de nous détruire pour de bon. C'est exactement
ce qui s'est passé dans les années 90 et au début des années 2000, lorsque le
soi-disant Occident collectif a soutenu activement le séparatisme et les bandes
de mercenaires dans le sud de la Russie. Quels sacrifices et quelles pertes
cela nous a coûté, quelles épreuves nous avons dû traverser avant de pouvoir
enfin de définitivement briser les reins du terrorisme international dans le
Caucase. Nous nous en souvenons et ne l'oublierons jamais.
En fait,
jusqu'à récemment, les tentatives de nous utiliser dans leurs intérêts, de
détruire nos valeurs traditionnelles et de nous imposer leurs pseudo-valeurs,
qui nous rongeraient, nous, notre peuple, de l'intérieur n'ont pas cessé. Ces
attitudes ils les imposent déjà agressivement dans leurs pays et elles mènent directement
à la dégradation et à la dégénérescence, car elles sont contraires à la nature
humaine elle-même. Cela n'arrivera pas [ici], cela n'a jamais marché pour
personne. Cela ne marchera pas non plus maintenant.
En dépit
de tout cela, en décembre 2021, nous avons tenté une nouvelle fois de parvenir
à un accord avec les États-Unis et leurs alliés sur les principes de la
sécurité en Europe et au non-élargissement de l'OTAN. Tout a été en vain. La
position des États-Unis n'a pas changé. Ils ne considèrent pas qu'il est
nécessaire de parvenir à un accord avec la Russie sur cette question
essentielle pour nous, ils poursuivent leurs propres objectifs et ne tiennent
aucun compte de nos intérêts.
Et bien
sûr, dans cette situation, nous nous posons la question : que faire ensuite, à
quoi s'attendre ? L'histoire nous apprend qu'en 1940 et au début de 1941,
l'Union soviétique a tenté d'empêcher ou, du moins, de retarder le
déclenchement de la guerre. Pour ce faire, il faut notamment essayer
littéralement jusqu'à la dernière minute de ne pas provoquer un agresseur
potentiel, ne pas prendre voir de reporter les mesures les plus nécessaires et
les plus évidentes pour se préparer à repousser une attaque inévitable. Et les
mesures qui ont finalement été prises étaient désastreusement tardives.
En
conséquence, le pays n'était pas préparé à faire face à l'invasion de
l'Allemagne nazie, qui a attaqué notre Patrie sans déclaration de guerre le 22
juin 1941. L'ennemi a été arrêté puis écrasé, mais à un coût colossal. La tentative
de plaire à l'agresseur à la veille de la Grande Guerre patriotique a été une
erreur qui a coûté cher à notre peuple. Au cours des premiers mois de combat,
nous avons perdu de vastes territoires stratégiquement importants et des
millions de personnes. Nous ne ferons pas une telle erreur une deuxième fois,
nous n'en avons pas le droit.
Ceux qui
aspirent à la domination du monde déclarent publiquement, en toute impunité et,
je le souligne, sans aucune justification, que nous, la Russie, sommes leur ennemi.
En effet, ils disposent aujourd'hui d’importantes capacités financières,
scientifiques, technologiques et militaires. Nous en sommes conscients et
évaluons objectivement les menaces qui sonnent constamment à notre adresse dans
le domaine de l'économie, ainsi que notre capacité à résister à ce chantage
impudent et permanent. Je le répète, nous les évaluons sans illusions et de
manière extrêmement réaliste.
Dans le
domaine militaire, la Russie moderne, même après l'effondrement de l'URSS et la
perte d'une grande partie de son potentiel, est aujourd'hui l'une des
puissances nucléaires les plus importantes du monde et dispose en outre
d'avantages certains dans un certain nombre d'armements de pointe. À cet égard,
personne ne doit douter qu'une attaque directe contre notre pays entraînerait
une défaite et des conséquences désastreuses pour tout agresseur potentiel.
Cependant,
la technologie, y compris celle de la défense, évolue rapidement. Le leadership
dans ce domaine a changé et changera de mains [souvent]. Mais l’aménagement
militaire des territoires adjacents à nos frontières, si nous le permettons, se
poursuivra durant des décennies, peut-être même pour toujours, et constituera
une menace toujours plus grande et totalement inacceptable pour la Russie.
