DEXIA OU
LE SCANDALE DE TROP
MICHEL de PONCINS
Nous avons supporté
le scandale du Crédit Lyonnais et bien d'autres. Voici
maintenant Dexia
dont les difficultés étaient connues depuis longtemps mais dont le
sauvetage,
organisé en urgence, nécessite des milliards d'argent public.
Le gouffre est
ancien, il est le fruit des énarchos-socialos au pouvoir
depuis des
décennies. Pour assurer le sauvetage, les contribuables vont être
invités à
verser des sommes immenses, difficiles à évaluer.
Il y a, d'abord, la part de la France
dans une augmentation
de capital réservée aux trois états, France, Belgique et Luxembourg, le
feu
vert ayant été obtenu le 21 décembre : il s'agit en quelque sorte d'une
nationalisation à trois. Mais ce n'est qu'une broutille. En parallèle,
les
états donnent à Dexia une garantie de 85 milliards d'euros, la France
en
fournit la moitié environ. Pour des raisons que les lecteurs de ces
flashs
connaissent bien, de telles garanties se transforment toujours en
pertes, car
la garantie n'est qu'un habillage provisoire pour masquer le gouffre.
Il y a encore DMA ou Dexia Municipal
Agency, l'entité qui
porte les crédits aux collectivités territoriales françaises dont 10
milliards
de prêts toxiques. La France l'acquiert pour un euro symbolique.
Parallèlement
et sans rigoler du tout, Dexia promet un retour à l'équilibre en 2018.
Dans son
actif, se trouve un portefeuille de 245 milliards d'euros de
participations
très liées au secteur public en Europe, notamment en Espagne et en
Italie ;
cette description résumée ne présage rien de bon.
Combien faudra-t-il provisionner ?
L'HISTOIRE DE DEXIA
En 1987, il s'agissait d'une obscure
petite division de la
Caisse des Dépôts et Consignations, finançant les collectivités
locales. Elle
s'en émancipa pour devenir le crédit local de France, coté en Bourse et
privatisé. En 1996, eut lieu un mariage avec le voisin belge du même
métier,
l'union recevant un nouveau nom : DEXIA. L'objectif était de devenir un
leader
mondial dans le financement des collectivités locales. L'inconvénient
de ce
métier est la faiblesse des marges. Au lieu de chercher à améliorer le
coeur du
métier, les dirigeants partirent à l'aventure.
Ce fut, tout d'abord, la «
transformation » ce qui est un
péché capital dans le domaine financier. Ils empruntèrent à court terme
pour
pas très cher et prêtèrent à long terme pour plus cher ; une mécanique
infernale était lancée. Comme cela rapportait beaucoup d'argent, les
mêmes
dirigeants se lancèrent dans une boulimie d'acquisition d'entreprises,
d'activités, ou même de portefeuilles : Espagne, Italie, Japon,
États-Unis
étaient leurs terrains de chasse. Tout baignait, mais ce n'était qu'une
apparence. En 2008, brusquement, DEXIA eût besoin de 260 milliards
d'euros, la
banque n'ayant que quatre jours de liquidités devant elle. Les États
belges,
français et luxembourgeois furent appelés au secours.
Chemin faisant,
l'action
a perdu 94
% de sa valeur. Pendant
cette course folle, DEXIA a poussé les collectivités territoriales à
s'endetter
pour réaliser des projets des élus en les chargeant
d'emprunts toxiques : la révolte gronde chez
des responsables locaux découvrant la ruine par des contrats insensés
et se
tournant vers l'Etat pour compenser. Constatons que des palais pour des
collectivités
ont été bâtis avec des
emprunts toxiques !
Nous savons tous que par le poids
insupportable de leur
organisation et du train de vie de leurs dirigeants, ces collectivités
génèrent
une partie appréciable de l'ouragan fiscal écrasant l'économie. DEXIA a
ajouté
au malheur en poussant
à des
investissements inutiles au gré des caprices des élus.
NE PAS RECOMMENCER
Avant la découverte de la
catastrophe, les avertissements
n'ont pas manqué ; les responsabilités sont innombrables : luxe et
nombre des
administrateurs, représentants des collectivités, Caisse des Dépôts et
Consignations, ministères. Les barbichettes se sont tenues les unes
avec les
autres.
DEXIA nous renvoie comme dans un
miroir les défauts de
l'économie administrée : gâchis des interventions publiques dans le
domaine
économique, irresponsabilité générale, folie des grandeurs, légèreté
dans le
choix des investissements, course absurde vers l'étranger lointain et
dangereux.
Il ne faut surtout pas recommencer ;
or c'est ce que fait le
pouvoir provisoirement en place. Il vient de créer la banque publique
d'investissement ou BPI qui double plusieurs organismes déjà existants
et les
élus salivent à l'avance. Un nouveau futur scandale s'annonce.
source : http://www.libeco.net/