lundi 31 décembre 2012

L'Hiver islamiste


 E&O - 15


Revue géopolitique de l'Institut Tchobanian

L'Hiver islamiste


Europe&Orient n°15
Français-Anglais

ISBN : 978-2-917329-481
ISSN : 1773-9802
132 pages
Format 16x24cm Prix : 10 €
parue le 3 décembre 2012



Le dossier spécial de la revue Europe & Orient n°15 
est consacré à :

"SYRIE : LA GUERRE TIEDE".

Une vingtaine de spécialistes apportent leurs points de vues sur les sujets géopolitiques ou sociologiques sur l'UE, l'Asie Mineure, le Caucase et le Moyen-Orient. 

Disponible sur Amazon.fr, Fnac.com, Decitre.fr 
et sur commande dans les librairies. 

Informations détaillées :
http://editions.sigest.net/page0001014d.html


La lettre de l'Ancien Ministre André Santini.

Le scandale de Dexia

DEXIA OU LE SCANDALE DE TROP

MICHEL de PONCINS


 
Nous avons supporté  le scandale du Crédit Lyonnais et bien d'autres. Voici maintenant Dexia dont les difficultés étaient connues depuis longtemps mais dont le sauvetage, organisé en urgence, nécessite des milliards d'argent public. 

Le gouffre est  ancien, il est le fruit des énarchos-socialos au pouvoir depuis des décennies. Pour assurer le sauvetage, les contribuables vont être invités à verser des sommes immenses, difficiles à évaluer.

Il y a, d'abord, la part de la France dans une augmentation de capital réservée aux trois états, France, Belgique et Luxembourg, le feu vert ayant été obtenu le 21 décembre : il s'agit en quelque sorte d'une nationalisation à trois. Mais ce n'est qu'une broutille. En parallèle, les états donnent à Dexia une garantie de 85 milliards d'euros, la France en fournit la moitié environ. Pour des raisons que les lecteurs de ces flashs connaissent bien, de telles garanties se transforment toujours en pertes, car la garantie n'est qu'un habillage provisoire pour masquer le gouffre.

Il y a encore DMA ou Dexia Municipal Agency, l'entité qui porte les crédits aux collectivités territoriales françaises dont 10 milliards de prêts toxiques. La France l'acquiert pour un euro symbolique. Parallèlement et sans rigoler du tout, Dexia promet un retour à l'équilibre en 2018. Dans son actif, se trouve un portefeuille de 245 milliards d'euros de participations très liées au secteur public en Europe, notamment en Espagne et en Italie ; cette description résumée ne présage rien de bon.  Combien faudra-t-il provisionner ? 

L'HISTOIRE DE DEXIA 

En 1987, il s'agissait d'une obscure petite division de la Caisse des Dépôts et Consignations, finançant les collectivités locales. Elle s'en émancipa pour devenir le crédit local de France, coté en Bourse et privatisé. En 1996, eut lieu un mariage avec le voisin belge du même métier, l'union recevant un nouveau nom : DEXIA. L'objectif était de devenir un leader mondial dans le financement des collectivités locales. L'inconvénient de ce métier est la faiblesse des marges. Au lieu de chercher à améliorer le coeur du métier, les dirigeants partirent à l'aventure.  

Ce fut, tout d'abord, la « transformation » ce qui est un péché capital dans le domaine financier. Ils empruntèrent à court terme pour pas très cher et prêtèrent à long terme pour plus cher ; une mécanique infernale était lancée. Comme cela rapportait beaucoup d'argent, les mêmes dirigeants se lancèrent dans une boulimie d'acquisition d'entreprises, d'activités, ou même de portefeuilles : Espagne, Italie, Japon, États-Unis étaient leurs terrains de chasse. Tout baignait, mais ce n'était qu'une apparence. En 2008, brusquement, DEXIA eût besoin de 260 milliards d'euros, la banque n'ayant que quatre jours de liquidités devant elle. Les États belges, français et luxembourgeois furent appelés au secours. 