Aujourd'hui
déjà, alors que l'OTAN s'étend vers l'Est, la situation de notre pays empire et
devient chaque année plus dangereuse. De plus, ces derniers jours, les
dirigeants de l'OTAN ont explicitement parlé de la nécessité d'accélérer, de
forcer l'infrastructure de l'alliance jusqu'aux frontières de la Russie. En
d'autres termes, ils renforcent leur position. Nous ne pouvons plus nous
contenter de regarder ce qui se passe. Ce serait complètement irresponsable de
notre part.
La
poursuite de l'expansion de l'infrastructure de l'Alliance de l'Atlantique Nord
et l’aménagement militaire du territoire de l'Ukraine sont inacceptables pour
nous. Le problème, bien sûr, n'est pas l'organisation de l'OTAN elle-même -
elle n'est qu'un instrument de la politique étrangère américaine. Le problème,
c'est que sur les territoires qui nous sont adjacents - je tiens à le préciser,
nos territoires historiques - se crée une "anti-Russie" ennemie,
placée sous un contrôle extérieur total, qui est intensivement colonisée par les
forces armées des pays de l'OTAN et qui est gavée des armes les plus modernes.
Pour les
États-Unis et leurs alliés, il s'agit d'une politique dite d'endiguement de la
Russie, d’un dividende géopolitique évident. Pour notre pays, c'est en fin de
compte une question de vie ou de mort, la question de notre avenir historique
en tant que Nation. Et ce n'est pas une exagération - c'est tout simplement
comme ça. Il s'agit d'une menace réelle, non seulement pour nos intérêts, mais
aussi pour l'existence même de notre État, pour sa souveraineté. C'est la ligne
rouge qui a été évoquée à plusieurs reprises. Ils l'ont franchi.
Dans ce
contexte, [revenons sur] la situation à Donbass. Nous constatons que les forces
qui ont réalisé un coup d'État en Ukraine en 2014, se sont emparées du pouvoir
et l'ont conservé au moyen de procédures électorales essentiellement
décoratives, ont définitivement refusé de résoudre le conflit de manière
pacifique. Pendant huit ans, huit infiniment longues années, nous avons tout fait
pour que la situation soit résolue par des moyens pacifiques et politiques. En
vain.
Comme je
l'ai dit dans mon allocution précédente, il est impossible de regarder ce qui
se passe là-bas sans compassion. Il n'était tout simplement plus possible de le
tolérer. Il faut arrêter immédiatement ce cauchemar - le génocide contre les
millions de personnes vivant là-bas. Ceux-ci n'espèrent plus que [dans l’aide
de] la Russie, ils n'espèrent plus qu’en vous et moi. Ce sont ces aspirations,
ces sentiments et cette douleur des gens qui nous ont poussés à prendre la
décision de reconnaître les Républiques populaires de Donbass.
Ce qu'il
me semble important de souligner. Les principaux pays de l'OTAN, afin
d'atteindre leurs propres objectifs, soutiennent en Ukraine les
ultra-nationalistes et les néonazis, qui, à leur tour, ne pardonneront jamais
aux habitants de Crimée et de Sébastopol leur libre choix de se réunifier à la
Russie.
Ils [les
ultra-nationalistes et les néonazis] tenterons, bien évidemment, de s’infiltrer
en Crimée, comme ils l'ont fait dans le Donbass, pour y faire la guerre et tuer
des gens sans défense.
Tout
cela comme l’on fait bandes punitives des nationalistes ukrainiens, les
supplétifs d'Hitler pendant la Grande Guerre patriotique. Ils déclarent aussi
ouvertement qu'ils revendiquent un certain nombre d'autres territoires de la
Russie.
L'ensemble
du déroulement des événements et l'analyse des informations qui nous
parviennent montrent que l'affrontement entre la Russie et ces forces est
inévitable. Ce n'est qu'une question de temps : ils se préparent et attendent
le moment opportun. Maintenant, ils revendiquent également la possession
d'armes nucléaires. Nous ne permettrons pas que cela se produise.
Comme je
l'ai dit précédemment, la Russie a accepté les nouvelles réalités géopolitiques
après l'effondrement de l'URSS. Nous respectons et continuerons à respecter
tous les pays nouvellement formés dans l'espace post-soviétique. Nous
respectons et continuerons à respecter leur souveraineté, et un exemple de cela
est l'aide que nous avons apportée au Kazakhstan, qui a été confronté à des
événements tragiques et à des défis pour son statut d'État et son intégrité.
