Le massacre de Maragha, une page noire de l'histoire de Mardakert et de l'Artsakh
Le 10 avril 1992, les forces azéries attaquaient le village de Maragha, dans la région de Mardakert, au nord-est du Karabagh, théâtre des plus violents combats opposant l’armée azérie aux forces d’autodéfense arméniennes. Les Azéris massacrent plus de 50 habitants du village, et en prennent une cinquantaine d’autres en otages, dont on restera sans nouvelles. Maragha, comme beaucoup d’autres localités martyres de l’Artsakh, sont autant de plaidoyers pour le combat livré par les Arméniens pour se libérer de la tutelle de Bakou.
La
région de Mardakert, au nord-est du Karabagh. Appuyée par une vingtaine de
blindés, la soldatesque azérie va s'acharner sur les pacifiques villageois
arméniens, massacrant plus de 50 d'entre eux, hommes, femmes et enfants. Les
Azéris se retirent en prenant en otages 50 autres habitants, dont 9 enfants,
qui seront tous portés disparus. Ce n'est que le 22-23 avril 1992 que les rescapés
peuvent retourner dans leur village dévasté, pour y enterrer leurs morts. Des
organisations internationales de défense des droits de l'homme, comme Helsinki
Watch, ou des personnalités comme Caroline Cox, vice-présidente de la Chambre
des Lords du Parlement britannique, qui se sont rendus sur les lieux au
lendemain de ce massacre, ont témoigné de l'ampleur de la tragédie. Profondément
choquée par le spectacle de ces atrocités, Caroline Cox évoquera plus tard cet épisode tragique de l'histoire de l'Artsakh dans son livre intitulé « Le
nettoyage ethnique continue » qui est un violent réquisitoire contre les actes
de barbarie perpétrés par les Azéris contre la population civile arménienne du
Karabagh.
Un mois
plus tard, en mai 1992, la fortune des armes s'inversait en faveur des
Arméniens, qui s'emparaient de Chouchi, dont les Azéris avaient fait leur QG,
et enregistraient ensuite une série de victoires sur les forces de Bakou,
contraintes de signer un cessez-le-feu deux ans plus tard, le 14 mai 1994. Le
renversement spectaculaire opéré au printemps 1992 sur le théâtre des
opérations militaires du Karabagh en faveur des Arméniens va avoir pour effet
de faire tomber hélas quelque peu dans l'oubli le massacre de Maragha.
Un
massacre qui vient rappeler que lorsqu'une population est menacée dans son
intégrité physique même, comme c'est encore aujourd'hui le cas pour les
Arméniens du Karabagh, le principe d'intégrité territoriale s'efface devant le
principe souverain du droit à l'autodétermination, du droit d'un peuple à vivre
libre et en sécurité.
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