lundi 21 avril 2014

Le massacre de Maragha


Le massacre de Maragha, une page noire de l'histoire de Mardakert et de l'Artsakh

 

 

Le 10 avril 1992, les forces azéries attaquaient le village de Maragha, dans la région de Mardakert, au nord-est du Karabagh, théâtre des plus violents combats opposant l’armée azérie aux forces d’autodéfense arméniennes. Les Azéris massacrent plus de 50 habitants du village, et en prennent une cinquantaine d’autres en otages, dont on restera sans nouvelles. Maragha, comme beaucoup d’autres localités martyres de l’Artsakh, sont autant de plaidoyers pour le combat livré par les Arméniens pour se libérer de la tutelle de Bakou.

 

 


La région de Mardakert, au nord-est du Karabagh. Appuyée par une vingtaine de blindés, la soldatesque azérie va s'acharner sur les pacifiques villageois arméniens, massacrant plus de 50 d'entre eux, hommes, femmes et enfants. Les Azéris se retirent en prenant en otages 50 autres habitants, dont 9 enfants, qui seront tous portés disparus. Ce n'est que le 22-23 avril 1992 que les rescapés peuvent retourner dans leur village dévasté, pour y enterrer leurs morts. Des organisations internationales de défense des droits de l'homme, comme Helsinki Watch, ou des personnalités comme Caroline Cox, vice-présidente de la Chambre des Lords du Parlement britannique, qui se sont rendus sur les lieux au lendemain de ce massacre, ont témoigné de l'ampleur de la tragédie. Profondément choquée par le spectacle de ces atrocités, Caroline Cox évoquera plus tard cet épisode tragique de l'histoire de l'Artsakh dans son livre intitulé « Le nettoyage ethnique continue » qui est un violent réquisitoire contre les actes de barbarie perpétrés par les Azéris contre la population civile arménienne du Karabagh. 

Un mois plus tard, en mai 1992, la fortune des armes s'inversait en faveur des Arméniens, qui s'emparaient de Chouchi, dont les Azéris avaient fait leur QG, et enregistraient ensuite une série de victoires sur les forces de Bakou, contraintes de signer un cessez-le-feu deux ans plus tard, le 14 mai 1994. Le renversement spectaculaire opéré au printemps 1992 sur le théâtre des opérations militaires du Karabagh en faveur des Arméniens va avoir pour effet de faire tomber hélas quelque peu dans l'oubli le massacre de Maragha.

Un massacre qui vient rappeler que lorsqu'une population est menacée dans son intégrité physique même, comme c'est encore aujourd'hui le cas pour les Arméniens du Karabagh, le principe d'intégrité territoriale s'efface devant le principe souverain du droit à l'autodétermination, du droit d'un peuple à vivre libre et en sécurité.


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