Chemin faisant, l'action a perdu 94 % de sa valeur. Pendant cette course folle, DEXIA a poussé les collectivités territoriales à s'endetter pour réaliser des projets des élus en les chargeant  d'emprunts toxiques : la révolte gronde chez des responsables locaux découvrant la ruine par des contrats insensés et se tournant vers l'Etat pour compenser. Constatons que des palais pour des collectivités ont été bâtis avec des emprunts toxiques !  
Nous savons tous que par le poids insupportable de leur organisation et du train de vie de leurs dirigeants, ces collectivités génèrent une partie appréciable de l'ouragan fiscal écrasant l'économie. DEXIA a ajouté au malheur en  poussant à des investissements inutiles au gré des caprices des élus.

NE PAS RECOMMENCER 

Avant la découverte de la catastrophe, les avertissements n'ont pas manqué ; les responsabilités sont innombrables : luxe et nombre des administrateurs, représentants des collectivités, Caisse des Dépôts et Consignations, ministères. Les barbichettes se sont tenues les unes avec les autres. 

DEXIA nous renvoie comme dans un miroir les défauts de l'économie administrée : gâchis des interventions publiques dans le domaine économique, irresponsabilité générale, folie des grandeurs, légèreté dans le choix des investissements, course absurde vers l'étranger lointain et dangereux.

Il ne faut surtout pas recommencer ; or c'est ce que fait le pouvoir provisoirement en place. Il vient de créer la banque publique d'investissement ou BPI qui double plusieurs organismes déjà existants et les élus salivent à l'avance. Un nouveau futur scandale s'annonce.
        
source : http://www.libeco.net/

mercredi 26 décembre 2012

La Politique Turque en Question



Turquie : la cécité persistante sur le passé.

Varoujan Sirapian [1]

Vous pouvez trouver la totalité de cet article de fond dans le livre collectif  
"La Politique Turque en Question - Entre imperfections et adaptations"
sous la direction de Emel Parlar Dal, paru chez l'Harmattan, Oct. 2012, ISBN 9782336005054 

 

Résumé

L'opinion publique turque, dans sa majorité, aperçoit la Question arménienne d'une façon unilatérale, basée sur des informations officielles véhiculées par lÉtat. De son côté la diaspora arménienne est, depuis 97 ans, à la quête d'une justice pour les préjudices subis, aussi bien sur le plan moral que sur le plan matériel. Des tentatives de dialogue initiées par la société civile pour une compréhension mutuelle ont été amorcées à partir des années 2000. Mais du côté des Turcs ces projets ont été rejetés et malmenés par les tenants de « la vérité officielle ». De l'autre côté, la diaspora arménienne, parfois avec raison, observait ces démarches avec suspicion. Et même certains éléments de la diaspora rejettent d’emblée ces rapprochements, les considérant comme une tentative d'amadouer, selon eux, des Arméniens influençables.
Peut-on, dans ce contexte, croire à une amélioration dans les relations entre ces deux peuples dans le court ou moyen terme ?

Abstract

Turkish public opinion, in its majority, perceives the Armenian Question in a unilateral manner, based on official information conveyed by the State. For its part the Armenian diaspora is, since 97 years, seeking justice for injuries, undergone both morally and materially. Attempts at dialogue initiated by civil society for a mutual understanding began from the 2000s. But these efforts were rejected by the Turkish side and ill-treated by the advocates ofofficial truth”. On the other hand, the Armenian diaspora, sometimes rightly, observe these activities with suspicion. And even some elements of the diaspora reject all of these ventures, considering them as an attempt to cajole, so called,soft Armenians.
Can we, in this context, expect an improvement in the relations between these two people, in a reasonable short or mid term?


[1]          Directeur de la revue « Europe et Orient » publié par l'Institut Tchobanian

vendredi 21 décembre 2012

La force d'Abdelghani et la faiblesse des politiques.

Merah/Safarov
La force d'Abdelghani et la faiblesse des politiques.
 