Mais la Russie ne peut se sentir en sécurité, ne peut se développer, ne peut
exister avec une menace constante émanant du territoire de l'actuelle Ukraine.
Permettez-moi
de vous rappeler qu'en 2000-2005, nous avons riposté militairement aux
terroristes dans le Caucase, défendu l'intégrité de notre État et préservé la
Russie. En 2014, nous avons soutenu la population de Crimée et de Sébastopol.
En 2015, nous avons utilisé nos forces armées pour mettre une barrière fiable
aux infiltrations de terroristes depuis la Syrie vers la Russie. Il n'y avait
pas d'autre moyen pour nous de nous défendre.
La même
chose se produit maintenant. Vous et moi n'avons simplement pas eu d'autre
possibilité de défendre la Russie, notre peuple, que celle que nous serons
forcés d'utiliser aujourd'hui. Les circonstances nous obligent à agir de
manière décisive et immédiate. Les Républiques populaires de Donbass ont
demandé l'aide de la Russie.
À cet
égard, conformément à l'article 51 de la partie 7 de la Charte des Nations
unies, avec l'autorisation du Conseil de la Fédération de Russie et
conformément aux traités d'amitié et d'assistance mutuelle avec les Républiques
populaires de Donetsk et de Louhansk ratifiés par l'Assemblée fédérale le 22
février de cette année, j'ai pris la décision de mener une opération militaire
spéciale.
Son but
est de protéger les personnes qui ont été soumises à des abus, à un génocide
par le régime de Kiev pendant huit ans. Et à cette fin, nous chercherons à
démilitariser et à dénazifier l'Ukraine, à traduire en justice ceux qui ont
commis de nombreux crimes sanglants contre des civils, y compris des citoyens
de la Fédération de Russie.
Dans le
même temps, nos plans n'incluent pas l'occupation de territoires ukrainiens.
Nous n'avons pas l'intention d'imposer quoi que ce soit à qui que ce soit par
la force. Dans le même temps, nous entendons de plus en plus souvent ces
derniers temps à l'Ouest que les documents signés par le régime totalitaire
soviétique, qui consacrent les résultats de la Seconde Guerre mondiale, ne
devraient plus être appliqués. Quelle pourrait être la réponse à cette question
?
L'issue
de la Seconde Guerre mondiale est sacrée, tout comme les sacrifices consentis
par notre peuple sur l'autel de la victoire sur le nazisme. Mais cela ne
contredit pas les hautes valeurs des droits de l'homme et des libertés, fondées
sur les réalités des décennies d'après-guerre. Elle n'annule pas non plus le
droit des nations à l'autodétermination consacré par l'article premier de la
Charte des Nations unies.
Permettez-moi
de vous rappeler que ni lors de la fondation de l'URSS ni après la Seconde
Guerre mondiale, personne n'a jamais demandé aux habitants des territoires qui
constituent l'actuelle Ukraine la manière dont ils voulaient organiser leur
vie. Notre politique est fondée sur la liberté, la liberté de choix pour chacun
de déterminer son propre avenir et celui de ses enfants. Et nous pensons qu'il
est important que tous les peuples vivant sur le territoire de l'Ukraine
actuelle, tous ceux qui le souhaitent, puissent exercer ce droit - le droit de
choisir.
À cet
égard, je lance également un appel aux citoyens de l'Ukraine. En 2014, la
Russie avait l'obligation de protéger les habitants de Crimée et de Sébastopol
contre ceux que vous appelez vous-même des "nazillons". Les habitants
de Crimée et de Sébastopol ont fait le choix d'être avec leur Patrie
historique, avec la Russie, et nous l'avons soutenu. Encore une fois, nous ne
pouvions tout simplement pas faire autrement.
Les
événements d'aujourd'hui ne visent pas à porter atteinte aux intérêts de
l'Ukraine et du peuple ukrainien. Il s'agit de protéger la Russie elle-même
contre ceux qui ont pris l'Ukraine en otage et tentent de l'utiliser contre
notre pays et son peuple.
