LA SNCF OU LE RAIL VERS LA PAUPÉRISATION
Un
fait récent
est
intervenu pour montrer comment le mammouth SNCF contribue activement à la paupérisation
de la France et des Français.
La France et l'Italie ont signé le
lundi 3 décembre 2012 à
Lyon un accord pour la réalisation du projet de liaison ferroviaire à
grande
vitesse entre Lyon et Turin. Le coût est estimé à 12 milliards d'euros
au
maximum. Le président François Hollande et le chef du gouvernement italien Mario Monti étaient présents.
Cette énorme
masse d'argent serait supportée par la France, l'Italie et la CEE.
Lancée lors d'un sommet
franco-italien en 1991, cette ligne
entrera sans doute en
service en 2028-2029.
Selon ses concepteurs, cette
"autoroute ferroviaire", combinant fret et trafic voyageurs, devrait
permettre d'ouvrir à
terme la route à au
moins un million de camions par an et de raccourcir le trajet
Paris-Milan à un
peu plus de 4 heures contre 7. Elle comporterait le plus grand tunnel
ferroviaire du monde.
LES AVANTAGES SUPPOSÉS
Les avantages supposés de ce projet
sont très largement
inférieurs aux aspects négatifs ce qui justifie le titre de ce
flash.
Laissons de côté la ronde des
ordinateurs qui tournant comme
des fous peuvent toujours prouver que les PIB des deux pays
augmenteront. Ces
ordinateurs ultra-puissants sont manipulés par les politiques
promoteurs du
projet et crachent ce que ces politiques leur demandent.
Il nous est dit que l'on gagnerait du
temps. Or chacun doit
s'arranger à gérer le temps dans la liberté et, en particulier, les
entreprises
aussi. On ne voit donc pas du tout comment ce gain de temps peut
favoriser la
richesse générale.
Un argument mis en avant est que les
activités de Lyon,
Turin et Milan se renforceront mutuellement par leurs échanges accrus
pour
former un vaste ensemble. Louis XIV en plaçant son petit-fils sur le
trône
d'Espagne avait dit qu'il n'y avait plus de Pyrénées. Sur le plan
économique
cela ne marche pas comme cela. Les activités d'industrie et de services
se
développent fort bien de part et d'autre des Alpes ; nier
arbitrairement
l'existence de ces montagnes n'ajoutera rien à la richesse générale.
LES ASPECTS NÉGATIFS
Côté négatif les arguments sont
largement plus importants.
Il est certain que le coût maximum
avoué de 12 milliards
d'euros sera largement dépassé. L'exemple du tunnel sous la Manche est dans toutes les mémoires.
Les lobbies des
travaux publics et des banquiers minorent toujours les
dépenses pour à
contrario favoriser le rentabilité ; les coups de pouce sont faciles et
nombreux.
Ensuite les incertitudes sont abondantes. Malgré toutes les analyses
géologiques il y
aura forcément des
inconnues dans ces profondeurs. La secte des écolos va s'activer ;
plusieurs
chantiers d'autoroutes ont été arrêtés des mois pour gérer la
découverte
d'espèces prétendument menacées.
Il faut enfin ajouter
un chiffre inconnu et gigantesque représentant les travaux
de part et
d'autre du tunnel : expropriations, chamboulement des vallées,
élargissement
des routes existantes pour le passage des engins.
La dépense totale quel que soit son
chiffre se traduira par
des impôts ou de l'endettement public générateur de
paupérisation.
LA COUR DES COMPTES
Pour illustrer et confirmer tout cela
il faut se référer
à un rapport de la
Cour des comptes en
1997. Personne, certes, ne discute les immenses agréments offerts par
ces TGV
aux voyageurs qui voient défiler à toute allure la campagne à bord des
magnifiques jouets. Mais les faits sont là. Le rapport
sur « La réforme ferroviaire de 1997 » a
démontré que les TGV sont largement à la source de la ruine de la SNCF.
Ce
rapport dénonce « Le lourd endettement de la SNCF induit principalement
par les
investissements considérables effectués pour construire et équiper les
lignes
nouvelles à grande vitesse ». Étant donné les chiffres, l'importance de
ces
dettes contribue à l'endettement abyssal de la nation toute entière,
car, pour
les analystes honnêtes, il n'y a pas de distinction à faire entre les
dettes de
la SNCF et les dettes globales de la nation (en visant la SNCF, nous
englobons
le Réseau Ferré de France ou RFF car tout est
imbriqué). L'effet de ruine est patent, compte tenu des
charges massives
des intérêts et de la multiplication abusive sur trente ans de la
construction
des TGV. La paupérisation du pays en est la conséquence et, comme il
est de
règle, cette paupérisation frappe particulièrement les plus
faibles.
Maintes explications existent : les
caprices politiques des
élus, le règne des ingénieurs à la SNCF, le culte absolu de la dépense
publique
au niveau national
et européen. Au bout
de la chaîne il y a cette paupérisation
dont le mammouth SNCF est largement responsable avec il est vrai
d'autres
mammouths.
DE L'OPTIMISME
Devant cette déroute, l'observateur
attentif est conduit,
finalement, à de l'optimisme. Les divers mammouths et autres causes de
ruine
reflètent la philosophie du Tout-Etat imposée cruellement par les
gouvernements
de toutes tendances, réelles ou apparentes, depuis des
décennies.
Inversement elle montre que la route
de la liberté et de la
prospérité est grande ouverte. Il faut que quelqu'un de crédible
l'emprunte.
Cette personnalité peut-elle sortir des urnes ?
Plusieurs pays et non des moindres y sont
parvenus. Alors pourquoi pas ici ?
MICHEL de PONCINS
Tocqueville Magazine