Varoujan Sirapian


"Je veux dénoncer la haine dans laquelle on a été élevés, la haine que les amis salafistes de mes frères leur ont transmise, dénoncer l'innommable que mon frère a commis."


Les propos d'Abdelghani Merah sont dénués d'ambiguïté.
Il a coécrit un livre, avec le journaliste Mohamed Sifaoui, dans lequel il relate l'itinéraire de son frère Mohamed, "le tueur au scooter", en insistant sur l'influence de son autre frère, Kader, et de sa soeur, Souad, tous deux militants salafistes. Il entend démontrer que la "vocation de son frère" n'est pas née d'un quelconque voyage ou d'une révélation, mais bien de l'endoctrinement dans lequel l'a maintenu son frère Abdelkader.
Abdelghani n'accepte pas cette folie et ne lui trouve aucune excuse. Il s'est marié avec une jeune femme juive, ce qui lui a valu sept coups de couteau de la part de Kader. "Mon frère n'est pas un héros, c'est un vulgaire assassin", dit-il à l'enterrement de Mohamed.
Il faut une certaine force pour dire les choses si clairement, sans langue de bois, des principes inflexibles, accepter même le rejet de sa famille et de ses amis, ne pas avoir peur des menaces de mort qui lui sont proférées. On ne peut qu'approuver cette posture intellectuellement honnête et humaniste.
On était en droit d'attendre la même droiture, le même courage, la même fidélité aux valeurs républicaines de la part des hommes et femmes politiques français dans l'affaire Safarov. Au départ c'est un crime raciste et xénophobe. En 2004, un officier azéri, Safarov, assassine à coups de hache un militaire arménien, Gurgen Margaryan, dans son sommeil, lors d'un stage «partenariat pour la paix» organisé par l'OTAN, à Budapest. Il est condamné à 25 ans de prison ferme. Or huit ans plus tard, le lieutenant Safarov est accueilli en héros dans son pays, l'Azerbaïdjan. Extradé par la Hongrie, il est arrivé à Bakou le 31 août. Gracié par le chef de l'État, Ilham Aliev, fêté en héros, Safarov, aujourd'hui âgé de 35 ans, se voit offrir une maison au centre de Bakou, une promotion au grade de commandant ainsi que le cumul de huit années de traitement - soit la durée de son incarcération ! En récompense de ses actes... L'Azerbaïdjan s'était pourtant officiellement engagé à lui faire purger la fin de sa peine, et l'affaire provoque un concert de protestations internationales, de Moscou à Washington, en passant par les capitales européennes.
Au début du mois de septembre, l'Institut Tchobanian a adressé une lettre à chacun des députés et sénateurs français membres du groupe d'amitié France-Caucase/Azerbaïdjan, au total 68 élus, pour connaître leurs opinions, s'ils (ou elles) condamnaient ce déni de justice et éventuellement s'ils (ou elles) souhaitaient rester dans ces groupes d'amitié après cet incident.
Seuls trois sénateurs ont répondu à cette lettre. Les 65 élus qui n'ont pas répondu ne peuvent pas dire que cette affaire ne les concerne pas. Sont impliqués dans cette histoire la Hongrie (membre de l'UE), l'OTAN (dont la France fait partie) et l'Azerbaïdjan (qu'ils connaissent à travers leurs groupes d'amitié).
Donc motus et bouche cousue pour ces 65 élus de la République française. Pas un mot pour dénoncer ce crime, même pas un petit mot de compassion, Pourtant il ne fallait pas un grand courage pour condamner cet acte honteux, clairement raciste et xénophobe. Rien à voir avec le courage dont a fait acte Abdelghani en dénonçant la dérive meurtrière de son frère, condamnant la haine des salafistes envers l'occident. Ces élus qui se précipitent à la moindre occasion devant les micros et sur les plateaux de TV pour anathématiser l'injustice, la main sur le cœur, le racisme et la haine de l'autre ont préféré garder la bouche fermée devant cette injustice-là.
C'est peut-être pour mieux l'ouvrir quand ils (elles) seront au bord de la Caspienne pour déguster le caviar et le champagne offerts par le dictateur de Bakou.
Bon appétit, mesdames et messieurs les élus !