Encore
une fois, nos actions relèvent de l'autodéfense contre les menaces que l’on
fait peser sur nous et contre une calamité encore plus grande que celle qui se
produit aujourd'hui. Aussi difficile que cela soit, je vous demande de le
comprendre et j'appelle à la coopération pour que nous puissions tourner cette
page tragique le plus tôt possible et avancer ensemble, sans permettre à
quiconque de s'immiscer dans nos affaires, dans nos relations, mais en les
construisant de manière indépendante, afin de créer les conditions nécessaires
pour surmonter tous les problèmes et, malgré les frontières étatiques, nous
renforcer de l'intérieur en tant qu'entité unie. Je crois en cela - c'est notre
avenir.
Je dois également m'adresser aux militaires des forces
armées de l'Ukraine.
Chers
camarades ! Vos pères, grands-pères, arrière-grands-pères ont à leur époque
combattu les nazis, en défendant notre Patrie commune, ce n’est pas pour
qu’aujourd’hui les néonazis prennent le pouvoir en Ukraine. Vous avez prêté
serment au peuple ukrainien, et non à la junte antipopulaire, qui vole
l'Ukraine et maltraite ce même peuple.
N'exécutez
pas les ordres criminels [de cette junte]. Je vous appelle à déposer les armes
immédiatement et à rentrer chez vous. Soyons clairs : tous les membres de
l'armée ukrainienne qui se plieront à cette exigence pourront quitter la zone
de guerre sans entrave et retourner auprès de leurs familles.
Permettez-moi
d'insister une fois de plus : toute la responsabilité d'une éventuelle effusion
de sang reposera entièrement sur la conscience du régime au pouvoir sur le
territoire de l'Ukraine.
Maintenant,
quelques mots importants, très importants pour ceux qui pourraient être tentés
de l'extérieur d'interférer dans les événements qui se déroulent. Quiconque
tente d'interférer avec nous, et encore moins de mettre en danger notre pays et
notre peuple, doit savoir que la réponse de la Russie sera immédiate et vous
conduira à des conséquences auxquelles vous n'avez jamais été confrontés dans
votre histoire. Nous sommes prêts à faire face à tout développement
d'événements. Toutes les décisions nécessaires ont été prises à cet égard.
J'espère que je serai entendu.
Chers citoyens de Russie !
Le
bien-être, l'existence même d'États et de peuples entiers, leur succès et leur
viabilité trouvent toujours leur origine dans le puissant système de racines de
leurs cultures et de leurs valeurs, dans l'expérience et les traditions de
leurs ancêtres, et ils dépendent bien sûr de leur capacité à s'adapter
rapidement à une vie en constante évolution, de la cohésion de la société, de
sa volonté de se consolider, de rassembler toutes les forces pour aller de
l'avant.
On a
toujours besoin de forces - toujours - mais les forces peuvent être de
différentes qualités. La politique de "l'Empire du mensonge" à
laquelle j'ai fait référence au début de mon discours est basée avant tout sur
la force brute et directe. Dans de tels cas, nous disons : "Vous avez la
force, vous n'avez pas besoin d'intelligence".
Mais
vous et moi savons que la vraie force réside dans la justice et la vérité, qui
sont de notre côté. Et si cela est vrai, alors il est difficile de ne pas
convenir que la force et la volonté de combattre sont le fondement de
l'indépendance et de la souveraineté, le fondement nécessaire sur lequel seul
on peut construire son avenir, son foyer, sa famille, sa Patrie.
Chers compatriotes !
Je suis
sûr que les soldats et les officiers des forces armées russes qui sont loyaux
envers leur pays rempliront leur devoir avec professionnalisme et courage. Je
ne doute pas que tous les niveaux de pouvoir et les spécialistes responsables
de la stabilité de notre économie, du système financier et de la sphère
sociale, ainsi que les dirigeants de nos entreprises et de l'ensemble du monde
des affaires russe travailleront de manière harmonieuse et efficace. Je compte
sur la position consolidée et patriotique de tous les partis parlementaires et
des forces publiques.
Après
tout, comme cela a toujours été le cas dans l'histoire, le destin de la Russie
est entre les bonnes mains de notre peuple multiethnique. Cela signifie que les
décisions que nous avons prises seront mises en œuvre, que nos objectifs seront
atteints et que la sécurité de notre patrie sera garantie de manière fiable.
J’ai
confiance en votre soutien et en la force invincible que nous donne l'amour de
notre Patrie.
Texte original en russe : http://kremlin.ru/events/president/news/67843