Éditorial paru dans Europe&Orient n°15- L'Hiver islamiste. (décembre 2012)

mercredi 12 décembre 2012

Vouloir le beurre et l’argent du beurre !

You want the butter and keep its price.

Roger Akl

 

It’s a French saying to show that people want everything without any logic and it applies to what I read in the New York Times’ editorial, “Al Qaeda in Syria” (December 11, 2012):
They have realized that the strongest fighters in Syria are Jihadists from every part of the earth and are helped and financed by the theocracies of Qatar and Saudi Arabia and Turkey's Islamic government; they have recognized that the only way to protect Syria and the world from an islamo-fascist state expanding in all the Middle East would be a “negotiated deal to limit the bloodshed”. They know that you cannot negotiate when you start to put conditions, but this is what they do when they say : “but talks… over the week-end show that Moscow is not prepared to abandon Assad. This is an example of what the French would call: “vouloir le beurre et l’argent du beurre”.

Assad has been elected by the Syrians; all news from Syria show that he is supported by more than 50% of the Syrian population and that the main force attacking Syria comes from Libya, Afghanistan, Saudi Arabia (even prisoners that were promised amnesty and are paid to fight), Qatar, Tunis, Iraq… and the Western leaders, who pretend being democratic, want the departure of an elected President to put at his place a President nominated by them, probably an extremist and Jihadist or a Moslem Brotherhood man like Mosri of Egypt.

Is the West so stupid that it cannot learn from its experiences in Libya, Tunisia, Egypt, Afghanistan, Iraq and even Turkey? If we think they aren’t stupid, then the only reasonable hypothesis to come to mind is that really they are secretly allied to Moslem extremism.

This is also showed by the behavior of the Lebanese allies of the West, the party that is called the “14th of March”. They have been discovered helping the Syrian opposition with arms and finances. They have been responsible of the fights in Tripoli; they are doing all their possible to destabilize the country and they are blocking the works of the parliament until the democratically elected government, still having the majority, resigns to take its place. When asked to join the majority in a dialogue to find a solution, they refuse.

So, what is to be concluded else than the fact that the Western and NATO countries are allied with the theocratic Gulf ones and the Jihadist from all over the Moslem world?

What is to be concluded when we witness the behavior of the so called allies, who took power in Tunisia, Libya and especially Egypt, and who are acting against democracy and human rights?

What could we conclude when we realize that the only conditions put on these governments are to obey Israeli and Western conditions based only on the latters’ supposed interests?

I know that the Western populations wouldn’t care if these actions were really in their interests. But the problems are that they aren’t: Syria is defending itself and the more the fighting lasts, the more it will be dangerous for the Gulf countries: lately a Saudi prince, Talal Ben Abdel Aziz, warned that the Saud are in danger of being overthrown by their own population. Lebanon is also in danger, while the Jordanian king is no better and Turkey risks of being partitioned between Sunni Turks, Alevis and Kurds.

On the contrary if the NATO plans, of transforming the Arab countries in one Moslem Brotherhood entity, could be concluded, their interests will be no better, because a Moslem Brotherhood entity will forget who helped it take the power and will remember that “its benefactors are infidels that need to be conquered for their own sake”. They will use the Jihadist 5th column that the NATO allies in Saudi Arabia and Qatar have formed and financed all over the world, especially Europe.

I’ll let you make your own previsions of what will come next.

So, if the Western leaders, including Turkey and Israel, want to have peace they will have to start the dialogue with Syria, Iran, Russia and the rest of the world without preconditions. I am sure that President Obama knows it and these articles in the New York Times and other American newspapers are preparing the way for a 180 degrees change in American policies, especially that the US needs the Middle Eastern oil no more and needs to concentrate on East Asian problems, which means it needs Russian help.